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« Baron noir » de Ziad Doueiri . Critique dvd

Le président et son chef de cabinet (Anna Mouglalis)

Synopsis: L'épopée politique et judiciaire de Philippe Rickwaert, député-maire du Nord, porté par une irrépressible soif de revanche sociale. Lors de l'entre-deux tours des élections présidentielles, il voit son avenir politique s'effondrer lorsque son mentor, le candidat de gauche, le sacrifie pour sauver son élection. Déterminé à se réinventer une carrière, Philippe va utiliser élections et temps forts politiques pour s'imposer pas à pas, contre celui qui l'a trahi…

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Baron Noir"
De : Ziad Doueiri
Avec : Kad Merad, Niels Arestrup, Anna Mouglalis
Sortie le : 04 mars 2016
Distribution : Studiocanal
Durée : 416 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 3
La série
Le bonus

«  On ne te demande pas d’être pauvre, mais de les défendre ».

Meilleur dvd Mars 2016 ( 7 ème )

Ainsi parle le président de la République à son chef de cabinet, une énarque de bonne famille (Anna Mouglalis) qui se voit intimer l’ordre de se présenter à l’élection du chef du Parti Socialiste. La pauvre est sens dessus dessous, mais la vénération qu’elle porte à son patron devient son intime conviction. Elle se mêle à la bagarre qui depuis des semaines rend coup pour coup au sein des différentes fédérations.La tendresse des camarades est mise à rude épreuve.

On dit que François Hollande n’a pas apprécié la série, d’une belle impertinence, avec l’honnêteté qui manque parfois à nos partis politiques, toutes tendances confondues. Ici, la gauche en prend pour son grade. Les auteurs, Eric Benzekri (un proche de Mélenchon) et Jean-Baptiste Delafon dressent le portrait d’un apparatchik, Philippe Rickwaer, député-maire de Dunkerque, en proie aux vicissitudes de la vie politique quand l’ambition et les magouilles font la paire.

baron noir

Ce qui transparait dans «  Les hommes de l’ombre » de Dan Frank , affleure dans « Le grand jeu » de Nicolas Pariser ,prend cette fois une réelle signification chez des personnages prêts à tout. Kad Merad, le rôle-titre, est impressionnant de vérité dans son personnage d’une fragilité et d’une tendresse extrêmes qu’il dissimule avec brutalité derrière la carapace de l’homme d’action. On le verra aussi amoureux fou d’une camarade de parti, mais l’amour est-il alors bien raisonnable ? Un calcul de plus de la part de ce prédateur ?

« Un fou dangereux » dit de lui, avec raison , son adversaire et néanmoins « ami », le président, d’une placidité contenue face aux événements qui n’arrêtent pas de contrarier ses plans. Le Baron Noir est souvent le premier responsable, mais la posture fière et altière de Niels Arestrup répond parfaitement aux attentes du moment. C’est l’enjeu des stratégies que les deux auteurs décortiquent avec le sens de la mise en scène politique, liée à celle d’un cinéma d’action aux codes multiples dont ceux du thriller, fortement marqués.

Un mélange des genres bien assimilés dans le déroulement des affaires (racket des patrons, financement des partis…) que le député maire attaque toujours frontalement, envoyant son équipe aux charbons, sans vraiment réfléchir aux conséquences. Des méthodes de voyous ( et il en connaît ) ouvertement assumées.

baron noir

Il est intéressant de noter les similitudes avec la situation actuelle de notre pays. La manière dont les mouvements lycéens sont ici manipulés nous renvoie à la contestation à venir sur la réforme du code du travail, difficilement élaboré par le gouvernement Hollande.

Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon nous content ainsi par le détail les coulisses des cuisines pas très propres où la haine tient en respect le confort des différentes familles. L’actualité s’immisce bien évidemment dans la « fiction » des deux auteurs, qui après avoir évoqué la tenue des primaires font dire à Niels Arestrup  «  qu’un président qui recule, c’est la pire des choses ». Toute ressemblance avec des personnes existantes n’est décidément pas fortuite…

  • Dans les coulisses du pouvoir (16 mn). A découvrir après la projection: ce petit documentaire explique les personnages, les situations dans lesquelles ils se trouvent et donc le sujet du film avec beaucoup de détails.

-Kam Merad. « Un personnage formidable à jouer, plein de reliefs différents, un homme complexe qui évolue beaucoup à chaque épisode, et à la fin il est complètement transformé. (…)Pas une série sur la politique, mais sur l’intimité politique, et moi qui suis apolitique ça m’a donné envie de faire de la politique ».

-Neils Arestrup. « J’ai choisi de faire un président très énergétique, l’auteur dit qu’il rappelle beaucoup François Mitterrand, un personnage à des années-lumière de ce que je peux ressentir. (…) Entre le rêve et la réalité, il y a la politique »

On a droit à quelques scènes de tournage principalement avec le réalisateur Ziad Doueiri d’origine libanaise et qui découvre en même temps qu’il tourne les arcanes de la politique française. Le producteur Thomas Bourguignon s’exprime aussi sur les enjeux de cette série qu’il résume par une double interrogation « Est-ce que la fin justifie les moyens, est-ce que les moyens préfigurent la fin ? »

«  On ne te demande pas d’être pauvre, mais de les défendre ». Meilleur dvd Mars 2016 ( 7 ème ) Ainsi parle le président de la République à son chef de cabinet, une énarque de bonne famille (Anna Mouglalis) qui se voit intimer l’ordre de se présenter à l’élection du chef du Parti Socialiste. La pauvre est sens dessus dessous, mais la vénération qu’elle porte à son patron devient son intime conviction. Elle se mêle à la bagarre qui depuis des semaines rend coup pour coup au sein des différentes fédérations.La tendresse des camarades est mise à rude épreuve. On dit…
La série
Le bonus

Une série française politique et d’excellente tenue, l’affaire mérite un remaniement des idées reçues pour suivre avec un crescendo parfaitement maîtrisé, les aventures de ce fameux baron noir, député maire et apparatchik socialiste qui à force de rayer le plancher passe souvent à travers. Ce sont les vicissitudes d’un militantisme qui a dépassé le cadre du volontarisme pour atteindre parfois des sommets trop grisants. Le héros est prêt à tout pour assumer sa soif de conquête, et ses camarades de parti ne l’entendent pas forcément de cette oreille. Le président de la République qui fut lui-même un proche de notre homme le trouve désormais un peu trop voyant. Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon nous content ainsi par le détail les coulisses des cuisines pas très propres des partis politiques (le PS en prend pour son grade) où la compétition peut se transformer en  haine. L’affiche est tout aussi alléchante, Kad Merad dans le rôle-titre et Niels Arestrup en tête.

Avis bonus Un documentaire qui évoque les personnages, et les enjeux du film

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