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« Amal-Esprit libre » De Jawad Rhalib . Critique cinéma

  • 17 avril 2024 en salle
  •  1h 51min | Drame
  • Avec Lubna Azabal, Fabrizio Rongione, Catherine Salée
  • UFO-Distribution

L’histoire : Amal, enseignante dans un lycée à Bruxelles, encourage ses élèves à s’exprimer librement. Avec ses méthodes pédagogiques audacieuses et son enthousiasme, elle va bouleverser leur vie. Jusqu’à en choquer certains. Peu à peu Amal va se sentir harcelée, menacée.

  • Prix du public, festival du film politique de Carcassonne. Festival du film d’Albi- Palm Strings 2024
  • Lubna Azabal, meilleure actrice , Black Nights Film Festival

Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article

On quitte à peine «  La salle des profs » de Ilker Catak pour entrer dans une autre classe, un autre pays ( la Belgique ), mais tout semblable au nôtre dans son actualité brûlante, vis-à-vis des communautarismes et de leurs injonctions menaçantes.

Dans un collège de Bruxelles, certains élèves, plus ou moins en voie de radicalisation, se moquent de l’une d’entre elles Monia ( Kenza Benboutcha ) pour ses inclinaisons homosexuelles. Monia est musulmane et trahit ses frères et sœurs lui martèlent à longueur de journée Jalila ( Ethelle Gonzalez Lardued ) et Rachid ( Mehdi Khachachi ) , les plus virulents du groupe.

La scène d’ouverture, sous la douche est déjà éloquente…

Amal, la professeur modère à l’origine les propos, puis les gestes, avant de s’emporter elle aussi devant des comportements aussi bellicistes. Sa mission étant de transmettre rappelle-t-elle, c’est dans cette direction qu’elle tente de ramener tout le monde à la raison. Elle leur propose de découvrir un poète du VIII ème siècle, Aboû Nouwâs qui prône la liberté sexuelle.

13 siècles plus tard, le message de tolérance ne passe pas, elle vient d’allumer un brûlot . Les familles s’en mêlent, lui interdisent d’enseigner les textes de Nouwâs. Jalila s’acharnent encore plus sur Monia, entraînant dans sa colère, la haine aveugle des membres de ce courant fondamentaliste extrême.

Nabil (Fabrizio Rongione), prof de religion et imam converti depuis peu, a une influence énorme sur les gens

On est alors loin de l’esprit critique prôné par la professeure qui voit à son tour les réseaux sociaux s’emparer de son histoire. Jawad Rhalib, le réalisateur avait jusqu’alors soigneusement exposé les données du problème, le voici qui enclenche à vue sur des situations plus explosives les unes que les autres.

La proviseure ( Catherine Salée), dépassée, ne veut « surtout pas de vagues », mais trop tard la tempête emporte tout sur son passage, du diktat parental à l’obscurantisme, via la bonne foi contrariée d’Amal désormais en plein naufrage.

Le spectateur ne peut échapper à ce rappel nullement fictionnel d’un drame qui se renouvelle un peu chaque jour et nous renvoie l’image de Samuel Paty et de ses consorts harcelés pour idéologie contraire.

Lubna Azabal , est au centre des débats, grande, magnifique, inquiétante dans son affrontement destructeur quand on lui parle de viol, de meurtre, et qu’elle crie elle aussi sa souffrance , ses douleurs, ses peurs. Les jeunes comédiens sont pour la plupart novices. Un baptême du feu… radical !

17 avril 2024 en salle  1h 51min | Drame Avec Lubna Azabal, Fabrizio Rongione, Catherine Salée UFO-Distribution L'histoire : Amal, enseignante dans un lycée à Bruxelles, encourage ses élèves à s’exprimer librement. Avec ses méthodes pédagogiques audacieuses et son enthousiasme, elle va bouleverser leur vie. Jusqu’à en choquer certains. Peu à peu Amal va se sentir harcelée, menacée. Prix du public, festival du film politique de Carcassonne. Festival du film d'Albi- Palm Strings 2024 Lubna Azabal, meilleure actrice , Black Nights Film Festival Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article On quitte à peine «  La…
Le Film

C’est un coup de projecteur très puissant , voir aveuglant porté sur une part du système scolaire belge ( la France est tout autant concernée ) vis-à-vis de la radicalisation de certains élèves . Ils contestent de plus en plus violemment la manière dont les préceptes de l’Islam sont intégrés à l’enseignement laïque belge. Avec cette fois un cas particulier visant une jeune fille musulmane à qui ses «  copains-copines » reprochent d’être homosexuelle. Elle s’affirme pleinement dans son inclinaison sentimentale, et reçoit pour ça indirectement puis plus frontalement le renfort de la professeure principale qui tente d’adapter sa conduite éducative à la situation qui s’envenime au fil des cours. Menaces de viol, de meurtre, lacérations, d’anonymes détracteurs puisent au source du mal , prétextant leur liberté, leur raison d’être. Le spectateur ne peut échapper à ce rappel nullement fictionnel d’un drame qui se renouvelle un peu chaque jour et nous renvoie l’image de Samuel Paty et de ses consorts assassinés pour idéologie contraire. Lubna Azabal , est au centre des débats, grande, magnifique, inquiétante dans son affrontement destructeur face à  sa souffrance , ses douleurs, ses peurs. Les jeunes comédiens sont pour la plupart novices. Un baptême du feu… radical !

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