Accueil » A la une » « Eté 93 » de Carla Simon Pipo.Critique cinéma-dvd

« Eté 93 » de Carla Simon Pipo.Critique cinéma-dvd

Synopsis: Suite à la mort de ses parents, Frida, 6 ans, quitte Barcelone et part vivre à la campagne chez son oncle et sa tante et leur petite fille de 3 ans. Le temps d'un été, l'été 93, Frida apprendra à accepter son chagrin, et ses parents adoptifs apprendront à l'aimer comme leur propre fille.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Été 93"
De : Carla Simon
Avec : Laia Artigas, Paula Robles, Bruna Cusi, David Verdaguer
Sortie le : 21 Novemb 2017
Distribution : Pyramide Video
Durée : 90 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Prix du meilleur premier film, Berlin 2017 – 

Je suis très partagé par ce film qui aborde le problème du deuil d’une petite fille et évite bien des écueils sur un sujet aussi grave et délicat. Il va juste au cœur de l’enfant qui du haut de son innocence cerne parfaitement les enjeux à venir. Confiée à sa tante, Anna retrouve une famille ordinaire avec une petite fille qui l’accueille comme sa grande sœur.

Rien de pathétique dans l’approche de la réalisatrice, beaucoup de vrai et de sincérité, mais aussi d’atermoiements et d’attentes autour d’une personnalité imaginée pour la dramaturgie à venir. Gâtée par son entourage, foncièrement égoïste, Anna se referme sur sa petite personne, et conteste sa nouvelle vie plus ou moins frontalement.

Elle s’évade dans sa tête, et la nature alentours, évite les regards, les questionnements et le mélange des genres. Anna vient de la grande ville, la campagne lui fait peur.Six ans, l’âge de la mutinerie aux yeux de Carla Simon Pipó qui s’appuie dit-on sur une expérience très personnelle pour rapporter avec précaution et sensibilité l’histoire de ce déracinement, de cet abandon.

Conflit latent, escarmouches sournoises, Anna multiplie les sources d’affrontements au cœur d’une famille pourtant très aimante et attentionnée. Les éclats sont rares, la demi-mesure tient lieu de réconfort dans cet espace à priori serein, confiné dans le bonheur ouaté d’un petit coin de nature.

Jusqu’au jour du trop plein, du ras le bol et de l’éclatement des sentiments pour lesquels la tata ne sait plus quoi faire. Carla Simon tient enfin son film à la bonne distance de tous ces protagonistes trop bien protégés par un scénario confortable. Elle touche le cœur du problème dans lequel la petite héroïne assume maintenant toutes ses relations conflictuelles et complices avec sa nouvelle famille, avant que la vie, le train train et le quotidien ne reprennent leur droit dans la reconnaissance de ce qui ne sera plus comme avant. Exceptionnelle depuis les premiers instants, la jeune Laia Artigas est à ce moment émouvante, bouleversante. Une vraie gamine de six ans !

LES SUPPLEMENTS

  • Entretien avec la réalisatrice-scénariste. Carla Simon explique clairement l’histoire de ce film, très intimement lié à sa famille et donc à sa propre histoire.
La réalisatrice

« Je n’ai toujours pas compris comment mes grands-parents, catholiques, avaient pu avoir sept enfants complètement différents, de gauche, avec des idées très ouvertes. (…)  Je pense que c’était lié au contexte, à la mort de Franco, un vent de liberté dont l’Espagne avait vraiment besoin »

Elle évoque l’arrivée de l’héroïne, le Sida, « mon père est mort quand j’avais trois ans, ma mère trois ans plus tard, aujourd’hui encore on ne parle pas beaucoup de cette période, même si depuis mon film beaucoup de gens me disent avoir connu la même histoire. (… ) A travers le film j’ai essayé de retrouver des souvenirs de ma famille, car je n’ai pas de souvenirs précis ».

Il est intéressant de voir le travail relationnel préparatoire entre les comédiens jeunes ou pas. La réalisatrice en parle très bien comme d’un long processus avant de préparer les scènes écrites dans le scénario pour que les plus jeunes ne soient pas surpris.Elle fait enfin référence à Jacques Doillon et à son film « Ponette », et surtout au documentaire « Jouer Ponette » dans lequel « je le voyais beaucoup parler pendant les prises de vue, ce dont je me suis inspiré pendant le tournage pour expliquer ce que je voulais au moment où la scène se déroulait ».

La mère et la fille se côtoient, mais elles sont bien ailleurs. (« Las Pequenas cosas »)
  • Court-Métrages

Elle en compte quatre désormais, dont l’importance s’attache une fois encore à son histoire et à celle de sa famille. Elle l’explique ici dans une courte introduction

« Llacunes » (2016-15 mn) . D’après les lettres de sa mère, Carla Simon filme les lieux où elles ont été écrites. C’est très beau, émouvant et sensible…

« Las Pequenas cosas » (2015-26 mn). Film de fin d’études inspiré par son environnement proche, ou l’histoire d’une jeune femme naine et de sa mère. Le couple se supporte par la force des choses et ne vit maintenant qu’à l’annonce de la visite du fils aîné, un artiste qui s’apprête à faire une tournée. Il vient présenter sa fiancée.

Ce que nous montre la réalisatrice des rapports entre les deux femmes est terrible, la mère ne vivant que dans l’espoir du retour de l’homme. Tout se passe au-dessus de la jeune fille, au propre comme au figuré. Elle est absente de ses pensées, de ses préoccupations immédiates. Une réalité sans concession très bien filmée dans le cadre naturel d’une porte, d’une fenêtre, d’un dispositif où l’enfermement est irrémédiable. Les deux comédiennes que l’on retrouve dans « Eté 93 » sont magnifiques.

Prix du meilleur premier film, Berlin 2017 -  Film primé à Cannes Ecrans Juniors 2017. Meilleur dvd Novembre 2017 ( 7 ème ) Je suis très partagé par ce film qui aborde le problème du deuil d’une petite fille et évite bien des écueils sur un sujet aussi grave et délicat. Il va juste au cœur de l’enfant qui du haut de son innocence cerne parfaitement les enjeux à venir. Confiée à sa tante, Anna retrouve une famille ordinaire avec une petite fille qui l’accueille comme sa grande sœur. Rien de pathétique dans l’approche de la réalisatrice, beaucoup de vrai…
Le film
Les bonus

S’inspirant d’une histoire très personnelle, la réalisatrice prend me semble-t-il beaucoup de précautions avant d’aborder frontalement le sujet de son film : le deuil d’une petite fille de six ans qui n’a pas connu son père et voit maintenant sa mère disparaître. On comprendra plus tard de quoi elle est morte. Carla Simon Pipo tisse autour de son héroïne une toile protectrice dans laquelle Anna va s’enfermer afin de répondre négativement à la nouvelle vie qui l’attend. C’est délicat, sensible et bien mené, mais avec beaucoup trop d’attente dans le développement des situations (il n’est pas question de dénouement) qui tardent à débloquer une issue bien balisée par un scénario confortable. Le sujet bien particulier était surtout très sensible. La réalisatrice en évite bien des écueils, mais à trop marcher sur la pointe des pieds, on ne sait plus très bien où on les pose. Exceptionnelle depuis les premiers instants, la jeune Laia Artigas connaît par contre très bien la meilleure façon de marcher dans ce monde qu’elle abordait pour la première fois : émouvante, bouleversante, une vraie gamine de six ans ! AVIS BONUS Une très belle rencontre avec la réalisatrice doublée par des courts métrages intéressants, dont son film de fin d’études, totalement abouti.

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Il reste encore demain » de et avec Paola Cortellesi . Critique cinéma

L'Italie sort de la guerre, les femmes y entrent. A armes inégales

Laisser un commentaire