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« Numéro Une » de Tonie Marshall. Critique dvd

Synopsis: Emmanuelle Blachey ingénieure brillante, a gravi les échelons du géant français de l'énergie, jusqu'au comité exécutif. Un jour, un réseau de femmes d'influence lui propose de prendre la tête d'une entreprise du CAC 40. Elle serait la première femme à occuper une telle fonction. Mais dans des sphères encore largement dominées par les hommes, les obstacles d'ordre professionnel et intime se multiplient.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Numéro une"
De : Tonie Marshall
Avec : Emmanuelle Devos, Suzanne Clément, Richard Berry, Sami Frey, Benjamin Biolay
Sortie le : 20 fevri 2018
Distribution : Pyramide Vidéo
Durée : 106 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Meilleur dvd Février 2018 ( 5 ème )

La prise du pouvoir par une femme. Petite phrase, mais révolution. Les producteurs de l’époque -2010- sont absents. Tonie Marshall ne renonce pas, et la série projetée devient un film. Tout aussi difficile à mettre en place (le CNC lui ferme la porte) mais cette fois sur les rails d’une actualité qui lui donne doublement raison.

Depuis plusieurs semaines, le sujet est sous le feu des projecteurs. Le résultat ahurissant. Le titre, à la manière d’un néologisme, révèle l’ampleur du fossé qui s’est creusé entre les hommes et les femmes. Le combler, c’est s’attaquer à des siècles d’Histoire, à l’intelligence du mâle, à sa virilité.

Ce que constate Emmanuelle Blachey déjà bien établie dans la hiérarchie sociale de son entreprise où les sous-entendus et les politesses appuyées masquent difficilement l’autorité masculine suprême. Elle s’y frotte depuis l’enfance auprès d’un père vieillissant et malade( Sami Frey),toujours agrippé à sa chaire d’intellectuel sur laquelle une femme n’a aucun droit, sinon celui d’élever sa famille.

La guerre est déclarée

Ce qu’elle fait dans des journées de 36 heures, un mari le plus souvent à l’étranger ( John Lynch ). Il lui faut maintenant en rajouter au cadran de la montre, face au défi proposé par un club femmes dirigeantes : prendre la tête d’une entreprise du CAC 40, une première pour la gente féminine. Le challenge plait à Emmanuel pour ses perspectives d’avenir et l’ouverture possible à ses congénères. Le combat sera difficile, elle le sait, mais elle n’imagine pas qu’il y en aura beaucoup d’autres. Cela s’appelle la guerre.

L’ennemi, un homme déjà bien en place dans le monde économique et social où les réseaux (Francs-maçons en tête) et les appuis politiques se mêlent aux coups bas toujours possibles pour déstabiliser l’adversaire. Salopard respectable, Richard Berry, dit Jean Beaumel, est fabuleux dans son rôle de patron omnipotent. La manière dont Tonie Marshall a écrit son personnage révèle une connaissance du terrain que le comédien assume totalement. La mise en scène directe, intuitive, participe à ce savoir-faire sans caricature, ni cliché d’un univers si prompt à balancer les vestes, puis à les retourner.

Beaumel en sait quelque chose quand son plus proche conseiller, Marc Ronsin (Benjamin Biolay) rejoint le camp des femmes dont habituellement il use et abuse avec une condescendance agacée. Suzanne Clément, Anne Azoulay, Emmanuelle Devos dans le rôle-titre ont maintenant assez de force et de conviction pour lui faire face. La guerre doit s’achever sur une victoire, celle d’Emmanuelle Devos est éclatante.

LES SUPPLEMENTS

  • Making of (7 mn). Tonie Marshall rappelle les difficultés rencontrées depuis six ans pour mettre sur pied ce projet, un peu à l’image du chemin que doit emprunter son héroïne .

Raphaëlle Bacqué du journal « Le Monde » a aidé à l’écriture du scénario sur un univers qu’elle connait bien et dont elle parle ici avec clarté.

  • Scènes coupées. La première séquence évoque un échange tendu entre Vera ( Suzanne Clement )et sa fille ( Juliette Besson ) qui s’apprête à partir pour un séjour de désintoxication. Le second est une scène que l’on voit synthétiser dans le film : le club Olympe en plein débat. Je trouve judicieux d’avoir supprimé la première scène et réduit la seconde.
  • Le monde des affaires au cinéma :

« Office » de Johnnie To

« Corporate » de Nicholas Silhol

« Margin Call » de J.C Chandor

« We want sex equality » de Nigel Ecole

« The company mens » de John Wells.

« Sauf le respect que je vous dois » de Fabienne Godet

Meilleur dvd Février 2018 ( 5 ème ) La prise du pouvoir par une femme. Petite phrase, mais révolution. Les producteurs de l’époque -2010- sont absents. Tonie Marshall ne renonce pas, et la série projetée devient un film. Tout aussi difficile à mettre en place (le CNC lui ferme la porte) mais cette fois sur les rails d’une actualité qui lui donne doublement raison. Depuis plusieurs semaines, le sujet est sous le feu des projecteurs. Le résultat ahurissant. Le titre, à la manière d’un néologisme, révèle l’ampleur du fossé qui s’est creusé entre les hommes et les femmes. Le combler,…
Le film
Les bonus

Depuis plusieurs années Tonie Marshall tente de mettre sur pied cette histoire de femme au cœur du pouvoir masculin pour ne pas dire machiste. La série avortée, elle pense à un film dont le milieu ne semble pas prêt à financer, CNC en tête. Qu’importe la voici maintenant en haut d’un générique superbe pour un film qui l’est tout autant, rattrapé par une actualité qui lui donne entièrement raison. En découvrant les coulisses des affaires, la réalisatrice secondée avec talent par Emmanuelle Devos et Richard Berry nous offre par la même occasion un panorama édifiant mais si vrai du monde économique et social où les réseaux politiques et francs-maçons participent tout autant de la réussite d’une entreprise que de son déclin parfois programmé. Avec une mise en scène très intuitive la réalisatrice s’appuie sur un montage dynamique, qui dit tout autant sur les ramifications et les magouilles. Avec en point de mire, le travail des femmes qui de l’ombre à la lumière demeure encore la pierre d’achoppement d’un système qui n’entend pas le reconnaître pour ce qu’il est. AVIS BONUS Un making of sans véritable scène de tournage et deux scènes coupées

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