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« Entre le ciel et l’enfer » d’Akira Kurosawa. Critique cinéma

Synopsis: Industriel au sein d’une grande fabrique de chaussures, Kingo Gondo rassemble tous ses biens afin de racheter les actions nécessaires pour devenir majoritaire. C’est à ce moment-là qu’il apprend que son fils Jun a été enlevé et qu’une rançon est exigée. Se produit alors un véritable coup de théâtre : ce n’est pas Jun mais Shin’ichi, le fils de son chauffeur. Gondo est désormais face à un dilemme : doit-il dépenser toute sa fortune pour sauver l’enfant d’un autre ?

La fiche du film

Le film : "Entre le ciel et l'enfer"
De : Akira Kurosawa
Avec : Chiaki Minoru, Eijirô Tôno
Sortie le : 09/03/2016
Distribution : Carlotta Films
Durée : 143 Minutes
Genre : Drame, Thriller
Type : Long-métrage
Le film

« Cette maison est arrogante ! »

« Elle nous toise de haut… »

Le titre à double détente place ce film sous le rapport de la dualité. Deux parties distinctes, déjà. La première tient dans le huis clos de la luxueuse demeure située sur les hauteurs de la ville. La famille Gondo attend en compagnie de la police les exigences du ravisseur.

Kurosawa brosse à cette occasion un rapide mais édifiant panorama d’une société capitaliste où l’actionnariat régit les rapports inhumains. Le conflit qui s’engage entre les différents protagonistes de la société que dirige Mr Gondo est-il à l’origine du rapt ? Le cinéaste n’en dit rien et c’est bien plus tard que les enquêteurs (Tatsuya Nakadai) soulèveront une question qui me semblait être de première importance.

Pour l’heure, la tension monte entre les époux Gondo, relayée par l’intrusion du bras droit de l’industriel qui ne fait plus ses habituelles courbettes révérencieuses. Le malheur qui s’abat sur la demeure attise les rancœurs et les convoitises. Gondo ( Toshirô Mifune) qui s’apprêtait à réunir la somme de la rançon est beaucoup plus réticent maintenant que la méprise du ravisseur est mise à jour.

Un cas de conscience orchestrée entre la morale et l’intérêt financier, dilemme que Kurosawa transpose au cœur de l’enquête. Une scène assez édifiante dans le train ( seconde partie ) nous conduit vers la remise de l’argent et je vous en laisse deviner le mode opératoire. C’est très bien mené, le cinéaste apparaissant plus à l’aise dans cette quête de la vérité. Un sens du rythme et du suspense inégalable, sans jamais quitter des yeux sa critique sur la société capitaliste.

La police sur les traces du ravisseur
La police sur les traces du ravisseur

Pendant le fait-divers, les affaires continuent. La lutte pour le pouvoir impitoyable (« vous avez pu payer la rançon, il doit bien en rester un peu pour nous ») renvoi à la misère des bas-fonds, des bouges, et de la population qui meurt à ciel ouvert. Dans l’enfer de ces quartiers malfamés, la drogue, le fléau national, gangrène les miséreux.

La morale sera sauve mais les protagonistes de l’affaire ne ressortiront pas tous indemne d’un malheur qui en révélera bien d’autres. Ce film noir est plus noir qu’il n’y paraît.

Un face à face entre le ravisseur présumé et le père de la victime
Un face à face entre le ravisseur présumé et le père de la victime
"Cette maison est arrogante !" "Elle nous toise de haut…" Le titre à double détente place ce film sous le rapport de la dualité. Deux parties distinctes, déjà. La première tient dans le huis clos de la luxueuse demeure située sur les hauteurs de la ville. La famille Gondo attend en compagnie de la police les exigences du ravisseur. Kurosawa brosse à cette occasion un rapide mais édifiant panorama d’une société capitaliste où l’actionnariat régit les rapports inhumains. Le conflit qui s’engage entre les différents protagonistes de la société que dirige Mr Gondo est-il à l’origine du rapt ? Le cinéaste…
Le film

Dans la thématique du double, largement développée ici (rien que le titre …) Kurosawa joue beaucoup sur l’assimilation entre  la victime et le coupable qui bien souvent dans son approche scénique ne font qu’une seule et même personne. Il propose aussi deux parties bien distinctes qui du ciel retient la demeure luxueuse de la famille Gondo plongée dans le drame d’un enlèvement d’enfant. En bas, dans la ville, le ravisseur hante les bas-fonds d’une société qui en silence maudit secrètement la richesse des nantis. C’est l’enfer d’un monde que Kurosawa dépeint avec un manichéisme teinté parfois de naïveté, peinture sans rature d’un Japon alors gangréné par l’argent et la drogue. Le policier en charge de l’enquête est incarné par un acteur phare de Kurosawa, Tatsuya Nakadai, tandis que Gondo est joué par Toshirô Mifune autre figure légendaire du cinéaste.

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