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« Ceux qui m’aiment prendront le train » de Patrice Chéreau. Critique Bluray

Synopsis: Le peintre Jean-Baptiste Emmerich avait déclaré avant de mourir : "Ceux qui m'aiment prendront le train". Et ils ont pris le train pour Limoges. Les amis, les vrais, les autres : les faux-jetons, les héritiers, la famille naturelle et non naturelle. Il y a des familles qui ne se réunissent qu'aux enterrements.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Ceux qui m\'aiment prendront le train [Édition Digibook Collector Blu-ray + DVD + Livret] [Édition"
De : Patrice Chéreau
Avec : Charles Berling, Pascal Greggory, Valeria Bruni Tedeschi, Bruno Todeschini, Sylvain Jacques
Sortie le : 28 août 2018
Distribution : TF1 Vidéo
Durée : 122 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 2
le film
Le bonus

Lors de la disparition du patriarche, une grande famille se retrouve dans un train pour rejoindre le lieu des funérailles. Des parents, des amis, des proches, une communauté hétérogène qui très rapidement renoue des liens distendus par les années.

Dans la frénésie des retrouvailles, les bousculades des quais de gare, Patrice Chéreau se faufile à travers les corps et les cris dans une ahurissante cohue qui peine à trouver sa raison d’être. Il y a tant à dire et surtout à faire pour gagner son siège et revoir l’histoire là où elle s’est arrêtée.

Comme les amours suspendues entre Claire et Jean-Marie, les relations tendues pour Louis et François tiraillés par le même homme, Bruno qui affiche une belle insolence et une grande liberté (Sylvain Jacques). Et puis les femmes que Jean-Baptiste ne fréquentait pas.

Alors, ses souvenirs, Geneviève (Chantal Neuwirth) elle peut les enjoliver au milieu de ces gens réunis dans la grande demeure du défunt. Au chambardement ferroviaire succède l’élégance d’un recueillement contraint. Patrice Chéreau filme joliment, avec subtilité et bonheur, cette humanité prête à en découdre.

Sur des histoires anciennes qui remontent très vite dans les rancœurs, et d’autres plus à vif, pour des amours masculines en danger. La maladie de cette fin de siècle ronge le cœur et les corps où toute séropositivité peut s’avérer mortelle. Bruno en est la source, l’attirance, le danger… Le point de rupture d’une mémoire disparue que tout un chacun désormais tente de s’approprier.

Il y a beaucoup de souffrance et de douleurs dans ces règlements de compte de fin de règne que Danièle Thompson a écrite sur la base de faits réels. Dans la complexité de ces rapports humains, son scénario est aussi limpide que la mise en scène de Chéreau, couple porté par une affiche incroyable.

Le frère de Jean-Baptiste ( Jean-Louis Trintignant) dans le cimetière où l’a rejoint son fils Jean-Marie ( Charles Berling ) : premiers échanges tendus sur la tombe d’une mère, d’une épouse…

Jean-Louis Trintignant, Charles Berling, Valeria Bruni Tedeschi, Dominique Blanc, Roschdy Zem, Pascal Greggory, Bruno Todeschini, Olivier Gourmet et Vincent Pérez que j’avais complètement oublié dans le casting d’origine. En travesti sensible et contrarié, il est fascinant…

C’est tout ce beau monde qui défile sous le regard d’un cinéaste comblé, et inspiré. Plusieurs scènes sont devenues des moments de cinéma inaltérable. Je ne citerais que la marche vers le caveau familial dans un cimetière sans fin. Une fanfare joue une musique angélique, aérienne, très haut perchée. Une musique céleste …

Pour l’interview, c’est ici

LE SUPPLEMENT

  • Rencontre avec le réalisateur ( 18 mn)  . Une interview réalisée peu après la sortie du film et qui nous dit beaucoup sur le projet initial, et cette manière très particulière de tourner dans des trains.

Patrice Chéreau parle de «  gens heureux et joyeux » pour ses personnages, ce qui me parait un brin exagéré, quand même.

Dans le public, la veille, des spectateurs lui ont fait remarquer qu’il «  y avait trop de pédés, de drogués » dans son film qui dit-il «  parle aussi effectivement des homosexuels, composants avec les hétéros de la société ». Mais à ses yeux l’important «  c’est l’inégalité entre hétéros et homos, que les gens soient troublés je comprends, moi c’est la tendresse qui m’intéresse ».

On a le droit à un petit making of sur le tournage à la gare de Limoges, une ville choisie «  parce que je ne la connaissais pas , à l’image des comédiens. C’était aussi important qu’ils la découvrent ».

On lui demande aussi l’esprit général du film. « Les liens de famille sont toujours à réinventer » dit-il en évoquant brièvement sa propre famille dans laquelle il ne connut jamais de problèmes majeurs. Pas ceux du film en tout cas !

César 1999 : Meilleure photographie (Eric Gautier), Meilleur réalisateur. Meilleur second rôle féminin (Dominique Blanc). Etoile d'or 1999 : Meilleur réalisateur français pour Patrice Chéreau, Meilleure révélation masculine française : Pascal Greggory Août 2018 : le meilleur dvd .- Lors de la disparition du patriarche, une grande famille se retrouve dans un train pour rejoindre le lieu des funérailles. Des parents, des amis, des proches, une communauté hétérogène qui très rapidement renoue des liens distendus par les années. Dans la frénésie des retrouvailles, les bousculades des quais de gare, Patrice Chéreau se faufile à travers les corps et les cris dans une…
le film
Le bonus

Je ne sais ce qu’il faut retenir en quelques lignes de ce film mémorable et à jamais inscrit dans l’histoire de notre septième art hexagonal, voire international. Un casting prodigieux (Jean-Louis Trintignant, Charles Berling, Valeria Bruni Tedeschi, Dominique Blanc, Roschdy Zem, Pascal Greggory, Bruno Todeschini, Olivier Gourmet, Vincent Pérez, et même Guillaume Cannet dans un tout petit rôle …) un scénario écrit avec pertinence (dialogues parfaits) pour une mise en scène qui du chambardement des quais de gare à l’intimité du recueillement familial joue sur des registres sensibles. C’est à l’occasion de la disparition du patriarche que tout ce beau monde (parents, amis, proches…) se retrouve après des mois, voire des années d’absence. Les souvenirs mêlés à la mémoire disparue ne vont pas forcément bien s’entendre. Chéreau ne cherche pas à calmer le jeu, il l’observe et nous renvoie l’écho de ce monde si réel… AVIS BONUS Une petite rencontre avec le réalisateur, un grand moment

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