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« Domicile Conjugal » de François Truffaut. Critique Blu-ray

Les Aventures d'Antoine Doinel, la saga en cinq films, la belle aventure … Un coffret et toujours au cinéma …

La fiche du film

Le film : "Domicile conjugal"
De : François Truffaut
Avec : Jean-Pierre Léaud, Claude Jade
Sortie le : 09/09/1970
Distribution : Carlotta Films
Durée : 98 Minutes
Genre : Comédie, Romance
Type : Long-métrage
Le film
Les bonus
  • Acteurs ‏ : ‎ Jean-Pierre Léaud, Claude Jade, Daniel Ceccaldi, Claire Duhamel, Horoko Berghauer
  • DVD :  01 er Décembre 2021
  • Studio  ‏ : ‎ Carlotta

Le Coffret : 1959, « Les 400 Coups » l’acte de naissance de François Truffaut et de son double de fiction, Antoine Doinel. Avec ce personnage, qui trouve en Jean-Pierre Léaud un interprète idéal, le cinéaste raconte la vie au cours d’une saga intimiste, drôle et tendre, filmée sur vingt ans.

L’histoire : Antoine Doinel épouse Christine et s’engage dans des métiers peu intéressants. Il s’embourgeoise tandis que naît son premier enfant. La bonne entente du couple est gâchée par la liaison qu’entame Antoine avec une Japonaise. Christine le quitte. Il tente de la reconquérir une fois lassé de sa peu bavarde Nipponne.

 

 

Dans la chronologie Doinel, ce film est l’avant-dernier (1970). Neuf ans plus tard François Truffaut la clôt définitivement avec « L’amour en fuite ». Pourtant, à l’époque, le réalisateur se confie à plusieurs reprises en estimant que son héros a atteint sa maturité, et qu’il faudrait passer à autre chose.

Déclaration sérieuse, mais nullement péremptoire. Illusoire même au regard de cet opus, le plus fort à mes yeux, dans une scénographie qui réinvente presque le ba.ba du cinéma.

Une histoire prenante, joliment contée, avec ses apartés drolatiques contrebalancés gaillardement par le drame quotidien de l’amour. François Truffaut ajoute une caméra cinéphile au possible, qui rappelle à notre bon souvenir Tati et John Ford et même Jean Eustache, dans un élan commun de bonne volonté.

A la recherche du rouge absolu …

Un cadre propice à la baguenaude sentimentale du héros, presque posé cette fois dans l’appartement parisien où il cajole son premier enfant sous les yeux énamourés de Christine. Elle donne des cours de violon, il s’essaie à la floraison chimiquement colorée de bouquets improbables.

Aussi, la possibilité de rejoindre une succursale américaine spécialiste de maquettes tombe-t-elle à pic. Antoine surveille le projet d’un aménagement portuaire. Il voit à longueur de journées des petits bateaux passer et repasser entre les digues aménagées.

Un jour, la visite de dirigeants chinois change le cours de son histoire. Il tombe fou amoureux de Kyoko (Mademoiselle Hiroko) et délaisse le foyer pour la belle aux yeux bridés. La manière dont Mme Doinel reçoit la nouvelle est magnifiquement imaginée par Truffaut, très en verve, un brin déjanté.

L’humeur d’Antoine est communicative. Mais déteint sur ses amours qui ne durent pas toujours. Kyoko est peu bavarde, Antoine s’ennuie. L’entreprise de reconquête est une belle plage de cinéma sur laquelle tout le monde s’en donne à cœur joie.

Des personnages qui du bistrotier au ténor ( Daniel Boulanger) , du concierge à la pipelette dessine le monde à leur façon. Des saynètes déjantées où notre héros s’égare avec malice. Gentil lunaire à l’égo au niveau des chaussettes, Antoine était aussi l’homme qui aimait les femmes.

LES SUPPLEMENTS

 

. Présentation par Serge Toubiana (4 mn)

  • Cinéastes de notre temps : dix ans, dix films (5 mn) de  Jean-Pierre Chartier • Co-auteurs : Janine Bazin & André Labarthe – 1970 INA-François Truffaut et son co-scénariste Bernard Revon préparent l’écriture et le tournage de « Domicile conjugal ». Une étonnante séance de travail où le comique est évoqué sur les bases « de la mauvaise foi et de la cruauté » …

Après quoi, repérage dans l’appartement prévu pour le couple Doinel. « Je préfère ça à un studio » dit encore le réalisateur. « La réalité d’une fermeture de porte, vous ne l’avez pas en studio … » démonstration à l’appui.

  • Variances (6 mn)-Michel Parmart • Journalisme : Anne Revel -1970 INA-François Truffaut insiste sur l’importance de ses souvenirs personnels qui nourissent ses scénarios. « Je n’ai pas d’autres films dans ma tête » explique-t-il sur une scène de tournage, dans un bistrot, que l’on reprend plusieurs fois.

La politique ? « J’ajouterais de la confusion à la confusion. Pour apprendre quelque chose aux gens, il faut en savoir plus qu’eux ».

  •  Midi Magazine (4 mn) de François Chatel • Co-auteur : Georges Folgoas – 1970 INA- François Truffaut et Claude Jade sont interviewés sur le tournage du film. L’actrice raconte son bonheur de tourner. « Tout m’est arrivé sans trop attendre ».

  •  Première-Magazine (10 mn) – 1970 François Truffaut passe en revue l’évolution du personnage d’Antoine Doinel pour la télévision flamande. Une très belle interview, fort intéressante, au cours de laquelle le réalisateur évoque le fait de s’arrêter un peu, pour écrire des livres.

Une très longue scène de tournage :  Antoine et son amour japonais se promène à Paris. Il faut voir la manière dont elle est réalisée, c’est un document extraordinaire. Avec la complicité de la véritable fiancée d’Antoine Doinel …

  • .Biennale du salon de la Radio et Tv (3 mn) de Jean-Max Venuti – 1970 INA-Claude Jade parle de son personnage et de la complémentarité du couple formé par Antoine et Christine Doinel. Dans ce document vraiment d’époque, on pose la question de la femme chez Truffaut. Mais le journaliste ne le laisse quasiment pas répondre, il y en a que pour lui. Ça me rappelle quelque chose …
Le réalisateur avec Jean-Pierre Léaud et Hiroko Matsumoto, mannequin qui joue là son premier et unique rôle au cinéma. Ce qui ne l’empêche  pas d’exiger que Truffaut change son scénario . Elle veut que ce soit elle qui rompe avec Antoine Doinel et non l’inverse

 

  • Nord Actualités (4 mn)- 1970 INA- François Truffaut revient sur les films qui composent le cycle Antoine Doinel.

« Doinel n’est pas un type qui veut changer la société ; il se méfie d’elle, il s’en protège mais il est plein de bonne volonté et désireux, me semble-t-il, de se faire ‘‘accepter’’ C’est un rêveur, égoïste, fuyant, mais il aime les gens ».

Et François Truffaut acteur ? lui demande le journaliste François Lionet  « Si ma présence est nécessaire comme dans « L’enfant sauvage », oui bien sûr, mais autrement non ».

La réponse de Christine à son mari quand elle apprend …. avec des fleurs que Antoine la trompe avec une japonaise
  • Bulletin d’information (11 mn – HD) -À Bruxelles, François Truffaut parle d’écriture et de cinéma. Il évoque une période de transition, « l’envie de réfléchir. (…) Je suis asocial, je parle de ce que je ressens, la politique, le social, je ne le ressens pas. J’adore « Z » et certains films italiens, mais je n’ai pas un tour d’esprit qui va dans ce sens-là ».

Il se demande si la cassette vidéo va changer les pratiques culturelles des spectateurs. « C’est certainement un plus pour l’avenir du cinéma. Les cinéphiles pourront connaître un film plan par plan ». C’est donc la perspective du cinéma à domicile reprend l’interviewer. « Le nouveau film, on ira toujours le voir au cinéma » répond clairement François Truffaut, il y a un demi-siècle …

  • « Travailler avec François Truffaut  (45 mn)- Dans cet entretien inédit en France, Claude de Givray et Bernard Revon, co-scénaristes avec François Truffaut de « Baisers volés » et « Domicile conjugal », révèlent avec humour et précision la manière dont Truffaut développe les idées de ses scénarios et la façon dont il les utilise. Ce très bon documentaire est l’intégral d’une session dans laquelle quelques extraits seulement avaient été retenus pour un autre documentaire sur Truffaut.
Acteurs ‏ : ‎ Jean-Pierre Léaud, Claude Jade, Daniel Ceccaldi, Claire Duhamel, Horoko Berghauer DVD :  01 er Décembre 2021 Studio  ‏ : ‎ Carlotta Le Coffret : 1959, « Les 400 Coups » l’acte de naissance de François Truffaut et de son double de fiction, Antoine Doinel. Avec ce personnage, qui trouve en Jean-Pierre Léaud un interprète idéal, le cinéaste raconte la vie au cours d’une saga intimiste, drôle et tendre, filmée sur vingt ans. Quatre longs et un moyen-métrage « Les 400 Coups », « Antoine et Colette », « Baisers volés », « Domicile conjugal » et « L’Amour en fuite ». Restauration 4K pour la première fois ! L'histoire : Antoine Doinel épouse Christine et s’engage dans des métiers…
Le film
Les bonus

L’un des films de Truffaut dans sa période originelle où il utilise le plus la technique cinématographique, et sa valeur narrative, sans apparaitre comme le donneur de leçons de sa période critique. Sa scénographie s’appuie sur une histoire prenante, joliment contée, avec ses apartés drolatiques contrebalancés gaillardement par le drame quotidien de l’amour. François Truffaut y ajoute une caméra cinéphile au possible, qui rappelle à notre bon souvenir Tati et John Ford dans un élan commun de bonne volonté. Le héros n’a plus qu’à se fondre dans le cadre, avec simplicité et bonhomie, contrebalancé par la verve et l’ironie de son vis-à-vis, une femme bien évidemment, mais quelle femme ? C’est un peu l’énigme toujours entretenue par le réalisateur sur le regard féministe ou non qu’il portait derrière la caméra. Truffaut l’homme qui aimait les femmes, très certainement, mais le cinéma encore plus.

N'en jetez plus la cour est pleine, avec beaucoup d'interviews de François Truffaut, des scènes de tournage extraordinaires, une étonnante séance de travail ,des témoignages de ses collaborateurs,

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