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« L’armée des ombres » de Jean-Pierre Melville . Critique Cinéma – Blu-ray

Synopsis: France 1942. Gerbier, ingénieur des Ponts et Chaussées est  l'un des chefs de la Résistance. Dénoncé et capturé, il est incarcéré dans un camp de prisonniers. Alors qu'il prépare son évasion, il est récupéré par la Gestapo... Tout son réseau poursuit les actions visant à saper le moral de l'occupant, tout en tentant de le délivrer. 

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "L\'Armée des ombres [Version restaurée]"
De : Jean-Pierre Melville
Avec : Lino Ventura, Simone Signoret, Paul Meurisse, Jean-Pierre Cassel, Paul Crauchet
Sortie le : 12 mai 2015
Distribution : Studiocanal
Durée : 144 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Les meilleurs dvd Mai 2015 ( 2 ème )

On reprend Melville, 50 ans après: rien à jeter. Une patine, l’épure d’une œuvre inspirée d’une autre œuvre-éponyme de Joseph Kessel, et façonnée de manière emblématique pour dire au monde ce qu’il est.

Jean-Pierre Melville a été très marqué par l’occupation allemande, l’histoire de sa famille décimée par la guerre ( son frère était destiné à un bel avenir politique ) et celle de ses proches qu’il retrouve au cœur de ce film, si personnel, et d’une si grande universalité.

Les films sur le conflit 39-45  font florès, et encore plus quand il s’agit de la Résistance.

Récupéré dans un camp français, Gerbier atterrit à la Gestapo.
Récupéré dans un camp français, Gerbier atterrit à la Gestapo.

Celui-ci s’écarte des chemins battus par les hagiographes et les va-t’en guerre, qui d’un désastre mondial donnait un spectacle, avant de raconter l’Histoire. Elle est relativement simple nous dit Melville, sans bruit, ni fureur, tapie dans l’attente et le silence, l’appréhension et le malheur.

Il les filme dans la pénombre brouillée par une fumée de cigarette. La photo de Pierre Lhomme est intacte.

Les scènes de torture sont passées, les trahisons assumées, il ne reste que des actes à accomplir, encore et encore dans l’anonymat et la certitude qu’il fera jour demain.

Mathilde ( Simone Signoret) agent de liaison, puis responsable du réseau
Mathilde ( Simone Signoret) agent de liaison, puis responsable du réseau…

Je retiens la scène de l’avion quand Gerbier (Lino Ventura)  revient de nuit vers Paris. Une scène interminable, encore plus pesante dans la solitude de cette carlingue et les bruits qui l’accompagnent. « L’armée des ombres » est un film très bruyant. Non par le cliquetis des armes, la fureur des bombardements, mais le verrou qui se ferme, la porte qui claque.

Ces petits rien de la vie auxquels on ne prête pas attention sauf quand ils vous annoncent que le cours de votre vie va peut-être changer. Il y a eu des actes héroïques insensés pendant cette seconde guerre mondiale.

Melville en rapporte un avec une économie d’effets, une absence de moyens : à la nuit tombée des résistants revêtus d’uniformes allemands patientent au cœur d’une prison-hôpital. D’une incroyable intensité, rien ne bouge, tout est en suspens.

Un réalisateur plus qu’inspiré

Et quand il s’agit de montrer du doigt, de dénoncer la racaille à la solde de l’occupant, c’est subrepticement, une intrusion dans un restaurant où pépères, des français sans histoire déjeunent. Sans ticket de rationnement certes, sur le dos du marché noir, peut-être, mais rien de mal, rien de plus. La milice opère et puis s’en va. Pas de commentaires, Melville ne s’apitoie pas, il filme.

Une sobriété dans le ton et la forme, un cadrage parfait, presque banal tant il nous rapporte les échos d’un lointain passé, et pourtant si vital à l’héritage qu’ils nous ont laissé. Les Gerbier et consorts : une pléiade de vedettes de l’époque la fait vivre avec la même sobriété, le même élan de fraternité. Lino Ventura, Paul Meurisse, Simone Signoret, Jean-Pierre Cassel, le père de … Alors c’était comment le cinéma, avant ?

LE DOCUMENTAIRE

  • « Le dessous des cartes » de Dominique Millet. (87 mn) . Avec Bernard Stora, assistant sur « Le cercle rouge », et Pierre Lhomme, directeur de la photo sur  » L’armée des ombres ».

Olivier Bohler, l’auteur du documentaire «  Sous le nom de Melville », et signataire du livret accompagnant le digipack est le principal intervenant de ce très bon documentaire qui reprend toute la vie de Melville et ses conséquences sur sa filmographie.

 Il est souvent précisé que le réalisateur s’est seulement inspiré de l’œuvre de Kessel, afin de mieux introduire des éléments de sa propre existence, lors de ses années de résistance. L’importance de son frère, tué par la Gestapo revient dans de nombreux propos. « Melville a été marqué par son rapport personnel à la résistance, et demeurait préoccupé par cette notion de résistance ».

A l’origine communiste, il était aussi un fervent partisan de De Gaulle, ce qui explique la scène dans laquelle le général apparaît un instant, et qui n’est jamais mentionné dans le livre de Kessel. A ce sujet il faut  écouter l’explication fournie par Pierre Lhomme, sur la réalisation de cette scène, c’est très drôle … «  Mais elle n’était vraiment pas nécessaire » conclue-t-il, «  la séquence en a beaucoup souffert ».

Bohler estime, exemples à l’appui, que «  Le deuxième souffle » était une répétition générale de «  L’armée des ombres ».

Les meilleurs dvd Mai 2015 ( 2 ème ) On reprend Melville, 50 ans après: rien à jeter. Une patine, l'épure d’une œuvre inspirée d’une autre œuvre-éponyme de Joseph Kessel, et façonnée de manière emblématique pour dire au monde ce qu’il est. Jean-Pierre Melville a été très marqué par l’occupation allemande, l’histoire de sa famille décimée par la guerre ( son frère était destiné à un bel avenir politique ) et celle de ses proches qu’il retrouve au cœur de ce film, si personnel, et d’une si grande universalité. Les films sur le conflit 39-45  font florès, et encore plus…

Review Overview

Le film
Les bonus

On a vu beaucoup de films sur la seconde guerre mondiale et la résistance, balayés par des bombardements rageurs et des flots de paroles plus bellicistes les unes que les autres. Tout le contraire du ton adopté il y a bientôt cinquante ans par un homme qui savait de l’intérieur ce qu’était la guerre, la résistance, l’honneur. Le film de Jean-Pierre Melville est d’une excellente patine pour raconter encore et toujours au monde ce que fut vraiment ce conflit qu’il rapporte dans sa banalité. D’après l’œuvre de Kessel dont il s’inspire un peu, le cinéaste célèbre les hommes qu’il a connus, relayé par une pléiade de vedettes de l’époque qu’il fait vivre avec la même sobriété, le même élan de fraternité. Lino Ventura, Paul Meurisse, Simone Signoret, Jean-Pierre Cassel, le père de … Ce qu’il nous apprend et nous apprennent encore et toujours de notre propre histoire, dans le labyrinthe du silence qui à l’époque avait lui aussi ses promeneurs.

Avis bonus Le digipack contient un livret signé Olivier Bohler, l’auteur du documentaire «  Sous le nom de Melville ». On y apprend évidemment beaucoup sur le film, l’auteur et son époque. « Le dessous des cartes » de Dominique Millet :le même Bohler est l’intervenant principal de cet autre documentaire, tout aussi excellent, qui reprend les thèmes du livret, autour de la vie  de Melville et de ses conséquences sur sa filmographie.

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