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Emir Kusturica ne rêve plus de l’Amérique . Interview

Synopsis: Après « Papa est en voyage d'affaires » et « Le temps des gitans », Emir Kusturica dresse le bilan du rêve américain : « Arizona Dream », ou les illusions perdues.

La fiche du film

Le film : "Arizona Dream"
De : Emir Kusturica
Avec : Johnny Depp, Jerry Lewis
Sortie le : 06/01/1993
Distribution : UGC Ph
Durée : 142 Minutes
Genre : Comédie dramatique, Fantastique
Type : Long-métrage
Le film

 « Arizona dream » – 1993

Il a le regard sombre, rebelle. Il parle peu. Ou différemment. Un regard qui s’attarde, un sourire furtif.

        « Arizona Dream », son dernier film réalisé aux Etats-Unis, n’est pas américain. « Merci du compliment » dit-il visiblement ravi de la remarque. Le cinéaste tire un trait sur trois années de rêves made in U.S.A. « Dans mon enfance yougoslave, l’Amérique c’était une métaphore merveilleuse. Aujourd’hui l’image s’est brisée, je ne rêve plus de ce pays-là. C’est une machinerie énorme, qui engloutit les gens. »

            Kusturica a perdu ses illusions dans un coin de l’Arizona, là où Jerry Lewis entasse des Cadillac, les unes sur les autres. Objectif : décrocher la lune ! Tout près, Faye Dunaway, plus fêlée que le garagiste du coin, rêve aussi de s’envoler sur des engins improbables.

Et puis, il y a Axel, alias, Johnny Depp. Dans la baie d’Hudson, le jeune homme compte les poissons pour le département « Pêche et Chasse » de New York. Il ne désire rien d’autre, sinon partir vers le Grand Nord, à la recherche de son poisson fétiche : le flétan.

         Mais le jour où l’oncle Léo lui confie la concession automobile, le jour où la belle Anna s’entiche d’une Cadillac, ce jour-là, Axel brise son rêve le plus fou : ne jamais grandir comme un adulte !

   Kusturica s’identifie aux héros de ce conte philosophique avec insistance. L’ouverture onirique est grandiose, sa mise en scène tragi-comique, remarquable . Mais le cinéaste ne tient pas la distance. (2 h 20). Les redites sont nombreuses, les métaphores n’en finissent pas.

Comme ce flétan qui revient sans cesse voleter.

            La réalisation, assez distante, presque ironique, et l’ hommage rendu au cinéma américain des années 70-80 (Hitchcock, Coppola, Scorsese, Spielberg) évitent le film à thèse. Pour un exercice de style, baroque, de la vision des U.S.A. que Jerry Lewis et Faye Dunaway s’approprient de fort belle manière.

           Le choix, bien sûr n’est pas innocent. « Le premier a emballé mon enfance et vous n’imaginez pas la joie que j’ai eu quand je l’ai vu devant ma caméra. » La rencontre avec Faye Dunaway fut plus épineuse. Star parmi les stars, « elle ne vivait que pour elle-même. Mais après les choses se sont arrangées, elle a rejoint le groupe. »

Johnny Depp, Lili Taylor, Vincent Gallo, Paulina Porizkova

Et puis,  Iggy Pop en personne, co-auteurs avec Goran Bregovic du thème principal « In the death car »

        « Iggy Pop, lui aussi c’est le héros de mon enfance. L’un des derniers qu’il me reste. Avec lui le rêve américain touche bien à sa fin, il faut en trouver un autre » commente le cinéaste, un rien dépité, face au chaos ambiant. Il quitte un continent, mais ne revient pas au pays natal. « J’ai toujours été citoyen yougoslave, jamais nationaliste. Ce qui fait que depuis 1989, j’ai compris que je n’y avais  plus ma place. J’attendrai la nouvelle Yougoslavie pour y revivre, ce sera un pays où l’on parlera à nouveau yougoslave, et qui m’acceptera tel que je suis. »

Dans cet espoir il envisage d’adapter « Un pont sur l’Adrina », de Ivo Andritch, avec Gérard Depardieu dans le rôle principal. « Celui du premier consul français à Travnik. Son histoire explique parfaitement ce qui se passe actuellement dans mon pays. »

            Un pays qui fout le camp . Des rêves en faillite. Sale temps pour les flétans !

  • Dans la série  » Mes papiers datés » :

« Mocky selon Mocky » 1998 –

« Agnès Varda et Michel Piccoli font leur cinéma » 1995 –

« Dominique Pinon – Quoi ma gueule ! » 1995 –

Albert Dupontel -1999 –

« La passion selon Greggory … ou l’exclusion » – 1997

 "Arizona dream" - 1993 Il a le regard sombre, rebelle. Il parle peu. Ou différemment. Un regard qui s'attarde, un sourire furtif.         « Arizona Dream », son dernier film réalisé aux Etats-Unis, n'est pas américain. « Merci du compliment » dit-il visiblement ravi de la remarque. Le cinéaste tire un trait sur trois années de rêves made in U.S.A. « Dans mon enfance yougoslave, l'Amérique c'était une métaphore merveilleuse. Aujourd'hui l'image s'est brisée, je ne rêve plus de ce pays-là. C'est une machinerie énorme, qui engloutit les gens. »             Kusturica a perdu ses illusions dans un coin de l'Arizona, là…
Le film

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