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« Tu mourras à 20 ans » de Amjad Abu Alala. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Soudan, province d’Aljazira, de nos jours. Peu après la naissance de Muzamil, le chef religieux du village prédit qu’il mourra à 20 ans. Le père de l'enfant ne peut pas supporter le poids de cette malédiction et s'enfuit. Sakina élève alors seule son fils, le couvant de toutes ses attentions. Un jour, Muzamil a 19 ans....

La fiche du film

Le film : "Tu mourras à 20 ans"
De : Amjad Abu Alala
Avec : Mustafa Shehata, Islam Mubarak
Sortie le : 12/02/2020
Distribution : Pyramide Distribution
Durée : 105 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
le film
Le bonus

Le Soudan. C’est une autre culture, des coutumes différentes, mais le nœud est noué de la même façon, dans nos croyances aveugles où les pouvoirs et les religions s’unissent pour conforter l’oppression.

A sa naissance on prophétise la mort de Muzamil le jour de ses vingt ans. La prédiction renvoie le papa dans de dramatiques souvenirs et justifient à ses yeux l’abandon du foyer.

Le garçon grandit  solitaire, à l’écart de tous, auprès d’une maman-nourrice en quête de rédemption. Elle entend rompre le présage et sauver son enfant porteur à vie d’un mal incurable.

 

C’est le «  fils de la mort » pour les gamins avec qui il ne peut jouer. Muzamil ne connait que les interdits posés par une mère plus que protectrice. Il sort à peine de sa maison et le peu de lumière qu’il reçoit lui renvoie la peur de ce monde qui l’attend pour mourir.

Malgré Naima son amie de toujours qui espère un «  je t’aime » pour vivre en harmonie. Cette histoire de la vie, Sulaiman lui l’apprend, lui le rebelle du village, philosophe à sa façon, qui à l’enseignement de l’Islam préfère des valeurs plus profanes.

Le vieil homme a fait le tour du monde, ses expériences nourrissent son train de vie . Muzamil n’y est pas insensible, mais freiné de partout, il godille entre l’espoir et la résignation.

Le défilé des derviches sur le Nil annonce-t-il une bonne nouvelle ?

On ne sait pas comment la mort viendra frapper.

Ce que le réalisateur traduit par un pragmatisme éloquent sur l’art de manipuler les foules. Loin d’un suspense de série B, ou d’une épée de Damoclès en plastique, Amjad Abu Alala  tord le cou aux superstitions et amulettes de bazar.

A cet enfermement psychique qui vous broie toute une vie, et tout un peuple. «  La tristesse est-elle devenue une habitude ? » se demande la maman, qui voit le bonheur a jamais éteint de sa demeure.

Croyances et superstitions, le réalisateur rappelle son pays à l’heure du XXI ème siècle, sans écarter la beauté de ses habitants, la richesse de ses traditions et de ses décors . C’est un film aussi beau, que prenant  et vital …

LE SUPPLEMENT

  • Rencontre avec Amjad Abu Alala ( 26 mn ) . A l’origine, une nouvelle de Hammour Ziada. « J’y ai trouvé l’univers qui me permettait de présenter le Soudan, ce village avec ses superstitions … J’ai vu où je pouvais me retrouver dans le personnage de Muzamil, la soif de connaissance, ce besoin de comprendre le monde … »

« J’avais besoin de faire un film au Soudan, pour des raisons très personnelles, faire un film et le voir, mais aussi à cette époque c’était un acte de résistance au régime en place . Il a notamment interdit le cinéma pendant trente ans , il y avait donc plein d’histoires à raconter ».

Amjad Abu Alala évoque aussi la façon de traiter des différentes religions et les onze versions de l’histoire, « mais à partir de la cinquième on ne changeait que les détails ».

Parmi les films que l’on voit, évocation de  «  l’un des réalisateurs qui m’a donné envie de le devenir Youssef Chahine . La séquence est un hommage à tous ces réalisateurs, Tornatore, Angelopoulos et au film que montre Suleiman de Gadalla Gubara, le seule cinéaste soudanais a avoir réalisé trois films ».

Pour clore : le choix de ses personnages et des comédiens , dont l’un de ses petits cousins !

DVD 25 août 2020 Cinéma : 12 février 2020 Lion du Futur au Festival de Venise 2018 . Meilleur premier film Venise Amiens 2019 Grand Prix Meilleur DVD Août 2020 ( 4ème ) Le Soudan. C’est une autre culture, des coutumes différentes, mais le nœud est noué de la même façon, dans nos croyances aveugles où les pouvoirs et les religions s’unissent pour conforter l’oppression. A sa naissance on prophétise la mort de Muzamil le jour de ses vingt ans. La prédiction renvoie le papa dans de dramatiques souvenirs et justifient à ses yeux l’abandon du foyer. Le garçon grandit…
le film
Le bonus

Un film qui vient du Soudan est toujours rare, et quand il brille d’une lumière intérieure aussi intense, on ne peut que saluer doublement cet avènement. Une prédiction religieuse vous conduit pendant vingt ans à vivre sous la menace de la mort programmée. Le jeune homme concerné vit donc avec et surtout sur les injonctions d’une mère abandonnée à cette occasion par son mari. Si la culture et les coutumes diffèrent de nos continents, le sujet demeure universel quand à la main mise des pouvoirs et des religions sur ses populations. Plus que le suspense inexistant sur l’heure d’accomplissement de la prophétie le réalisateur rappelle son pays à l’heure du XXI ème siècle, sans écarter la beauté de ses habitants, et de ses décors . C’est un film aussi prenant que nécessaire …

AVIS BONUS Un entretien hyper instructif avec le réalisateur

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