Accueil » A la une » « Une mère » de Christine Carrière. Critique dvd

« Une mère » de Christine Carrière. Critique dvd

Synopsis: Marie vit seule avec son fils de 16 ans. Elle se bat pour rester debout, pour le sortir des mauvais coups dans lesquels il s'enfonce. Trop usée et contrariée pour vivre sa vie de femme, Marie est coincée entre son ex, toujours amoureux, et son adolescent irrécupérable. La violence et le rejet envahissent tout. Il est mauvais fils, elle sera mauvaise mère.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Une mère"
De : Christine Carrière
Avec : Mathilde Seigner, Kacey Mottet Klein, Pierfrancesco Favino, Salomé Dewaels, Fiona Hernout
Sortie le : 08 novemb 2015
Distribution : Blaq Out
Durée : 100 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le documentaire

Meilleur dvd Novembre 2015 ( 5 ème )

C’est une femme battue, à sa manière. Seule, avec son ado insupportable, Marie lutte, la rage au cœur, là où il ne devrait y avoir que de l’amour. Il  lui en reste encore un peu, mais au fil des incartades de Guillaume, la maman lâche prise.

Sans véritable repère affectif (l’ex de Marie –Pierfrancesco Favino– n’est pas son père) le garçon dérive de plus en plus dangereusement avec une bande de copains tout aussi inconsciente.

Les premières images de Christine Carrière posent le cadre et le décor d’un paysage qui n’est pas indifférent à l’histoire. Malgré la mer voisine, la grisaille et la solitude hantent les rues de cette petite ville du Pas-de-Calais, et froncent les sourcils des jeunes qui s’ennuient. Dehors Guillaume s’éclate bêtement, chez lui c’est une tête à claques qui répond avec l’insolence de ses 16 ans. Kacey Mottet Klein, carton plein !

« On me dit que tu es irrécupérable » pleure la mère  «  que tu es un petit caïd ». De l’école à l’alternance, Guillaume demeure malgré tout dans la moyenne conforme aux statistiques de ceux qui savent. Mais la moindre étincelle suffit à le faire exploser. Les mots passent de plus en plus mal, l’amour s’exprime de moins en moins bien.

Et quand tout s’embrase, que l’odieux le dispute à la violence, Marie lâche définitivement les rênes. Elle sera une mauvaise mère, celle qui crache à la figure de son fils des paroles inconnues. « T’es une erreur d’un soir, quelqu’un de mauvais, t’es pas une bonne personne, je le sais maintenant, je ne suis pas obligé de payer ».

 On ne parle plus de confrontation mais de haine. Les troubles du comportement de Guillaume n’ont plus aucune prise sur cette mère qui s’enfonce dans la spirale du déni, tout aussi destructrice.

photo.Une-Mere.172250

 Deux êtres qui se broient. Mathilde Seigner, pleine, entière, vraie…

Des instants de répit, des moments de respiration, Marie les quête auprès de son ex qui ne demande qu’à revenir. Des  rêves entrevus comme une voiture qui sent le neuf «  au moins une fois dans ma vie, la sentir ». Mais les apparences sont trompeuses, Marie ne vit plus que pour son fils. Elle le protège et le protégera jusqu’au bout. L’adolescence doit-elle en faire son deuil ? Christine Carrière élude la réponse.

LE SUPPLEMENT

  • « Jérôme, c’est moi » (60 mn)  de Christine Carrière -2001. Il pourrait s’agir d’une transposition de la fiction à la réalité, bien qu’ici le jeune homme retenu par la caméra soit beaucoup moins agité que le Guillaume de « Une mère ». Il ne prend guère de gants avec ses parents, son langage est plutôt vert, mais la posture demeure respectable vis-à-vis de son environnement.

photo.Une-Mere.172240

Il s’appelle donc Jérôme, habite du côté de Noyon et participe à une sorte de psychanalyse quand il est face caméra. Il raconte ce qu’il imagine et comment il s’imagine. On le voit dans son lycée agricole, on le suit dans ses loisirs en fin de semaine avec ses copains. Il va aussi régulièrement à la messe.« Si je devais renaître, je travaillerais plus. Quand j’étais  petit, je foutais le bordel, j’ai perdu des notions ». Ses idées sur la vie, l’amour, assez primaires mais bien naturelles passent au travers d’un quotidien qu’il partage avec ses parents et ses grands-parents, qu’il semble affectionner beaucoup.

Le souvenir d’une copine décédée il y a deux ans, le fait fondre en larme. Qu’est-il devenu ? Ce documentaire date de 2001…

Meilleur dvd Novembre 2015 ( 5 ème ) C’est une femme battue, à sa manière. Seule, avec son ado insupportable, Marie lutte, la rage au cœur, là où il ne devrait y avoir que de l’amour. Il  lui en reste encore un peu, mais au fil des incartades de Guillaume, la maman lâche prise. Sans véritable repère affectif (l’ex de Marie -Pierfrancesco Favino- n’est pas son père) le garçon dérive de plus en plus dangereusement avec une bande de copains tout aussi inconsciente. Les premières images de Christine Carrière posent le cadre et le décor d’un paysage qui n’est pas indifférent…
Le film
Le documentaire

Mathilde Seigner, pleine, entière, vraie dans un rôle éminemment compliqué, qui doit exiger beaucoup de sa personne. Elle est avant tout celle pour qui on s’accroche tant le propos heurté est parfois d’une violence liée à des gestes tout aussi inconvenants d’un fils envers sa mère. Kacey Mottet Klein est également exceptionnel dans le rôle ingrat du gamin insupportable et qui lui-même ne supporte pas son mal de vivre. Sa souffrance, ses troubles du comportement sont ici portés au discrédit d’une éducation générale, inaboutie. Si Christine Carrière veut dénoncer un système, elle engendre beaucoup plus de questions que de réponses. C’est peut-être la société actuelle qui nous mène dans de telle impasse. Quand le cinéma s’y engouffre d’aussi forte manière, c’est toute sa raison d’être.

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Chroniques de Téhéran » de Ali Asgari et Alireza Khatami. Critique cinéma

Un Kafka iranien démultiplié. Et toute l’absurdité d’un système balayé par l’ironie sourde de ses habitants. Démonstration magistrale

Laisser un commentaire