Accueil » A la une » « Sicario » de Denis Villeneuve. Critique cinéma-dvd

« Sicario » de Denis Villeneuve. Critique cinéma-dvd

Synopsis: La zone frontalière entre les Etats-Unis et le Mexique est devenue un territoire de non-droit. Kate, une jeune recrue idéaliste du FBI, y est enrôlée pour aider un groupe d’intervention d’élite dirigé par un agent du gouvernement dans la lutte contre le trafic de drogues. Menée par un consultant énigmatique, l'équipe se lance dans un périple clandestin, obligeant Kate à remettre en question ses convictions pour pouvoir survivre.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Sicario"
De : Denis Villeneuve
Avec : Emily Blunt, Benicio Del Toro, Josh Brolin, Jon Bernthal, Victor Garber
Sortie le : 08 févri 2016
Distribution : Metropolitan Vidéo
Durée : 118 minutes
Film classé : 12 ans et plus
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Les meilleurs DVD de Février 2016 ( 2 ème )

Dans le fond et la forme le film paraît assez classique. La CIA monte une opération militaire afin de mettre fin aux activités des narco-trafiquants à la frontière entre les USA et le Mexique. Dans un cadre légal, l’appui du FBI se traduit par la présence d’une jeune femme, Kate, qui après cinq années de service demeure arc-boutée sur ses principes et le règlement de l’administration américaine.

Les méthodes du commando remettent en question sa probité et sa rigueur professionnelle, sans jamais entacher l’excellent scénario de Taylor Sheridan qui opte bien au contraire pour une liberté de ton propice au renouvellement du genre. Le classicisme prend vite la tangente. Il y a par exemple une scène assez convenue lors d’un transfert de prisonniers, au moment où le convoi se retrouve bloqué par une voiture en panne. Ce que « MI 5- infiltration » expédie en quelques plans vire ici au cauchemar scénique, millimétré et tendu dans un face à face invisible, puis explosif.

Pour découvrir l'entrée du tunnel des trafiquants, rien de tel que de demander aux gens du coin. Et cette fois le tueur à gages joue la douceur...

Pour découvrir l’entrée du tunnel des trafiquants, rien de tel que de demander aux gens du coin. Et cette fois le tueur à gages joue la douceur…

Renouveler le genre, et puis le transcender dans une ouverture éblouissante. Au-delà du spectaculaire, ce préambule pose en peu de temps, toutes les questions soulevées par le récit à venir. Une exploration criminelle intense de la part d’un réalisateur qui en laissant ses héros dans une ombre portée par leurs propres histoires donne à sa réalisation une ampleur jamais démentie.

Elle prend forme à l’image, ce qui peut paraitre assez naturel, mais aussi dans la démonstration d’un dispositif militaro-policier d’une très grande efficacité scénique. Les voir s’enfoncer dans un tunnel frontalier avec la peur aux ventres relève plus d’un contenu que d’une position cinématographique. Sauf quand la loi est gentiment bafouée par un tueur à gages (un sicario en mexicain) officiel, mentor de toute l’opération. Benicio Del Toro, terrifiant, secret.

Le chef du commando (Josh Brolin ) laisse toute latitude d'intervention à son "sicario".

Le chef du commando (Josh Brolin ) laisse toute latitude d’intervention à son « sicario ».

Kate (Emily Blunt) revient de loin et surtout sur ses illusions passées, forgées sur les bancs d’une école qui lui avait appris l’ordre et la morale. Mais comme lui dit sèchement le mercenaire patenté, traquer le boss du cartel mexicain, «  le dénicher, c’est comme découvrir un vaccin ». Et son bras droit (Josh Brolin qui joue les gentils) d’enfoncer le clou en évoquant des limites qui n’existent plus.

Entre les Etats-Unis et le Mexique on parle d’une zone de non-droit. Celle où le commando va achever son travail, sans limite, effectivement. Ce que le film reprend à son compte . Classique dans le fond et la forme. Mais l’image est signée Roger Deakins. Et puis tout explose…

LES SUPPLEMENTS

  • Rencontre avec Denis Villeneuve (12 mn). J’adore l’accent québécois, mais parfois c’est dur à suivre… « Quand je prends un scénario, je l’adapte un peu comme un roman. Mais cette fois en le lisant, j’y ai vu des risques, et j’ai décidé de respecter la manière dont il était écrit. (…) Il y a un changement radical dans le troisième acte, ce n’est pas recommandé, mais j’ai trouvé ça gonflé, et inspirant pour moi… »

Le scénariste Taylor Sheridan a travaillé à partir de nombreux entretiens qu’il a eus avec des journalistes, le personnage principal du film ayant réellement existé. «  Ce qui a incité toute l’équipe à faire elle aussi des recherches personnelles sur le sujet ». Denis Villeneuve évoque le travail avec son équipe et quand il en dit du bien c’est argumenté, pas la langue de bois habituelle.

  • L’aspect visuel (16 mn). On retrouve le réalisateur mais aussi le scénariste dans une sorte de making of commenté. «  J’aimerais que le public ait le sentiment que ce qu’il voit à l’écran, possède le plus grand réalisme. (…) Je veux créer des moments de cinéma qui n’auront jamais été vus.  ».

Le travail sur la caméra thermique et l’infrarouge est aussi largement explicité par les techniciens. On y voit plus clair …Ce qui n’est pas forcément le cas sur Juarez, une ville  que l’on découvre avec le producteur. « Quand j’ai demandé aux policiers qui nous accompagnaient quels étaient les endroits les plus sûrs, ils m’ont répondu, ceux où l’on ne tue pas ». Ambiance. D’ailleurs la ville est reconstituée à Mexico où le tournage a eu lieu…

  • Les personnages (13 mn). Plus conventionnel comme chapitre, mais si vous n’avez pas tout compris sur la psychologique des protagonistes, c’est à voir et à entendre.

 

  • Les cartels dans ce blog :

« Sicario, la guerre des cartels » de Stefano Sollima- « The Preppie Connection » de Joseph Castello – « Infiltrator«  de Brad Furman–« Savages » d’Oliver Stones – « Les oiseaux de passage » de Ciro Guerra et Cristina Gallego. – » La Mule » de et avec Clint Eastwood – « Easy Money » de Daniel Espinosa

Les meilleurs DVD de Février 2016 ( 2 ème ) Dans le fond et la forme le film paraît assez classique. La CIA monte une opération militaire afin de mettre fin aux activités des narco-trafiquants à la frontière entre les USA et le Mexique. Dans un cadre légal, l’appui du FBI se traduit par la présence d’une jeune femme, Kate, qui après cinq années de service demeure arc-boutée sur ses principes et le règlement de l’administration américaine. Les méthodes du commando remettent en question sa probité et sa rigueur professionnelle, sans jamais entacher l'excellent scénario de Taylor Sheridan qui opte…
Le film
Les bonus

En reprenant l’idée d’une zone de non-droit où des trafiquants de drogue règneraient en maître sur une frontière, le réalisateur transcende le genre et lui confère une vérité tout autre , primale et nécessaire, hors des clous et des règlements. Il le fait sur un scénario qui opte pour une liberté de ton qui renouvelle effectivement l’exercice. Plusieurs séquences convenues dans un tel film prennent ici une toute autre ampleur, une signification réelle de l’état du récit. Je pense à celle du transfert des prisonniers, ou de l’attaque dans le tunnel frontalier.Une exploration criminelle intense de la part d’un réalisateur qui en laissant ses héros dans une ombre portée par leurs propres histoires donne à sa réalisation une ampleur jamais démentie Denis Villeneuve trouve en Benicio Del Toro un élément de poids à sa démonstration.

Avis bonus Beaucoup de commentaires, d’explications autour du film, toujours accompagnés par des séquences filmées …

User Rating: 3.45 ( 3 votes)

Voir aussi

« Chroniques de Téhéran » de Ali Asgari et Alireza Khatami. Critique cinéma

Un Kafka iranien démultiplié. Et toute l’absurdité d’un système balayé par l’ironie sourde de ses habitants. Démonstration magistrale

12 Commentaires

  1. J’avais envie de voir un film politiquement incorrect… »Sicario » m’a comblée!
    Dévoilant une réalité dure,invivable et difficilement soutenable pour nous bourgeois aux fauteuils confortables, Benicio Del Toro met toutes ses tripes au service de la CIA et de Denis Villeneuve pour arriver à ses fins.
    Malgré la violence de certaines images, ces dernières sont nécessaires pour montrer l’enfer de cette zone de non-droit.Et Josh Brolin de nous expliquer (par le biais d’Emily Blunt) que ,tant qu’il y aura des drogués,les cartels existeront.
    Malgré mon incompréhension sur les emmurés des premières images,j’ai beaucoup apprécié ce film et on aimerait que cela reste de la fiction.
    In fine : Grandiose , l’approche du tunnel en caméras thermiques!

Laisser un commentaire