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« La Vénus à la fourrure » de Roman Polanski. Film.Critique

Synopsis: Seul dans un théâtre parisien après une journée passée à auditionner des comédiennes pour la pièce qu'il s'apprête à mettre en scène, Thomas se lamente au téléphone sur la piètre performance des candidates. Quand Vanda surgit, véritable tourbillon d'énergie aussi débridée que délurée. Vanda incarne tout ce que Thomas déteste. Elle est vulgaire, écervelée, et ne reculerait devant rien pour obtenir le rôle. Mais un peu contraint et forcé, Thomas la laisse tenter sa chance et c'est avec stupéfaction qu'il voit Vanda se métamorphoser.

La fiche du film

Le film : "La Vénus à la fourrure"
De : Roman Polanski
Avec : Emmanuelle Seigner, Mathieu Amalric
Sortie le : 13/11/2013
Distribution : Mars Distribution
Durée : 93 Minutes
Genre : Comédie
Type : Long-métrage
Le film

Une fois encore à la hauteur,Mathieu Amalric  atteint cette fois  un niveau qui tient de l’inconscient. Celui du réalisateur ou le sien, je ne sais, mais dieu du théâtre, comme il ressemble à s’y méprendre à Polanski dans sa période originelle.

Je laisse aux psychologues et autres analystes le soin de décortiquer l’approche du cinéaste, qui en se doublant de la sorte, donne la réplique à sa propre femme. Au-delà du copinage affectif, il n’y a rien à dire sur le choix du personnage, Emmanuelle Seigner est tout à fait remarquable, elle aussi, dans la peau de cette comédienne qui fera tout pour décrocher le rôle principal dans la pièce que s’apprête à monter Thomas, un metteur en scène, de renom semble-t-il.

La faiblesse de l’argument, déjà usité en la matière, vole très vite en éclat. L’impétrante n’est pas celle que l’on voit habituellement dans les salles d’audition ; elle est  vive, impétueuse, provocante, détestable.  A force de parlottes et de maniaqueries, elle arrive  bizarrement à convaincre le metteur en scène, qui une fois retourné sur scène ne reconnaît plus sa candidate.

La femme idiote et fofolle s’est métamorphosée en comédienne. Conquis, séduit, Thomas entre dans son jeu, et s’engage sur un chemin dont il ne perçoit pas les pièges et les ornières.

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C’est un huis-clos dans un théâtre, sur le théâtre. Dans « Carnage », Polanski  se contentait de recopier des séquences. Il tient cette fois son vrai sujet pour parler de l’amour des comédiens et du vertige de la création. Il y est question d’autobiographie  ,«  mais la pièce n’a rien à voir avec moi » se défend Thomas. Le cinéaste le fait avec maestria, conduisant ses personnages sur des terrains ambigus où la vérité du moment se confond avec les mots de l’auteur dont notre metteur en scène,  s’est inspiré. Vanda ne joue plus son rôle, mais sa propre vie dans un sentiment d’étrangeté dont elle va révéler peu à peu les secrets.

La métamorphose est sublime, qui la voit reprocher à son mentor «  un boulot qui torture les acteurs ». Une première remise en question, suivie d’une analyse du roman («on fait du théâtre, pas de la sociologie » se défend à nouveau Thomas). La comédienne n’est déjà plus la même, et Polanski prend visiblement un malin plaisir à en retenir les contours.

Le jeu de l’amour et du hasard s’est substitué à celui du chat et de la souris, puis du maître et de son valet.  La perversion a fait place à la passion, la lutte des sexes à la lutte des classes. C’est ce que Vanda retient du roman, mais c’est aussi la pièce qui se joue sous nos yeux. Le pouvoir du metteur en scène est-il à ce point omnipotent que n’importe quelle révolte l’amène à se confondre avec sa propre création ? Une chose lui échappe, et tout son monde s’écroule.

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Polanski le dépeint dans le clair obscur d’une scène parisienne où les décors de la précédente pièce traînent encore pêle-mêle : des figures de western en carton pâte, rien que du fictif, de l’illusion.

Une fois encore à la hauteur,Mathieu Amalric  atteint cette fois  un niveau qui tient de l’inconscient. Celui du réalisateur ou le sien, je ne sais, mais dieu du théâtre, comme il ressemble à s’y méprendre à Polanski dans sa période originelle. Je laisse aux psychologues et autres analystes le soin de décortiquer l’approche du cinéaste, qui en se doublant de la sorte, donne la réplique à sa propre femme. Au-delà du copinage affectif, il n’y a rien à dire sur le choix du personnage, Emmanuelle Seigner est tout à fait remarquable, elle aussi, dans la peau de cette comédienne qui fera…

Review Overview

Le film

Sur le thème de la création, du désir et de la place du comédien dans notre société, il y a longtemps que je n’avais pas vu pareille et merveilleuse entreprise. On pourra se pencher pendant des lustres sur l’étonnant ressemblance de Matthieu Almaric (toujours aussi excellent), avec Polanski le réalisateur, qui filme tout aussi subliment son épouse. Emmanuelle Seigner, grande comédienne, là encore pour un rôle tout en métamorphose contenue. Un huis clos sur le théâtre, dans un théâtre, qui nous parle de l’amour, et de la révolte des femmes.

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13 Commentaires

  1. C’est un film où tout paraît simple dans un premier temps même si on voit bien qu’on entre de façon un peu intrigante dans le lieu (y a t-il une tierce personne ?) : huis clos dans un théâtre avec 2 personnages seulement, unité de lieu, de temps,etc… Et en fait c’est un film très riche sur l’identité, sur la domination, sur les fantasmes, sur la manipulation qui passe de l’un à l’autre pendant tout le film. Polanski n’arrête pas de jouer sur les contraires : intellectuel / vulgaire ; dominant / dominé ; fiction / réalité ; psychanalyste / patient et j’en oublie.

    Les deux acteurs sont excellents, on ne sait plus à certains moments si on est dans la répétition ou dans la réalité. C’est un hommage de la part de Polanski à sa compagne qui trouve là son plus beau rôle. Il ne faut pas raconter la fin, mais il a là aussi un retournement très théâtral.

    J’avais déjà beaucoup aimé « Carnage » qui était un huis clos un peu plus « aéré » mais Polanski aura du mal à faire mieux la prochaine fois s’il continue à essayer de simplifier au maximum.

    Les 4 étoiles attribuées par Loïck (quel connaisseur) sont largement méritées.

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