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« Network, main basse sur la télévision » de Sidney Lumet. Critique cinéma

Synopsis: Howard Beale présente le journal télévisé sur UBS depuis quinze ans. Devant une forte baisse d’audience, et malgré les protestations du responsable de l’information Max Schumacher, la chaîne l’écarte. Désespéré, Howard Beale annonce son suicide en direct. Sa cote de popularité explose et Diana Christensen, responsable de la programmation, lui donne carte blanche pour animer sa propre émission…

La fiche du film

Le film : "Network, main basse sur la télévision"
De : Sidney Lumet
Avec : Faye Dunaway, William Holden
Sortie le : 16/03/1977
Distribution : Swashbuckler Films
Durée : 121 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le film
Les bonus
  • DVD : 17 avril 2019
  • Acteurs : Faye Dunaway, William Holden, Peter Finch, Robert Duvall, Wesley Addy
  • Audio : Français, Anglais
  • Sous-titres : Français
  • Nombre de disques : 3
  • Studio : Carlotta Films

 

  • Oscars : meilleure actrice Faye Dunaway, meilleur acteur Peter Finch, meilleures actrice second rôle Béatrice Straight, meilleur scénario Paddy Chayefsky

On connait tous plus ou moins la violente satire du monde télévisé orchestrée il y a 42 ans par Sidney Lumet, le visionnaire. Ou les prémices d’une TV réalité à la solde de l’audimat, de la publicité, de l’argent et des actionnaires.

On aurait pu se méfier, prévoir le coup , et jeter son poste par la fenêtre, comme l’encourage le héros du film. Il n’en n’a rien été.

Peter Finch, William Holden, deux amis depuis toujours, l’un dirige les consciences, l’autre les médias …

Le phénomène s’est accentué et aujourd’hui les dirigeants de chaînes et des téléspectateurs plus ou moins passifs célèbrent chaque jour une médiocrité officielle. « Network » demeure bien prémonitoire et sans les réseaux sociaux du moment, il n’y aurait pas grand-chose à changer à cette critique du petit écran fagocité par des jeux de pouvoir que Sidney Lumet met en lumière de manière éclatante.

Un présentateur adulé voit son audience dépérir au point d’être mis sur la touche. Ce qu’il ne supporte pas en annonçant son suicide en direct dans une prochaine émission. Le public qui demande du pain et des jeux encourage alors  son protégé et contraint les responsables à revenir sur leur décision.

Mieux, le voici maître d’une nouvelle tranche horaire dans lequel sa déontologie passe à la trappe, au profit d’un délire plus ou moins mystique. Il annonce le déclin de l’empire américain. Et les spectateurs en redemande et la chaîne s’exécute.

Ce qui m’amuse au passage est le nom du remplaçant envisagé dans les journaux du soir, un certain Snowden, avant de reprendre mon sérieux pour applaudir cette lucidité tragique sur un monde qui nous emprisonne et puis nous empoisonne. L’excès du propos ne peut contenir la mise en scène de Lumet, dépassée bien souvent me semble-t-il par des acteurs aussi hargneux que leur personnage.

En régie, on craint toujours les dérapages du présentateur vedette

En « prophète de la colère » Peter Finch tient le rôle de sa vie, certifié par quelques séquences à jamais inoubliables . Dont son premier monologue apocalyptique.

Faye Dunaway a tout autant inscrit son nom dans le registre des scènes cultes ( l’orgasme au rythme des chiffres de fréquentation ne me parait pas le plus intéressant) alors que sur une rupture sentimentale avec William Holden, elle est grandiose.

Il faut savoir que le monsieur en question tenait autrefois les rênes de la programmation dont la jeune femme l’a chassé. Depuis ils forment un couple adultérin conforme aux exigences du cahier des charges de « Network ».

Scène culte, inoubliable, que Ben Affleck reprend dans « Argo » à travers le discours  » fou de rage »

Je t’aime moi non plus, je me méfie et puis je t’embrasse jusqu’au prochain croc-en-jambe. Une valse des égos et des paranos sur laquelle Robert Duvall tente de mettre le bon tempo . Au risque et péril lui aussi d’un fauteuil bien inconfortable. Car dans ce monde de brutes, personne n’est à l’abri. Mais c’était il y a bien longtemps …

LE SUPPLEMENT

  • « By Sydney Lumet » de Nancy Buirski (2015 – Couleurs et N&B – 110 mn). Tourné trois ans avant sa disparition en 2011, ce documentaire inédit en vidéo dessine le portrait de l’un des réalisateurs qui à travers sa filmographie  (44 longs-métrages en 50 ans) relève avec sincérité, humour et élégance, l’histoire d’une vie peu commune.

Même si ça fait cliché comme il l’évoque à l’occasion de son tout premier film qu’on lui accorde sans lui demander le moins du monde ce qu’il avait l’intention de faire . Ce sera « 12 hommes en colère », excusez du peu . «  Ce qui m’intéressait c’était de faire mon film, pas la justice ».

Sidney Lumet a commencé sa carrière en 1950 à la TV : assistant-réalisateur, il dirige lui-même des épisodes de séries ou des adaptations de pièces de théâtre. Il a de la chance dit-il à plusieurs reprises dans ce documentaire illustré par de nombreux et longs extraits de ses films qu’il commente en racontant … sa vie .

Et c’est l’histoire des Etats-Unis qui se faufile en filigrane : la grande dépression, les listes noires…  Un très beau document !

  • « Fou de rage : la genèse de Network et la vision prophétique du type le plus furieux du cinéma » par Dave Itzkoff-Journaliste au New York Times Dave Itzkoff fait revivre les coulisses de « Network, main basse sur la TV », réalisé à une période de plein bouleversement culturel. Ou comment Paddy Chayefsky, scénariste oscarisé, homme rigoureux et déterminé, a imaginé un monde loufoque ayant aujourd’hui dépassé la réalité. Traduit pour la première fois en français,
DVD : 17 avril 2019 Acteurs : Faye Dunaway, William Holden, Peter Finch, Robert Duvall, Wesley Addy Audio : Français, Anglais Sous-titres : Français Nombre de disques : 3 Studio : Carlotta Films   Oscars : meilleure actrice Faye Dunaway, meilleur acteur Peter Finch, meilleures actrice second rôle Béatrice Straight, meilleur scénario Paddy Chayefsky On connait tous plus ou moins la violente satire du monde télévisé orchestrée il y a 42 ans par Sidney Lumet, le visionnaire. Ou les prémices d’une TV réalité à la solde de l’audimat, de la publicité, de l’argent et des actionnaires. On aurait pu se méfier, prévoir le coup , et jeter son poste par la fenêtre, comme…
Le film
Les bonus

Un film qui date, mais qui peut s’autoriser bien des satisfecit au regard de ce qu’il prophétisait à l’époque sur la manière dont les TV allaient s’emparer de notre quotidien. C’est donc vers le spectateur que Lumet lance ses premières flèches avant d’en garder de plus sérieuses à l’encontre des responsables des chaînes qui s’entredéchirent et se piétinent pour avoir le meilleur audimat possible. Je n’en dirais pas plus car il s’agit de regarder aujourd’hui notre paysage télévisuel pour comprendre ce que Lumet imaginait il y a plus de 40 ans. Et les réseaux sociaux n’étaient pas d’actualité. Pour ne pas trop alourdir la charge satirique de son propos, le réalisateur joue aussi sur une relation amoureuse entre deux ténors de la même chaîne. C’est à la fois un brin superflu mais tout aussi utile pour alléger l’aspect technique et professionnel du sujet. Faye Dunaway et William Holden jouent parfaitement leur partition autour de Peter Finch dans le rôle principal et Robert Duval en directeur du journal TV l’œil toujours rivé sur le regard de son grand patron …

AVIS BONUS Autour d’un livre sur les coulisses de ce film, un très beau documentaire sur le réalisateur qui revoit toute sa filmographie et nous parle ainsi de la vie des Etats-Unis. Superbe !

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