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« L’odyssée » de Jérôme Salle. Critique cinéma

Synopsis: 1948. Jacques-Yves Cousteau, sa femme et ses deux fils, vivent au paradis, dans une jolie maison surplombant la mer Méditerranée. Mais Cousteau ne rêve que d'aventure. Grâce à son invention, un scaphandre autonome qui permet de respirer sous l'eau, il a découvert un nouveau monde. Désormais, ce monde, il veut l'explorer. Et pour ça, il est prêt à tout sacrifier.

La fiche du film

Le film : "L'Odyssée"
De : Jérôme Salle
Avec : Lambert Wilson, Pierre Niney
Sortie le : 12/10/2016
Durée : 122 Minutes
Genre : Biopic, Drame, Aventure
Type : Long-métrage
Le film

Lambert Wilson frénétique, pour un personnage aussi emblématique que le Commandant Cousteau. Il en parle avec gourmandise, fierté, reconnaissance…

L’image d’un père, peut-être, qui fut le sien, sur un autre théâtre d’action, un grand homme aux yeux du monde et de son regard d’enfant qui découvrait en sa compagnie la rêverie du spectacle. Dans l’univers océanique des Cousteau, le patriarche fait aussi figure de symbole.

Un homme qui n’aura vécu que pour sa passion, la découverte des fonds marins, son exploitation à tout crin, quand l’écologie ne freinait pas encore l’engouement parfois aveugle des expéditions les plus folles.

l'odyssée

C’est l’un des mérites de ce biopic que de mettre en lumière l’intelligence d’un scientifique et sa méconnaissance d’un terrain qu’il va labourer avant de comprendre «  qu’il fallait le protéger ».

Jacques Cousteau n’est pas sans défaut, et le succès aidant, il en cultive ses aspects les plus mégalomaniaques. Très rapidement, l’aviateur contrarié perçoit l’image qu’il renvoie de son travail, la voix qui porte au-delà des continents, vers des mécènes très curieux de ses projets innovants.

On referme alors le beau livre d’images que Jérôme Salle feuillette dans un préambule bien gentillet pour donner enfin corps à une histoire qui se débarrasse de la légende et de sa façade.

Derrière le sourire et le bonnet rouge, Cousteau devient un marchand, un patron, un négociant de contrats. Si son ménage ne chancelle pas, c’est par la volonté d’une femme qui aura beaucoup sacrifié pour cet homme infidèle. Mais une femme dont la fermeté est aussi immuable. Elle a payé pour La Calypso, elle en fait sa demeure à vie, son refuge, sa raison d’être.

Mais rien qu’une escale temporaire pour son époux qui voyage à travers le monde, en quête d’innovations techniques, de rendez-vous médiatiques et de reportages marins. «  Pas un documentaire animalier » prévient-il auprès de ses commanditaires américains, subjugués par la verve et l’énergie d’un homme désormais connu sur toute la planète.

Celle qui souffre et qu’il ne voit pourtant pas partir sous les tonnes de détritus et les vapeurs de pétrole. Philippe, son fils, toujours dans son ombre va lui révéler l’envers du décor qu’il ne veut malgré tout pas détruire. Pas encore. Pour deux otaries capturées et condamnées à ne plus voir la mer, Cousteau est prêt à faire un film. Son fils le quitte alors et mène à son tour une croisade maritime, pour dénoncer pollutions et stratégie industrielle.

Une confrontation qui rend au cinéaste les armes qu’il possède le mieux pour confirmer son biopic. Les scènes sous-marines, parfois prenantes, ne sont pas ce qu’il réalise le mieux. En surface, l’Antarctique est d’une beauté hypnotique où la couleur s’efface pour un noir et blanc magique. Mais sous la glace, le ballet des manchots n’atteint pas la grâce du documentaire de Luc Jacquet « Antarctica » déjà récompensé pour «  La marche de l’empereur ».

Jérôme Salle a le pied marin,et celui d’une terre ferme sur laquelle il donne du corps et de l’esprit à ses personnages. Lambert Wilson est tout aussi bluffant que ce commandant qu’il porte avec une retenue, un ménagement qui ne force pas le trait. Pierre Niney, plus romantique certainement, vise lui aussi très haut et très fort la simplicité de sa silhouette attachée à des valeurs morales et humaines. C’est peut-être la conjonction de ces deux êtres qui magnifie l’interprétation d’Audrey Tatou, en femme discrète et vigilante. Un beau rôle pour la dame qui en vieillit si bien !

  • Voir aussi

« Le monde du silence » de Jacques Cousteau et Louis Malle.

 

Lambert Wilson frénétique, pour un personnage aussi emblématique que le Commandant Cousteau. Il en parle avec gourmandise, fierté, reconnaissance... L’image d’un père, peut-être, qui fut le sien, sur un autre théâtre d’action, un grand homme aux yeux du monde et de son regard d’enfant qui découvrait en sa compagnie la rêverie du spectacle. Dans l’univers océanique des Cousteau, le patriarche fait aussi figure de symbole. Un homme qui n’aura vécu que pour sa passion, la découverte des fonds marins, son exploitation à tout crin, quand l’écologie ne freinait pas encore l’engouement parfois aveugle des expéditions les plus folles. C’est l’un des…
Le film

En matière de fonds sous-marins, le cinéma a connu de meilleurs réalisateurs, plus inspirés par le ballet des cétacés et l’éclat mirifique des coraux. Je pense notamment à Jacques Perrin et Jacques Cluzaud dans «  Océans » ou au documentaire sur l’Antarctique de Luc Jacquet. Ce n’est pas forcément là le sujet de ce biopic, mais pour parler du commandant Cousteau, plonger au fond de l’eau devient une nécessité, et le faire avec plus de conviction, de réalisme, n’aurait pas déjoué les premières intentions. Jérôme Salle a le pied marin, celui d’une terre ferme sur laquelle il donne du corps et de l’esprit à ses personnages. Dans la confrontation entre un père et son fils, dans le rayonnement médiatique d’un homme qui partit quasiment de rien va profiter de son charisme pour donner vie à ses passions. Voilà la réussite d’un cinéaste porté par la personnalité contrastée de son héros. L’homme a ses défauts, et vit d’errements familiaux sans retouche pour la femme qui l’accompagne. Le contrat est ainsi tacite et Audrey Tautou interprète à merveille cette femme intraitable par ailleurs. Lambert Wilson est tout aussi bluffant que son fils de circonstance, Pierre Niney. Le comédien vise lui aussi très haut et très fort la simplicité de sa silhouette attachée à des valeurs morales et humaines.

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