- Coffret Inspecteur Lavardin : « Poulet au vinaigre » et « Inspecteur Lavardin«
- Sortie : 16 Janvier 2024
- Cinéma : 10 avril 1985
- Acteurs : Jean Poiret, Stéphane Audran, Michel Bouquet, Jean Topart, Lucas Belvaux
- Studio : Carlotta Films
L’histoire : Vous prenez trois notables bien saignants, choisis de préférence pour leur goût prononcé à magouiller dans l’immobilier. Faites les revenir à feu doux en y ajoutant leur victime, un postier nerveux et sa maison convoitée. Couvrir, faire mijoter. Vous saupoudrez le tout de quelques morts mystérieuses et vous obtenez un beau poulet au vinaigre.
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- D’après le roman de Dominique Roulet » Une mort en trop » ( Editions Denoël)
C’est je crois la première rencontre entre Claude Chabrol et le producteur Marin Karmitz, qui par la suite ne se quitteront plus. Comme quoi l’amitié se forge parfois sur des bases fragiles, l’alliance ici scellée autour d’un polar faiblard ne tient jamais les promesses d’un avenir radieux.
Une bonne ville de province, ça va de soi, quelques personnalités en vue, des notables donc, qui sous couvert d’opérations immobilières déjà suspectes, en viennent à réduire une partie de la population.
Le tout passe pour accidents et fuites possibles à l’étranger avant qu’un jeunot se mêle des affaires de ces gentils messieurs. C’est Louis ( Lucas Belvaux ) le postier dont la maison familiale est visée par les intrus respectables. Sa mère handicapée (Stéphane Audran) ne veut pas lâcher le morceau et le fiston lui donne raison jusqu’à commettre l’irréparable.
Mais l’impunité de la jeunesse est licence poétique avant que ne débarque un policier de la grande ville qui flaire autre chose que ses deux œufs fricassés avalés le matin avec paprika et café noir depuis sa plus entendre enfance.
C’est l’entrée en scène de l’inspecteur Lavardin qui nous réveille un peu tout le monde et pose enfin l’empreinte d’un film policier qui se respecte. Jean Poiret crée un personnage sur pièce, sans tendresse, ni complaisance, mais qui sait au passage flatter les bas instincts.
Le postier en prend un peu pour son grade. Sous ses bouclettes affriolantes il est un peu gauche, un peu timide, ce qui semble beaucoup plaire à sa collègue de bureau Henriette. La regrettée Pauline Lafont donne de la voix et de la poitrine à en estourbir le p’tit Louis. Lucas Belvaux tient son rang, et l’élèvera par la suite parmi les meilleurs représentants du cinéma français.
En attendant celui-ci se farcit un « Poulet au vinaigre » peu ragoûtant quand dans l’arrière cuisine le suspense sent le rance et l’élevage en batterie.
Claude Chabrol a réuni le gratin de l’époque ( Michel Bouquet, Stéphane Audran, Caroline Cellier ), qui fait honneur à sa réputation, sans jamais la provoquer. Tout le monde reste sur son quant-à-soi, complice d’une aventure qui tourne très mal ( c’est dans le scénario ) alors qu’elle aurait pu sonner le réveil du cinéma français.
LES SUPPLÉMENTS
. Présentation du film par Joël Magny (3 mn)
. Commentaires de Claude Chabrol (21 mn)
Claude Chabrol explique trois scènes du film. Le générique ( « tout en étant générique, on pénètre le plus profondément dans l’action« )-Le facteur dîne toujours deux fois ( « toujours important de montrer de petits détails« – Le Choral final « Un petit moment dont je suis fier, car purement musical. Toute la force est dans les plans fixes, surtout pas de mouvement de caméra avec la paralysée ».
Le film
Les bonus
Claude Chabrol a tant fait pour le cinéma français que l’on ne lui en voudra pas d’avoir raté la cuisson de ce « Poulet au vinaigre » rance et sans consistance. Un polar dans une bourgade tricolore où les notables ne sont pas bons à mettre tous à la même table. Si ce n’est celle des aveux quand les accidents et fuites à l’étranger deviennent de plus en plus suspects aux yeux du commissaire Lavardin qui débarque dans la ville pour y remettre un peu d’ordre. Sa descente épice enfin cette histoire peu palpitante menée de façon très prosaïque par un réalisateur un brin dépassé par la superbe affiche qu’il s’est offerte. Alors saluons l’avènement de Jean Poiret en flic pas très orthodoxe et celle de Lucas Belvaux encore tout jeunot dans son rôle de postier amoureux transi de la belle Henriette. Pauline Lafont tout en grâce et bavardage dont le souvenir se ravive à la vue de cette présence qui aurait dû porter le cinéma hexagonal des années durant.