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« Foxtrot » de Samuel Maoz. Critique cinéma-dvd

Un checkpoint au milieu de nulle part

Synopsis: Michael et Dafna, mariés depuis 30 ans, mènent une vie heureuse à Tel Aviv. Leur fils aîné Yonatan effectue son service militaire sur un poste frontière, en plein désert. Un matin, des soldats sonnent à la porte du foyer familial. Le choc de l’annonce va réveiller chez Michael une blessure profonde, enfouie depuis toujours.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Foxtrot"
De : Samuel Maoz
Avec : Lior Ashkenazi, Sarah Adler, Yonaton Shiray
Sortie le : 26 septem 2018
Distribution : Blaq Out
Durée : 113 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 0
le film
Les bonus

Mostra de Venise, 2017, Grand prix du Jury .-

Meilleur dvd Septembre 2018 (2 ème ) . –

8 Ophir (Israël) dont celui du meilleur film.—-

Samuel Maoz impose à sa communauté un cinéma d’une grande exigence. Et à l’ensemble des spectateurs aussi, un brin déstabilisés par ce regard peu conventionnel sur une armée et son pays . Israël, où le réalisateur imagine une ligne de démarcation au milieu de nulle part. Le désert absolu.

Quelques jeunes militaires montent la garde, filtrant les automobilistes venant de Palestine. Leur poste de surveillance est une vague cahute qui peu à peu s’enfonce dans la glaise et l’eau stagnante. Il y a peu de passage, les hommes s’ennuient.

Maoz nous conte les aventures du soldat Yonatan, sentinelle perdue sur cette frontière imaginée par des supérieurs ridicules. Quand l’un d’entre eux se perd sur la zone – pour une inspection bien particulière – on ne peut s’empêcher de rire à la vue de ses chaussures impeccablement cirées. Très vite, elles adoptent la boue collée aux rangers de ses subordonnés.

Le merdier dans toute sa splendeur. Entre le tragique de la situation et le burlesque de son application, Samuel Maoz donne à voir un monde totalement absurde où la guerre demeure non seulement une connerie, mais une vérité première du déficit chronique de l’humanité.

A l’aide d’une canette qui roule sur le sol, ils évaluent à quelle vitesse leur cabane ( leur pays ? ) est en train de sombrer…

Dans la famille du soldat Yonatan on s’inquiète, sans rien savoir des conditions de vie du fiston. L’appartement est froid, le couple l’est tout autant. Dans le pays, le malaise est général. Il devient tragique aux confins de ces deux états où à force de suspicion et de racisme institutionnalisé, le drame devient inévitable.

On le cache coûte que coûte, de manière aussi sommaire que ridicule (à l’image de notre officier supérieur présent pour l’occasion) donnant à l’expression commune toute sa raison d’être. On enterre l’affaire et avec elle une vérité métaphorique.

Ce film est une œuvre puissante, irrationnelle qui décuple par son minimalisme les intentions et la réalisation d’un cinéaste à nul autre pareil. La direction d’acteurs est tout aussi pertinente : Lior Ashkenazi, Sarah Adler, Yonaton Shiray… Si ces noms ne vous disent rien, il est encore temps de savoir pourquoi !

LES SUPPLEMENTS

  • Rencontre avec le réalisateur. En parlant très bien de son film, notamment à travers le personnage de Michael qui est celui auquel il s’identifie, Samuel Maoz parle aussi très bien de l’histoire de son pays.

D’un point de vue général il souhaitait « aborder la différence entre les choses que l’on contrôle et le reste » à partir de l’expérience d’un bus raté par sa fille, et qu’elle ne voulait pas prendre, « lui préférant… le taxi. Il a sauté ce jour-là faisant plusieurs morts… »

Un homme veut que l’on lui retire tous les fils qui le relient encore à la vie… (« The end »)

« Cette première stimulation pour faire ce film est liée au motif philosophique du film :la vie est-elle le résultat d’un hasard chaotique, ou le hasard lui-même est-il le résultat d’un plan complexe bien rôdé ? »

« On est une société traumatisée, historiquement, émotionnellement, (…) le sommet fut l’holocauste suivi de nos guerres de survie, cette mémoire est plus forte que la réalité actuelle »

  • « The end » de Samuel Maoz

Vraiment un court métrage, moins de deux minutes où tout est dit sur les souvenirs, les regrets, le cinéma en noir et blanc et l’art moderne. Remarquable !

  • Le conflit Israélo-Palestinien dans ce blog :

« Mon fils » de Eran Riklis

« Bethléem » de Yuval Adler

« Room 514 » de Sharon Bar-Ziv

« Les voisins de Dieu » de Meny Yaesh

« L’attentat » de Ziad Doueiri

« Alata » de Michael Mayer

« Le policier » de Nadav Lapid

« Une bouteille à la mer » de Thierry Binisti

« Le cochon de Gaza » de Sylvain Estibal

Mostra de Venise, 2017, Grand prix du Jury .- Meilleur dvd Septembre 2018 (2 ème ) . - 8 Ophir (Israël) dont celui du meilleur film.---- Samuel Maoz impose à sa communauté un cinéma d’une grande exigence. Et à l'ensemble des spectateurs aussi, un brin déstabilisés par ce regard peu conventionnel sur une armée et son pays . Israël, où le réalisateur imagine une ligne de démarcation au milieu de nulle part. Le désert absolu. Quelques jeunes militaires montent la garde, filtrant les automobilistes venant de Palestine. Leur poste de surveillance est une vague cahute qui peu à peu s’enfonce dans la…
le film
Les bonus

Une grande exigence de cinéma qui peine à trouver son rythme, mais l'atteint assez vite sur un jeu d'acteurs irréprochable et un sujet (éculé) qui retrouve sous l'œil du réalisateur une vigueur inédite. Un brin ascétique, la mise en scène n'en demeure pas moins forte et intelligente pour dire encore que la guerre, cette connerie... Et même beaucoup plus tant l’œuvre est puissante, irrationnelle au regard d’un cinéma beaucoup plus démonstratif, mais qui décuple par son minimalisme les intentions et la réalisation d’un cinéaste à nul autre pareille. Ses films ne ressemblent à aucun autre cinéma… AVIS BONUS Une très belle rencontre avec le réalisateur suivie d'un court métrage mémorable

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