Synopsis: Rome,1943. Ne supportant plus les bombardements, Cesira, une jeune veuve, quitte la ville avec Rosetta, sa fille de 13 ans, pour retourner vivre dans son village natal, Santa Eufemia, dans les montagnes du Latium. Elle retrouve ses anciens amis paysans et fait la connaissance de Michele, un étudiant idéaliste, surnommé `le Professeur'.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Sophia Loren: Oscar de la meilleure actrice .-
Le titre américain n’est pas porteur (« Two women ») mais il s’accorde à l’esprit du film. L’histoire de Cesira et de Rosetta, une mère et sa fille égarées dans une guerre qui les fait fuir, désespérément.
Pour les italiens, le titre traduit en France par « La paysanne aux pieds nus », c’est « La Ciociara » autrement dit, Sophia Loren la prima donna de cette aventure.
Elle est de tous les instants, de tous les bouleversements dramatiques.
Moravia dont s’inspire De Sica n’écrit pas autre chose dans son roman qui brosse un portrait de l’Italie en guerre, peu flatteur. Entre fatalisme et résignation, le bon peuple se garde de prendre position sur un conflit auquel il reste encore deux années d’incertitude.
Personne ne le sait encore, bien évidemment. Entre la fuite et l’attente, les américains ou les allemands, on hésite beaucoup, on ne se prononce pas. Surtout pas dans ce village montagnard du Latium où les réfugiés s’entassent dans leurs familles. Cesira les rejoint avec sa fille, oubliant Rome et ses bombardements incessants.
Ici, toute situation trop compromettante est écartée. A ces deux anglais en mission secrète dans la région, un peu de pain et de vin, mais pas la couche qu’ils espéraient.
Moravia est peut-être sans indulgence pour ces villageois, De Sica y voit pourtant de braves gens que la romaine retrouve avec bonheur. C’est toute son enfance qui revit là et celle de Rosetta ( Eleonora Brown) doit maintenant y trouver sa place.
Une adolescence difficile au milieu des hommes qui s’entretuent. La présence de Michele adoucit les contours. Jean-Paul Belmondo, intello pacifiste et résistant solitaire dans cet environnement complice, croit au peuple.
Une foi que Cesira a du mal à comprendre, obnubilée par le salut de sa fille et leur avenir si compromis. Par trop d’insouciance et de lâcheté dit encore De Sica qui voit maintenant entre populisme et nationalisme le pays se défigurer dans tout ce qui lui reste de dignité.
Elles fuyaient la guerre et ses atrocités vont les rattraper.
La sentence est cruelle, inéluctable peut-être, tragique pour la destinée de cette enfant dans lequel on imaginait voir un autre soleil se lever. La guerre n’est jamais finie nous dit De Sica.
LES SUPPLEMENTS
- Présentation par Morizio Porro. Une préface qui en dit beaucoup trop sur le film et qu’il est donc préférable de découvrir ensuite.
Comme l’évocation de ces « maroquinades » dont on ne saisit pas forcément l’ampleur dans ce film alors qu’aujourd’hui encore la population du Latium demeure traumatisée par les viols de masse commis à la fin de la guerre par les troupes françaises. Sept décennies plus tard, la France ne s’est jamais excusée.
A l’origine Anna Magnani était envisagée pour le rôle de la mère, mais l’historien explique que ça ne fonctionnait pas avec Sophia Loren, qui si j’ai bien compris devait jouer la fille.
On apprend dans le second chapitre que Anna Magnani a proposé elle-même de laisser le rôle à Sophia Loren, et que dans ce cas il fallait choisir sa fille dans le registre des adolescentes. Eleonora Brown est parfaite.
- A propos de « La Ciociara » (23 mn). Enrico Lucherini, directeur à une époque d’une très grande agence de presse. Il se souvient du projet et du tournage du film et notamment l’attention que l’on portait à Sophia Loren qui « revenait des USA. Il fallait changer l’image que les américains lui avaient donnée ».
Il la suivra dans plusieurs festivals et la manière dont il raconte l’effet qu’elle faisait sur son entourage est encore assez drôle à entendre.
De Sica échange des lettres avec sa fille Emi, qui en lit quelques extraits notamment la séquence du charbonnier ( Raf Vallone), c’est assez drôle à entendre sur les images du film.
Les rapports entre son père et l’actrice ? « Il l’hypnotisait » dit-elle en évoquant ce qu’il était, sa manière de travailler comme le montage et le mixage qu’il faisait lui-même.
- Prises alternatives muettes (5.42). Quelques rushs inexploités, des scènes qui apparaissent dans le film, mais sous un angle différent, elles sont très intéressantes à suivre.
Le film
Les bonus
Bien que Sophia Loren du fait de sa posture, du personnage et de l’histoire, occupe le devant de la scène, sans discontinuer, c’est un film plein et riche d’informations que De Sica nous livre sur l’état de l’Italie comme en suspens au milieu de la seconde guerre mondiale.
. Entre fatalisme et résignation, le bon peuple se garde de prendre position sur un conflit dont personne ne connait bien évidemment l’issue. Entre la fuite et l’attente, les anglais et les allemands, on hésite beaucoup, on ne se prononce pas.
Seul le personnage interprété assez discrètement par Belmondo tempère la fraîcheur ambiante. Une image de la résistance qui dénote dans le paysage ambiant, par ailleurs très joli (les montagnes du Latium)
Avis bonus
De très bons éclairages sur le film et cinq minutes de rushs, muets, mais historiques ...
3 Commentaires
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