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« Fedora » de Billy Wilder. Critique. Blu ray

Synopsis: Le spectateur apprend la mort de Fedora en même temps que le héros, William Holden dit « Dutch », un scénariste-producteur indépendant sur le déclin. Peu avant, il avait tenté d’aller jusqu’à l’île où vivait recluse Fedora pour lui proposer de faire son comeback. Ce qu’elle accepte alors que son entourage s’y oppose.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Fedora "
De : Billy Wilder
Avec : William Holden, Marthe Keller, Hildegard Knef, José Ferrer, Frances Sternhagen
Sortie le : 26 février 2014
Distribution : Carlotta Films
Durée : 113 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Meilleur dvd Février 2014 ( 3 ème )

De la nostalgie à la mélancolie, Billy Wilder berce dans une étrange fascination, non pas du passé, mais de ce qui fut. Comme un constat d’échec, après tant de succès. De sa propre histoire, peut-être, mais surtout celle du cinéma qu’il a tant chéri et qui aujourd’hui lui renvoie le reflet d’une vielle star recluse, volontairement, sur une île grecque.

Fedora baigne dans cette ambiance de fin de règne, abandonnée au milieu des siens qui la protègent jusqu’à l’enfermement. C’est du moins le sentiment de Dutch, un producteur américain, sur le retour lui aussi, et qui espère sortir la star de son exil européen.

Une vieille comtesse qui se dit son amie, un médecin au petit soin, un factotum garde du corps…. tout cela lui semble bien préoccupant.

Ce postulat de départ fournirait un film déjà joué et dont Billy Wilder visiblement ne veut pas. Très rapidement, il le plombe de considérations personnelles sur le monde du septième art, et plus particulièrement sur les habitants d’Hollywood.

 Ce qui donne le change et une autre histoire. La charge n’a rien d’outrancière, bien au contraire. Les astuces du scénario relancent chaque fois une intrigue à laquelle on ne s’attendait pas et qui une fois bien installée, n’en finit pas de rebondir.

Sur la longueur, elle se prend les pieds dans les explications à rallonge : on comprend assez vite ce qui est arrivé aux uns comme aux autres. Mais le plaisir de la caméra, louvoyant dans ce décor de mort-vivant (la côte grecque est d’un sépia poussiéreux fascinant…. ) ravive l’attention. Wilder connaît les ficelles de la mise en scène.

ok fedora
Faire venir Henry Fonda, pour un petit rôle, dans son propre rôle, participe à cette magie de l’image composée autour d’un mythe, d’une légende qui pourrait être Garbo, Dietrich, HepburnMonroe.
Hildegard Knef et Marthe Keller endossent le pesant costume. Elles le font avec une sobriété qui confine au respect de la fonction.

LES SUPPLEMENTS

  • Le chant du cygne, l’histoire de « Fédora » (85 mn). C’est un long, mais passionnant documentaire sur l’aventure d’un film qui débute bien évidemment par un malentendu. Pour le grand public, Billy Wilder est l’homme des comédies, et à la sortie de « Fédora », l’accueil est plutôt glacial. Marthe Keller y voit «  un film très personnel, et très douloureux. Il savait que c’était son dernier, il y a quelque chose qui sonne comme un adieu ».

Fedora

Directeur de la photo, comédiens, producteur, et le fils du scénariste, tout le monde ajoute son commentaire, des détails, autour de quelques vidéos du réalisateur, une interview et une conférence de presse.

On insiste bien évidemment sur le parallèle entre le film et le développement d’Hollywood à l’époque que Billy Wilder ne se gêne pas de fustiger dans «  Fedora ». Avec cette crainte pendant le tournage que l’on fasse trop allusion à ce qui fut un de ses grands succès, et qui traitait aussi frontalement du monde du cinéma «  Sunset Boulevard ».

«  Mais il voulait transformer l’essai, et avec –Fedora-, il a vu la possibilité de montrer la façon dont Hollywood avait changé » dit un de ses amis, qui rapporte le propos de Wilder «  j’ai appris à danser la polka, pas le rock’n roll. Ici maintenant il n’y a que de jeunes barbus, qui ne lisent jamais un scénario ».

Marthe Keller and William Holden

La seconde partie du documentaire, tout aussi passionnante vise le film, l’écriture du scénario que Universal va refuser, contraignant Wilder à se rendre en Allemagne et à monter une production indépendante. Marthe Keller en est encore toute retournée «  ce n’était plus le Wilder que tout le monde voulait produire. »

On passe alors en revue  les comédiennes pressenties pour jouer Fedora, âgée comme Marlène Dietrich  ou Katkarine Hepburn, mais jeune cette fois. Vanessa Redgrave tiendra un moment la corde, «  mais Billy avait peur que ses exigences politiques prennent le dessus ».

Les tournages se font  en Grèce, en Allemagne et à Paris, comme nous le montrent des photos d’archives assorties de quelques bons commentaires.

  • La restauration. Après quelques arguties techniques, on nous montre plusieurs séquences d’origines, puis restaurées. L’évidence s’impose.
    • Autour d’Hollywood et de son mythe

« Maps To The Stars »  de David Cronenberg

« My week with Marilyn » de Simon Curtis

« Le Grand couteau » de Robert Aldrich

« The Player » de  Robert Altman

Meilleur dvd Février 2014 ( 3 ème ) De la nostalgie à la mélancolie, Billy Wilder berce dans une étrange fascination, non pas du passé, mais de ce qui fut. Comme un constat d’échec, après tant de succès. De sa propre histoire, peut-être, mais surtout celle du cinéma qu’il a tant chéri et qui aujourd’hui lui renvoie le reflet d’une vielle star recluse, volontairement, sur une île grecque. Fedora baigne dans cette ambiance de fin de règne, abandonnée au milieu des siens qui la protègent jusqu’à l’enfermement. C’est du moins le sentiment de Dutch, un producteur américain, sur le retour…

Review Overview

Le film
Les bonus

Vision noire du septième art en forme de règlement de compte « Fedora » évoque la jeunesse éternelle à travers le mythe de la star hollywoodienne. De cette grande famille du cinéma qui n’est que façade quand les masques tombent et vous oublient. Un thème récurrent chez les cinéastes que Wilder traite avec mélancolie et nostalgie. Le décor -volontairement-tristoune confère à l’histoire toute sa dramaturgie que Marthe Keller dans le rôle-titre endosse sobrement, avec grâce et distinction.

Avis bonus Un long et passionnant documentaire sur Wilder, et l’histoire de « Fédora » prolongé par les miracles de la restauration (exemples à l’appui), ce blu ray est vraiment d’excellente qualité.

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