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« Accident » de Joseph Losey, critique dvd

Synopsis: William, un jeune lord étudiant trouve la mort dans un accident. Dans la voiture, Anne était au volant. Stephen le professeur chez qui les deux fiancés se rendaient, lui porte secours et ne dira rien aux policiers sur l’identité du conducteur. Il se souvient alors. De William dont il était secrètement jaloux…

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Accident [Version restaurée]"
De : Joseph Losey
Avec : Dirk Bogarde, Stanley Baker, Jacqueline Sassard, Michael York, Vivien Merchant
Sortie le : 27 janvier 2015
Distribution : Studiocanal
Durée : 101 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Meilleur dvd Janvier 2015 ( 6 ème )

Grand Prix Spécial du Jury 1967 à Cannes.

Je n’imaginais pas porter un regard critique sur une œuvre dont les analyses voyagent à travers le monde depuis des années. Mais une nouvelle projection me replonge dans un cinéma abandonné, à tel point qu’il me semble opportun d’en rappeler modestement, quelques fondements.

Le premier, peut-être, basé sur la trilogie Pinter-Losey-Bogarde qui donnera trois films mémorables avec « The servant » et « Le Messager ».

D’après le roman de Nicholas Mosleye, le scénariste et le réalisateur s’entendent à merveille pour planter le décor de la haute société britannique, qui, depuis Oxford l’Université, nous renvoie l’image d’une époque en sursis. Celle de ce professeur, Stephen –Dirk Bogarde, le troisième homme – peu à l’aise dans ce système éducatif et social, dont il va miner les propres fondations.

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Anna,  étudiante énigmatique, absente, en sera la victime consentante. Tous les hommes convoitent cette jeune princesse, cet obscur objet du désir aurait dit Bunuel, qui en matière de sensualité affinée trouve ici à qui parler.

Une balade bucolique très engageante,la promenade en barque, les regards entendus entre le maître et l’élève. Stephen est obsédé par la jeune femme.

Si Dirk Bogarde pose son empreinte sur ce film, le jeu de Stanley Baker, son collègue, et celui de Jacqueline Sassard (Anna) est tout aussi stupéfiant.

Sans jamais se prononcer sur les intentions des uns et des autres, scénariste et réalisateur argumentent ainsi autour du désir inassouvi, de la pulsion sexuelle, éparpille les indices au fil de révélations qui pourraient être celle d’une enquête de police. .

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Quand on l’interroge sur les circonstances de l’accident qui vient de se produire près de chez lui, Stephen apparaît d’ailleurs comme un suspect. On fouille du regard tous les recoins de sa maison.

Ce climat, plus qu’une ambiance, se nourrit du thème de la domination («  The servant » est antérieur), de l’infidélité, des hantises sexuelles, du mensonge. Il devient délétère, exécrable. Losey est comme hésitant dans son observation, il filme sur la pointe des pieds, mais assène brutalement des vérités hors de propos. Du moins le pense-t-on …

Ce collègue de travail qui s’impose à un déjeuner dominical, et sur la partie de tennis qui suit. Un chat noir le long du filet… L’absence de l’épouse qui assistait à la rencontre. Losey joue avec nos nerfs et ceux de ses protagonistes confrontés au double-sens de leurs actions, à leurs contre-sens aussi.

Ce qui rend l’atmosphère irrespirable, prémices d’une fin de règne confinée dans l’académique Oxford, le seul refuge où la parole paraît sans détour. On y retrouve Stephen s’apprêtant à rejoindre sa chaire. Après l’accident, la vie continue.

LES SUPPLEMENTS

Certaines éditions proposent aussi un bonus «  A propos d’accident » où il est question de la filiation avec l’œuvre de Resnais (« Providence ») un bonus qui nous permet d’entendre Harold Pinter, le dramaturge, ici scénariste.

  • Harry Burton (10.40 mn). Le spécialiste évoque l’esprit d’Harold Pinter, « une bombe atomique amorcée, il était prêt à exploser sur une scène. » Toute son œuvre expliquée simplement, et resituée dans le contexte de l’époque. Sur le film il parle  « des gens qui entretiennent une image irréprochable, mais qui s’autorisent en secret des comportements moralement répréhensibles. Qu’arrive-t-il quand les gens assouvissent leur phantasme ? »

  • John Coldstream, biographe de Losey (6.20 mn). Comment le projet a-t-il été conçu entre Dirk Bogarde, Losey et Pinter. Le trio sortait de « The servant » et entendait bien tenir la barre à un même niveau d’ambition artistique. Coldstream cite les scènes les plus marquantes.
  • Mélanie Williams (9.30 mn). Elle situe «  la représentation de la femme, jamais centrale, souvent fatale. Dans «  Accident » on ressent le carcan imposé aux femmes, mais il n’y a pas encore de réponse féministe  unifiée. »  Un excellent décryptage
  • Tim Robey critique (8.30 mn). Une analyse de ce spécialiste.« Ils s’intéressaient tous les deux à l’expression de la hiérarchie en Grande Bretagne. Leur film le plus éloquent sur les questions de classes ». Tim Robey reprend  tous les repères sexuels, érotiques, phalliques, et même l’histoire du bouc d’Oxford …
Meilleur dvd Janvier 2015 ( 6 ème ) Grand Prix Spécial du Jury 1967 à Cannes. Je n’imaginais pas porter un regard critique sur une œuvre dont les analyses voyagent à travers le monde depuis des années. Mais une nouvelle projection me replonge dans un cinéma abandonné, à tel point qu’il me semble opportun d’en rappeler modestement, quelques fondements. Le premier, peut-être, basé sur la trilogie Pinter-Losey-Bogarde qui donnera trois films mémorables avec "The servant" et "Le Messager". D'après le roman de Nicholas Mosleye, le scénariste et le réalisateur s’entendent à merveille pour planter le décor de la haute société…

Review Overview

Le film
Les bonus

Je crois que c’est en le revoyant pour la deuxième ou troisième fois que j’ai apprécié pleinement cette œuvre mature. Sa mise en scène exigeante, requiert une attention toute particulière de la part du spectateur désarçonné par le ton mystérieux et incertain de la réalisation, le jeu énigmatique des acteurs pour des personnages qui le sont tout autant. Si Dirk Bogarde a marqué son empreinte sur ce film, il ne faut pas oublier le jeu de Stanley Baker, son collègue, et  celui de Jacqueline Sassard (Anna) météorite du cinéma français. Elle jouera l’année suivante en 1968  dans «  Les Biches » de Chabrol, et puis plus rien. Michael York, le copain d’Anna m’apparait plus fade, mais n’est-ce pas son rôle ? Tous les protagonistes d’un  drame ligotés par des passions silencieuses où la suspicion et la trahison orchestrent …une comédie.   Ce climat se nourrit  du thème de la domination («  The servant » est antérieur), de l’infidélité, des hantises sexuelles, du mensonge. Il devient délétère, exécrable .Losey est comme hésitant dans son observation, il filme sur la pointe des pieds, mais assène brutalement des vérités hors de propos. Du moins le pense-t-on… Il est amusant de noter que ce film, tourné la même année que le «  Playtime » de Jacques Tati lui emprunte (à moins que ce ne soit l’inverse) quelques similitudes, dans le ton et l’esprit lors de la visite des bureaux de la Télévision.

Avis bonus La rencontre avec plusieurs membres de l'équipe , ou spécialiste de Losey

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