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« Colonia » de Florian Gallenberger. Critique cinéma

Synopsis: Chili, 1973. Le Général Pinochet s'empare du pouvoir . Les opposants au coup d'Etat descendent dans la rue. Parmi les manifestants, un jeune couple, Daniel et Lena. Daniel est arrêté par la nouvelle police politique. Il est conduit dans un camp secret, caché dans un lieu reculé au sein d'une secte dirigée par un ancien nazi. Une prison dont personne n'est jamais sorti. Pour retrouver son amant, Lena va pourtant rentrer dans la Colonia Dignidad.

La fiche du film

Le film : "Colonia"
De : Florian Gallenberger
Avec : Emma Watson, Daniel Brühl
Sortie le : 20/07/2016
Distribution : Rezo Films
Durée : 110 Minutes
Genre : Drame, Historique, Thriller
Type : Long-métrage
Le film

Poignant, cruel, universel. Florian Gallenberger rapporte cette histoire avec un réalisme qui ne s’appesantit pas sur le contexte général de l’époque Pinochet, mais l’illustre intelligemment à travers l’existence de cette Colonia Dignidad.

A l’avènement de la junte militaire au Chili au début des années soixante-dix, les opposants sont emprisonnés dans un lieu secret. Ils sont torturés, puis souvent abattus. Daniel, un allemand depuis quatre mois à Santiago du Chili subit aussi ce triste sort, mais considéré comme un légume on l’intègre aux pensionnaires de La Colonia Dignidad de Paul Schäfer .Tout le monde l’appelle…  Dieu le père.

Un fou dingue, peut-être, tendance gourou, certainement, mais tout aussi attaché à des méthodes nazies qui transforment ce lieu d’hébergement en camp de concentration et d’extermination encore plus terrible que ses prédécesseurs allemands. Lena, une hôtesse de l’air, n’ignore plus rien de cet état de fait dans lequel elle s’engage volontairement afin de retrouver son amoureux.

Paul Schäfer (Michael Nyqvist), Lena (Emma Watson) in “Colonia”
Paul Schäfer expose Lena à sa cruauté, avant de la livrer aux coups des pensionnaires de l’établissement qui de l’extérieur apparaît comme un havre de paix.

Le début d’un calvaire balisé par un règlement strict et misogyne. Les femmes, séparées des hommes, triment dans les champs et servent d’exutoire à la haine de Schäfer et des mâles qu’il tient sous sa coupe. On retrouve le ton et l’esprit de films comme « Ces garçons qui venaient du Brésil » de Franklin J.Schaffner, et « Le médecin de famille » de Lucia Puenzo. Un mélange d’atavisme et de barbarie qu’entretient sciemment le commandant du camp, par ailleurs très proche de jeunes enfants retirés à l’âge de trois mois de la garde de leurs géniteurs.

Cette réminiscence nazie fait froid dans le dos, au cœur d’un système entretenu par des sbires à l’image de la garde chiourme, femme inhumaine et perverse que joue à merveille Richenda Carey. Des comédiens de ce théâtre d’ombres et de cruautés tout à fait crédibles : Michael Nyqvist, l’illuminé de première, relayé par le couple d’amoureux assez inattendus dans ce genre de production. Si Daniel Brühl s’est déjà frotté à ce style d’exercice, Emma Watson réussit avec brio sa dramaturgie.

Elle amène un surplus de tension et d’attention, cristallisées par un dénouement qui pourrait cette fois s’inspirer de «  La grande évasion » en plus tragique, mâtiné de quelques rebondissements à la James Bond. Ce final sur le tarmac de Santiago est époustouflant. Le film s’inspire de faits réels. Cette fin a-t-elle réellement existé ? Qu’importe, le fond du problème demeure posé et Florian Gallenberger l’illustre parfaitement. Il est lui aussi tout à fait crédible !

  • Mais encore. Dans le dvd « La marque des anges » de Sylvain Wite, un documentaire extraordinaire de 52 mn est proposé sur l’existence de la Colonia Dignidad. Si vous avez aimé ce film, je vous le recommande, chaudement .
  • Il existe un album « Hommage à Salvador Allende » chez Last Call qui évoque très bien cette époque douloureuse pour le Chili. Il est chanté par Angel Parra, Victor Jara, Isabel Parra, avec la voix de Pierre Arditi qui rappelle les moments forts du putsch.
Poignant, cruel, universel. Florian Gallenberger rapporte cette histoire avec un réalisme qui ne s’appesantit pas sur le contexte général de l’époque Pinochet, mais l’illustre intelligemment à travers l’existence de cette Colonia Dignidad. A l’avènement de la junte militaire au Chili au début des années soixante-dix, les opposants sont emprisonnés dans un lieu secret. Ils sont torturés, puis souvent abattus. Daniel, un allemand depuis quatre mois à Santiago du Chili subit aussi ce triste sort, mais considéré comme un légume on l’intègre aux pensionnaires de La Colonia Dignidad de Paul Schäfer .Tout le monde l'appelle...  Dieu le père. Un fou dingue, peut-être, tendance…
Le film

Je suis très surpris par une majorité de la critique professionnelle négative sur ce film qui reçoit par contre un accueil plus que favorable de la part des spectateurs. J’en suis ressorti bouleversé. Le cinéaste tient parfaitement les codes d’un récit qui n’en finit pas d’alimenter l’Histoire contemporaine. Autour d’une secte inébranlable, un homme, entre gourou et «  dieu le père » comme on l’appelle, tient en respect une communauté de gens tout à son service. Les femmes par la force, les hommes sous la contrainte de discours haineux. Dans les sous-sols de l’établissement, on torture pour la junte militaire que Pinochet vient d’installer  au Chili. Un couple d’amoureux va s’y retrouver et tenter de révéler au monde entier l’existence de ce camp de concentration qui ne dit pas son nom. Ca peut paraître incroyable, et ça l’est, tant ces faits sont réels. Les comédiens de ce théâtre d’ombres et de cruautés sont tout à fait crédibles : Michael Nyqvist, l’illuminé de première, relayé par le couple d’amoureux assez inattendus dans ce genre de production. Si Daniel Brühl s’est déjà frotté à ce style d’exercice, Emma Watson réussit avec brio sa dramaturgie. A voir et à revoir.

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