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« Barberousse » d’Akira Kurosawa. Critique cinéma

Synopsis: Japon, début du XIXe siècle. Yasumoto finit de brillantes études de médecine. Contre toute attente, il est nommé dans un dispensaire d’un quartier défavorisé. Se sentant rabaissé, il refuse d’exercer. Mais la personnalité du Dr Niide alias Barberousse, à l’apparence sévère, entièrement dévoué à ses patients, lui ouvre les yeux ...

La fiche du film

Le film : "Barberousse"
De : Akira Kurosawa
Avec : Toshirô Mifune, Yûzô Kayama
Sortie le : 25/01/2017
Distribution : Carlotta Films
Durée : 185 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le film

Entre « Les Bas-Fonds » (1957) et « Dodes’ka-den » (1970) « Barberousse » est le second volet de la trilogie dite « de la misère ». On y suit le parcours initiatique de Yasumoto, de ses débuts contraints dans le dispensaire du Dr Barberousse à son épanouissement personnel et professionnel auprès de son patron, une légende vivante.

Le film est long. Plusieurs séquences s’étirent. Elles puisent avidement dans l’oeuvre du romancier Shugoro Yamamoto .On croise de nombreux personnages que le cinéaste présente lui aussi dans le détail, avec un soin particulier pour les contrastes. Le noir et blanc, fascinant, mais aussi la joie et la misère, le gain et l’altruisme… Des figures symboliques aux yeux d’un héros qui de la lumière à l’ombre révèle l’âme humaine, inconstante.

Fier de sa formation médicale et de l’avenir qu’elle lui promet, Yasumoto réfute avec morgue et vanité sa première affectation. Un dispensaire pour les plus démunis (personne ne paie, sauf les riches) dirigé par Barberousse, un patron bienfaisant.

Le premier portrait d’une galerie édifiante dans laquelle des personnages tout aussi particuliers vont forger le cœur du héros, son caractère, sa destinée. A l’écoute de leur vie, Yasumoto découvre une autre médecine, une ouverture sur le monde où la misère physique et sociale gangrène les quartiers alentours.

« P’tit rat » en sort et s’y faufile avec une vitalité merveilleuse. Contraste. C’est un gamin, peut-être le plus malheureux de la tribu Kurosawa, contraint de voler pour faire vivre sa famille. Il s’appelle Chobo et si tout le monde le pourchasse, le fuit et s’en préserve, c’est pour mieux l’adopter devant la révélation de ce monde inquiet et maladif.

Kurosawa ne la pas inventé. Mais il fait preuve d’un regard humaniste et critique sur la société nippone. Un réalisme visionnaire qui force les décennies pour s’inscrire dans l’histoire d’un cinéma sans frontière.

On dit qu’il a influencé de nombreux confrères. Rien que le coup de l’épingle à cheveux d’une « mante religieuse » sur le héros est un tour de force que Pedro Almodovar reprend dès son premier film « Matador ».Toshiro Mifune dans le rôle-titre signe là sa seizième et ultime collaboration avec le cinéaste japonais. Une autre page se tourne.

LES AUTRES FILMS DU CYCLE II

  • « Un merveilleux dimanche ». Dans un style mêlant réalisme et lyrisme, une chronique sociale bouleversante sur un Tokyo en pleine reconstruction
  • « Le plus dignement ». Un hommage aux femmes japonaises et à leur courage en temps de guerre.

  • « L’Ange ivre ». Matsunaga, gangster respecté d’un quartier malfamé de Tokyo, se rend chez le docteur Sanada pour faire soigner sa blessure. Ce dernier lui apprend qu’il est atteint de tuberculose…
  • « Chien enragé ». « L’idée originale du scénario me vint en entendant parler d’un vrai détective qui eut le malheur pendant cette époque de restrictions de perdre son pistolet. […] J’aime beaucoup Georges Simenon, et j’ai voulu faire quelque chose qui fût dans sa manière. »

  • « Vivre ». Un fils et sa bru n’attendent qu’une chose : la mort du vieil homme et l’héritage tant convoité.
  •  « Sanjuro ». Neuf jeunes samouraïs sont réunis pour célébrer leur victoire. Ils  pensent avoir enfin réglé les problèmes de corruption qui gangrènent leur clan grâce à leur alliance avec l’inspecteur Kikui.
  • « La Forteresse cachée ». Un film d’aventures au temps du Japon médiéval qui influencera George Lucas pour Star Wars .Ours d’or au Festival de Berlin de 1959
Entre « Les Bas-Fonds » (1957) et « Dodes’ka-den » (1970) « Barberousse » est le second volet de la trilogie dite « de la misère ». On y suit le parcours initiatique de Yasumoto, de ses débuts contraints dans le dispensaire du Dr Barberousse à son épanouissement personnel et professionnel auprès de son patron, une légende vivante. Le film est long. Plusieurs séquences s'étirent. Elles puisent avidement dans l'oeuvre du romancier Shugoro Yamamoto .On croise de nombreux personnages que le cinéaste présente lui aussi dans le détail, avec un soin particulier pour les contrastes. Le noir et blanc, fascinant, mais aussi la joie et la misère, le…
Le film

Comment éclairer ce monde sordide et désespérant se demande Kurosawa en nous présentant Barberousse, l’homme altruiste et débonnaire, grand médecin devant l’éternel qui délaissant les honneurs et les grandes maisons se penchent sur le sort des plus démunis dans un dispensaire où est affecté un jeune homme brillant, qui espérait une autre destinée. Au contact de ce médecin hors-pair, le héros va malgré tout apprendre plus que la médecine, en découvrant pauvres et malheureux que son patron soigne gratuitement, préférant faire payer les nantis repus de leurs pouvoirs et de leur insignifiance. Kurosawa n’a rien inventé. « Barberousse » s’inspire de l’œuvre de son compatriote Shugoro Yamamoto. Mais le réalisateur fait preuve d’un regard empreint d’humanisme et critique, sur la société nippone. Un réalisme visionnaire qui force les décennies pour s’inscrire dans l’histoire d’un cinéma sans frontière.

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