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« Le Goût du saké » de Yasujirô Ozu. Critique cinéma

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Synopsis: Veuf, Shuhei Hirayama approche de la retraite et vit toujours avec sa fille Michiko en âge de se marier. Le père comme la fille repoussent l’échéance, l’un craignant la solitude et l’autre la culpabilité de l’abandon. Après le travail, Hirayama retrouver ses amis autour d’un verre. Un soir, l’un d’eux lui propose un gendre pour sa fille, mais le père hésite.

La fiche du film

Le film : "Le Goût du saké"
De : Yasujirô Ozu
Avec : Chishu Ryu, Shima Iwashita
Sortie le : 19/08/2020
Distribution : Carlotta Films
Durée : 113 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le film

«  On donne à un autre celle que l’on a élevée… »

Ozu c’est facile. Deux verticales, une horizontale, un couloir et des silhouettes en fond de décor . Elles passent et repassent. Dans ce même couloir, des personnages plus distincts vont et viennent, et frappent à des portes.

De vieux amis se retrouvent autour d’un verre. De saké, bien évidemment . Ils parlent toujours de la même chose :  marier leurs filles, et de la recherche d’un prétendant bien sous tous rapports … Après quoi, ça se complique peut-être un petit peu …

Ce n’est pas la bande-annonce, mais une scène grandiose de ce film qui n’en manque pas.

Pour son dernier film, Ozu ne se contente pas de reprendre la trame de « Printemps tardif » . Il poursuit et complète son étude de mœurs de la société nippone, plus particulièrement cette fois autour de la condition féminine dans le cercle familial.

Constat désabusé. Les hommes mènent leur barque, assez indifférents à l’évolution du monde et à leur comportement ménager. Inexistant.

Les femmes suppléent, énormément sollicitées dans les tâches quotidiennes . Des servantes aux yeux de leurs pères, maris et frères perdus dans les souvenirs de la défaite, en quête d’avenir occidental.

La défaite contre les américains, un échec familial, une condition humaine déplorable , Sakuma illustre à lui seul la désillusion japonaise.

Le réalisateur en extrait des portraits grossiers à l’image de Sakuma ( Eijirō Tōno ) un professeur à la retraite qui, n’ayant pas su se séparer de sa fille, vit dans la pauvreté. Il en prend plein la poire. Alcoolique patent, sa fin de vie tourne au drame familial.

Les vieux amis autour du saké paniquent alors. Hirayama ( Chishu Ryu ), un directeur d’usine, veuf,  se dit qu’il est temps de songer à l’avenir de sa fille Michiko ( Shima Iwashita ) …

Figure emblématique, le cinéaste voit en la jeune femme une certaine esquisse du Japon à venir. La soumission n’est plus de mise, mais le respect demeure l’un des ressorts essentiels à la cohésion sociale.

Atsuta, le directeur de la photo d’Ozu que l’on retrouve en, interview dans « Tokyo-Ga » de Wim Wenders

 

 

Sans émotion superflue,  ni charge sentimentale (les questions sexuelles édulcorées,  on reste aux allusions) Yasujirô Ozu aux apparences fugaces, signe une mise en scène d’une extrême limpidité.

Au point d’y mêler le Yin et le Yang , l’humour et le tragique , sans contresens, ni affabulation. Du cinéma !

 « OZU EN COULEURS »  :   » Fleurs d’équinoxe« – « Bonjour » –  » Herbes Flottantes » – « Fin d’automne » – Dernier caprice » –  » Le Goût du saké ». «  On donne à un autre celle que l’on a élevée… » Ozu c’est facile. Deux verticales, une horizontale, un couloir et des silhouettes en fond de décor . Elles passent et repassent. Dans ce même couloir, des personnages plus distincts vont et viennent, et frappent à des portes. De vieux amis se retrouvent autour d’un verre. De saké, bien évidemment . Ils parlent toujours de la même chose :  marier leurs filles, et…
Le film

De l’anodin et de la distance, du retrait et du vide , Ozu n’en finit pas de combler les failles de la société japonaise pour en discerner le vrai du faux et nous livrer une peinture de l’époque patriarcale des années soixante en mal de survie. Dans ce dernier film , il ne se contente pas de reprendre la trame de « Printemps tardif » . Il poursuit et complète son étude de mœurs de la société nippone, plus particulièrement cette fois autour de la condition féminine dans le cercle familial. Figure emblématique, le cinéaste voit en la femme une certaine esquisse du Japon à venir. La soumission n’est plus de mise, mais le respect demeure l’un des ressorts essentiels à la cohésion sociale. Sans émotion superflue,  ni charge sentimentale (les questions sexuelles édulcorées,  on reste aux allusions) Yasujirô Ozu aux apparences fugaces, signe une mise en scène d’une extrême limpidité.

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