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« Leopardi : Il Giovane Favoloso » de Mario Martone . Critique DVD

Synopsis: Italie. XIXe siècle. Giacomo Leopardi est un enfant prodige. Issu d’une famille aristocratique, il grandit sous le regard implacable de son père. Contraint aux études dans l’immense bibliothèque familiale, il s’évade dans l’écriture et la poésie. En Europe, le monde change, les révolutions éclatent et Giacomo se libère du joug de son père ultraconservateur. Génie malheureux, ironique et rebelle, il deviendra, à côté de Dante, le plus célèbre poète italien.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Leopardi : Il giovane favoloso"
De : Mario Martone
Avec : Elio Germano, Michele Riondino, Massimo Popolizio, Anna Mouglalis, Valerio Binasco
Sortie le : 28 mars 2016
Distribution : Blaq Out
Durée : 132 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 2
Le film
Les bonus

Dans le Top 10 Mars 2016 (10 ème )

Leopardi, sa vie, son œuvre, ses malheurs. Ce dont il se disait porteur. La raison de ce film, Mario Martone le raconte très bien. Mais l’homme, dissocié de l’écrivain, prend ici une part prédominante à travers l’interprétation magistrale qu’en fait Elio Germano. Echappé de l’excellent « Suburra », le comédien compose un personnage complexe dans son génie, ses souffrances, sa maladie.

Un homme que son père ne veut pas  voir quitter la demeure familiale. Il a mis à sa disposition depuis sa plus tendre enfance, tout le savoir nécessaire à son intelligence supérieure marquée par de profondes réflexions philosophiques. Comme rongé de l’intérieur, Leopardi se raidit à la moindre contrariété intellectuelle et puis au fil du temps son dos s’arrondit.

C’est le « grenouillet », le bossu qui n’a jamais connu l’amour et s’en désespère. D’autant que son meilleur et très fidèle ami Ranieri (Michele Riondino) est un coureur de jupon, invétéré. Il doit aussi faire face aux querelles politiques et religieuses qu’il provoque. Ses écrits brûlent des idées révolutionnaires qui entre la France et l’Italie voient le jour.

La complexité de l’œuvre et de l’homme se consume ainsi dans une écriture de plus en plus fiévreuse, mélancolique et pessimiste. Ce que traduit fort bien  la caméra complice de Martone totalement imprégné par son sujet. La voix off qui nous rappelle les bons mots de l’auteur serait  insupportable sans la transposition que le cinéaste en fait sur des images oniriques.

Il aimera secrètement Fanny ( Anna Mouglalis), l'amie d'Antonio , son grand ami, qui lui restera fidèle jusqu'à sa mort
Il aimera secrètement Fanny ( Anna Mouglalis), l’amie d’Antonio , son grand ami, qui lui restera fidèle jusqu’à sa mort.

Avant que la réalité n’étrangle à nouveau les affres du poète. Il maudit «  les fainéants, les polichinelles » qui veulent le façonner à leur image. Celle d’un Manzoni par exemple, figure de la relève poétique, et beaucoup plus consensuel. Mais Leonardi s’en préserve et maintient le cap d’une écriture sèche, autoritaire et profondément alarmiste sur le devenir des hommes

Toute une rigueur qu’il traîne maintenant de plus en plus péniblement sur sa canne, voûté, mais combattant. « N’attribuez pas à mon état physique ce que l’on doit à mon entendement » dit-il à ses détracteurs, ses amis d’autrefois. Comme sa plume, sa bouche savait . « Amusez-vous à détruire mes raisonnements plutôt que d’accuser mes maladies ».

Sa santé lui permet encore de vivre au grand air avec son ami de toujours
Sa santé lui permet encore de vivre au grand air avec son ami de toujours, Antonio

LES SUPPLEMENTS

  • Rencontre avec Mario Martone, réalisateur (35 mn). Le cinéaste replace le poète, le philosophe dans le contre-courant de son époque et le rapproche souvent de Pasolini qui rencontrera le même problème au XX ème siècle. Tout le monde est conscient de son importance, mais ne comprend pas qu’il ne rentre pas dans le rang.

« J’aime me référer à la force créatrice » dit-il en évoquant son travail et notamment son premier film « Mort d’un mathématicien de génie ».Martone a lui-même une réflexion philosophique sur la création artistique, sa nécessité dans un monde qui ne bouge pas.« Ce qui est remarquable dans la vie de Léonardi, c’est le passage d’une famille très composée, la sienne,  à une autre désarticulée, une fois qu’il est à Naples. Cela en dit long sur sa liberté sociale, son indifférence au formalisme »

Le dernier chapitre de cette rencontre se réfère à Rossellini que Martone considère comme l’un de ses maîtres, avec une référence particulière autour de «  Voyage en Italie » dont il s’est inspiré pour tourner «  Il giovane favoloso ».

Un père aimant, très certainement, mais intraitable sur sa conduite
Un père aimant, très certainement (Massimo Popolizio ) mais intraitable sur sa conduite
  • Rencontre avec René de Ceccatty, traducteur des Chants (18 mn). L’universitaire évoque la personnalité du héros, ses rapports avec son meilleur ami, et la manière dont le réalisateur a édulcoré toute la profondeur de la partie politique qui unissait les deux hommes. A la limite, il explique mieux que le réalisateur, qui était Léonardi, et la manière dont s’articulent le film et la culture italienne.
  • Rencontre avec Gérard Berréby, éditeur français de Leopardi (23 mn). L’éditeur a bataillé pour qu’une fois reconnu en tant que poète Leopardi devienne aussi le grand philosophe et penseur qu’il était. Il situe son travail en regard des autres œuvres de sa maison, comparées au travail de Leonardi. «  On ne publie pas un livre parce qu’il est bon, mais parce qu’il s’inscrit dans notre démarche. Bien sûr il doit être bon, qu’il fasse raccord ».
  • Rencontre avec Bertrand Schefer, traducteur de Zibaldone (23 mn).
Dans le Top 10 Mars 2016 (10 ème ) Leopardi, sa vie, son œuvre, ses malheurs. Ce dont il se disait porteur. La raison de ce film, Mario Martone le raconte très bien. Mais l’homme, dissocié de l’écrivain, prend ici une part prédominante à travers l’interprétation magistrale qu’en fait Elio Germano. Echappé de l’excellent « Suburra », le comédien compose un personnage complexe dans son génie, ses souffrances, sa maladie. Un homme que son père ne veut pas  voir quitter la demeure familiale. Il a mis à sa disposition depuis sa plus tendre enfance, tout le savoir nécessaire à son…
Le film
Les bonus

Je ne suis pas certain que pour le commun des mortels le nom de Léopardi résonne singulièrement bien. Personnellement j’ai dû l’entendre distraitement il y a bien longtemps sur les bancs de l’école où la poésie italienne n’était pas forcément à l’ordre du jour. Surtout celle de cet homme que nous révèle magistralement Mario Martone à travers une interprétation tout aussi remarquable d’Elio Germano (« Suburra »). Autour d’une mise en scène qui épouse l’époque (décorum vieillot, poussière et sépia) le réalisateur et le comédien rivalisent de talent pour mettre en lumière une personnalité qui ne réclamait que l’ombre et l’oubli. Il aimera en secret, mais jamais ne connaîtra l’amour. Ses idées révolutionnaires, son athéisme, sa mélancolie permanente qui transparaissent dans ses vers, Leonardi s’emploie à tout confiner dans un travail qui l’inscrit aujourd’hui comme  l’une des plus importantes figures de la poésie italienne. Le cinéaste s’attache beaucoup aux personnages, plus qu’aux situations et figure ainsi un courant intellectuel qui traversera l’Italie alors en proie aux idées novatrices venues de France. Un très beau film, parfois sombre et austère, mais toujours relevé par l’écriture de son héros. Et l’interprétation qu’il en fait.

Avis bonus Du réalisateur à l'éditeur, des lumières se penchent sur un génie ...

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