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« Polina » de Valérie Müller et Angelin Preljocaj . Critique cinéma

Le tableau final, bien tardif, magnifique

Synopsis: Russie, dans les années 90. Portée depuis l'enfance par la rigueur et l'exigence du professeur Bojinski, Polina est une danseuse classique prometteuse. Alors qu'elle s'apprête à intégrer le prestigieux ballet du Bolchoï, elle assiste à un spectacle de danse contemporaine qui la bouleverse profondément. C'est un choc artistique qui fait vaciller tout ce en quoi elle croyait. Elle décide de tout quitter et rejoint Aix-en-Provence pour travailler avec la talentueuse chorégraphe Liria Elsaj et tenter de trouver sa propre voie.

La fiche du film

Le film : "Polina, danser sa vie"
De : Valérie Müller, Angelin Preljocaj
Avec : Anastasia Shevtsova, Niels Schneider
Sortie le : 16/11/2016
Distribution : UGC Distribution
Durée : 108 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le film

Il est des reconversions difficiles. Le chorégraphe Antonin Preljocaj l’apprend à ses dépens. Plus conseiller technique et artistique que réalisateur et scénariste, le danseur apporte une touche très personnelle à l’édification de ce récit qui une fois la ballerine retirée fait un peu n’importe quoi.

Beaucoup de contre-sens désordonnent la structure narrative. Malgré les difficultés financières de la famille de Polina lui interdisant l’accès au Bolchoï, elle y accède quelques temps plus tard, sans plus d’explication. Auparavant, elle aura eu à subir l’indifférence d’un professeur de danse qui la renverra de son ballet. Et pourtant la jeune fille ne cesse d’être à ses côtés jusqu’à l’adolescence…

Ces maladresses passagères posent leur empreinte sur un film qui l’est tout autant. Peut-être paralysée par l’écriture bédéphile de Bastien Vivès dont elle s’inspire, la co-réalisatrice Valérie Müller désarticule son héroïne qui peine à trouver ses marques. Elle est jouée par Anastasia Shevtsova pour la première fois à l’écran.

Dans la première partie, au coeur de la famille de Polian, le film a une véritable signification
Dans la première partie, au cœur de la famille de Polina, le film a une véritable signification.

Il faudra lui trouver un autre écrin pour mieux saisir le profil d’une personnalité que le cinéma transporte dans le « monde merveilleux » de la danse et de ses contraintes. Sociales au cœur d’une famille aimante, mais traversée par le courant répressif d’un pays en proie à la violence. Le père de Polina en fait les frais et la jeune danseuse préfère alors s’exiler en France, par vouloir et aussi par amour.

Une autre vie pour l’héroïne confrontée cette fois à la candeur de sa jeunesse dans un univers qui ne l’attend pas. Elle va serrer les dents, et prendre le parti artistique qu’elle s’est assignée en quittant son pays. Sur ce chemin hyper balisé entre rêves et désappointements, Niels Schneider (le petit copain) et Juliette Binoche (l’un de ses professeurs en France) cautionnent sans entrain une attitude cinématographique vouée à l’échec.

Il est étonnant comme la mise en scène surligne ses artifices par des sauts de puce qui n’ont rien de l’ellipse. C’est d’une mollesse inquiétante quand on sait que Polina se prépare à affronter de redoutables censeurs. Elle abandonne la danse académique pour une option hautement contemporaine, mais rien n’y fait, le ton demeure le même, sans véritable dynamique dans le geste et le regard.

Je parle là du cinéma. Pour la danse, le rythme est tout autre, passionnant mais totalement détaché de la mise en scène. Comme si les pièces de Preljocaj illustraient un discours sans passion. Quand il est demandé à des danseurs « hip-hop » d’imaginer des animaux, la séquence du jeune garçon est sublime. Elle est relayée par la prestation de Polina tout aussi hypnotique avant que le tableau final ne nous offre une composition belle et excessive dans sa dualité. Pour cette scène, il ne faut pas quitter la salle trop vite…

Il est des reconversions difficiles. Le chorégraphe Antonin Preljocaj l’apprend à ses dépens. Plus conseiller technique et artistique que réalisateur et scénariste, le danseur apporte une touche très personnelle à l’édification de ce récit qui une fois la ballerine retirée fait un peu n’importe quoi. Beaucoup de contre-sens désordonnent la structure narrative. Malgré les difficultés financières de la famille de Polina lui interdisant l’accès au Bolchoï, elle y accède quelques temps plus tard, sans plus d’explication. Auparavant, elle aura eu à subir l’indifférence d’un professeur de danse qui la renverra de son ballet. Et pourtant la jeune fille ne cesse d’être à…
Le film

Je n’ai pas lu la BD de Bastien Vivès dont s'inspire la réalisatrice et le chorégraphe. Une lacune qui ne change rien au sentiment d’échec pour ce film qui colle très maladroitement de magnifiques séquences de danse (principalement contemporaine) sur un scénario consensuel et inabouti. Beaucoup de contre-sens désordonnent la structure narrative dans laquelle l’héroïne - Anastasia Shevtsova, sans véritable envergure- se retrouve ballottée d’une culture à l’autre avec le sentiment de passer à travers les arguments d’une histoire qui ne la concerne pas vraiment. Sur son chemin hyper balisé entre rêves et désappointements, Niels Schneider et Juliette Binoche cautionnent sans entrain une attitude cinématographique qui frise l’abstraction, par trop de modération. Juliette a droit à son petit solo chorégraphié : il n’a aucune signification par rapport à l’histoire. Un exemple de la vacuité de ce film…

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