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« Seule la terre » de Francis Lee. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Johnny travaille du matin au soir dans la ferme de son père handicapé. Il essaie d’oublier son quotidien en se saoulant toutes les nuits au pub et en s’adonnant à des aventures sans lendemain. Quand un saisonnier vient travailler pour quelques semaines, Johnny est traversé par des émotions qu’il n’avait jamais ressenties. Une relation intense naît entre les deux hommes, qui pourrait changer la vie de Johnny à jamais.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Seule la terre"
De : Francis Lee
Avec : Josh O'Connor, Alec Secareanu, Gemma Jones, Ian Hart
Sortie le : 02 mai 2018
Distribution : Pyramide Vidéo
Durée : 104 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Dinard n’a aucun genre, sinon celui du cinéma britannique, jeune et innovant. La palme cette année de son festival est peut-être encore plus particulière. Elle revient à l’histoire d’un jeune paysan qui pour oublier son quotidien se saoûle toutes les nuits dans le pub du village, où ses rencontres homosexuelles ne s’attardent pas plus.

Les brumes des collines du Yorkshire se perdent dans la désolation ambiante. La ferme familiale ne tient que par sa volonté et le regard peu amène de son père, handicapé après un AVC. Dans sa chaise roulante, il donne encore des ordres que le fils entend à peine.

La manière de mener aujourd’hui une telle exploitation ne lui convient pas. Le temps de l’agnelage, le père lui accordera seulement l’aide d’un saisonnier. Un pis-aller à ses yeux qui le découvrent sans chaleur ni bienvenue. Gheorghe est roumain et Johnny n’oublie pas de lui rappeler méchamment son pays de l’exil.

Gheorghe a du déjà subir pareilles avanies, il serre les dents, il sait comment. Francis Lee, le réalisateur le filme dans la retenue qui sied à sa condition. Un gars dont « le pays est mort » comme il dit et qui doit s’accrocher au moindre lopin de terre pour vivre.

Ce que Johnny, le branleur, ne comprend pas mais ressent de plus en plus instinctivement au contact de ce bel homme qui n’ignore pas plus son statut. C’est dans le refoulement, paradoxalement, que les deux paysans vont réussir à s’attirer et à s’aimer aussi follement que discrètement.

Le père est aux abonnés absents, et sa mère veille sur la maisonnée. Johnny l’appelle « mémé » mais l’affection n’est pas de mise. Ni réciproque, au cœur d’un foyer sans âme ni concorde. Lamour de Johnny et Gheorghe doit secrètement garder le cap sur l’avenir, telle une planche de salut…

A la chronique de la terre qui se meurt, Francis Lee mêle des sentiments amoureux interdits mais si forts qu’il les filme à même cette terre gluante et froide et ces paysages désolés. Josh O’connor et Alec Secareanu s’y donnent sans la moindre retenue, à la mesure de la passion qui les emporte.

Ian Hart qui joue le père démuni est bluffant de vérité, de la même manière que Gemma Jones emporte sous son masque sans ride ni sourire une adhésion ahurissante. Un joli casting pour un premier film sans concession, direct et parfois brutal, mais porté dans un cadre magnifique où le soleil se prend à réchauffer les premières jonquilles. Et je vous assure que les rayons nous font du bien…

LES SUPPLEMENTS

  • Rencontre avec Francis Lee (20 mn) . « Le point de départ ce sont les paysages, ils font partis de moi, émotionnellement » raconte le réalisateur dans un entretien qui ne se contente pas de remplir les vides. « Je voulais ainsi me pencher sur le pays et la communauté d’où je viens ».

Il dit ne rien connaître au cinéma qu’il n’a pas étudié, mais l’art dramatique. « Je suis un photographe obsessionnel, un observateur, plus qu’un participant. Je sais raconter les choses visuellement, la composition de l’image et ce qu’elle peut exprimer ».

« En tant qu’acteur, je pouvais les comprendre et les diriger » dit-il encore en développant le choix de chaque comédien et la technique pour les faire travailler avant le tournage. « Un jour, par exemple, ils étaient dans un bar en train de boire un thé, moi aussi, mais ils ne le savaient pas, je les observais et j’étais ravis, c’étaient eux … »

« Ils ont dû travailler avec les animaux, je ne voulais pas de doublure autrement j’aurais décroché du film, à la ferme ils ont eu froids, ils étaient fatigués, ils se sont ennuyés, ils en avaient marre. Cette mise en condition, ce travail physique à la campagne les a changés, ils en ont mis dans leur personnage… »

  • Scènes coupées. Elles sont nombreuses, et la plupart n’ont rien d’anecdotiques

Le coup du lapin, intéressante scène et pas uniquement pour le piège (la complicité est en train de naître et on le voit encore lorsque Johnny goûte le fromage de chèvre) – L’ulcère de la brebis et l’attitude du père, autre séquence passionnante.

La scène du pub entre les deux garçons est quant à elle extraordinaire et s’en priver situe la qualité du montage final…

  • Les lauréats de Dinard chroniqués dans ce blog  ( Hitchcock d’or et plus parfois .. ) :

2016 :  » « Sing street » de John Carney

2015 : « Sauvages » deTom Geens

2010  » We want sex equality«  de Nigel Cole

2008 «  Boy A » de John Crowley

1994 : « Petits meurtres entre amis »  de Danny Boyle

Prix du public

2011  » L’irlandais » de John Michael

 Festival du film britannique de Dinard 2017-Hitchcock d'Or.- Sundance film festival - Prix de la mise en scène Festival du film d'Edimbourg - Prix du meilleur film britannique Festival du film de Saint-Jean-de-Luz - Meilleur réalisateur et Meilleur acteur Dinard n’a aucun genre, sinon celui du cinéma britannique, jeune et innovant. La palme cette année de son festival est peut-être encore plus particulière. Elle revient à l’histoire d’un jeune paysan qui pour oublier son quotidien se saoûle toutes les nuits dans le pub du village, où ses rencontres homosexuelles ne s’attardent pas plus. Les brumes des collines du Yorkshire se perdent dans la…
Le film
Les bonus

Un premier film, salué dans de nombreux festival (Sundance, Dinard…) et qui prend à témoin l’amour entre un jeune paysan du Yorkshire (désolation des paysages) et un saisonnier roumain. France Lee, le réalisateur nous parle d’une chronique rurale portée par ce couple qui représentant encore l’interdit, qui plus est dans un milieu aussi traditionnel, participe à l’avenir de ces campagnes en déshérence. L’alchimie est parfaitement mise en scène par le cinéaste, avec une sensibilité qui n’exclut pas la rudesse de l’environnement. Elle fonctionne vraiment bien autour d’un casting sans reproche. AVIS BONUS Une très belle rencontre avec le réalisateur, et des scènes coupées très éloquentes sur la qualité du film

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