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« 11 minutes » de Jerzy Skolimowski .Critique cinéma

Synopsis: Un mari jaloux hors de contrôle, une actrice sexy, un réalisateur carnassier, un vendeur de drogue incontrôlable, une jeune femme désorientée, un ex-taulard devenu vendeur de hot-dog, une équipe d'auxiliaires médicaux sous pression ... 11 moments de vie de citadins contemporains qui vont s'entrecroiser et s'entrelacer.

La fiche du film

Le film : "11 minutes"
De : Jerzy Skolimowski
Avec : Richard Dormer, Paulina Chapko
Sortie le : 19/04/2017
Distribution : Zootrope Films
Durée : 81 Minutes
Genre : Thriller
Type : Long-métrage
Le film

Jerzy Skolimowski ne lâche rien. A 79 ans, le maître de « Travail au noir » applique consciencieusement les principes du cinématographe tout en bousculant savamment leur légitimité. Comme Olivier Assayas dans « Personal shopper », le réalisateur polonais estime lui aussi que « le statut du cinéma tient à sa capacité d’être témoin des autres images ».

Caméra de poche, de surveillance, téléphone portable, l’image se reproduit à l’infini dans cette journée si particulière où des gens vont se croiser dans une même ville, s’ignorer et pourtant interférer sur le bon déroulement de leur quotidien. Un exercice assez risqué que Skolimowski pousse joliment à l’extrême en ne composant jamais la même histoire pour ses protagonistes à l’origine bien ordinaires.

Même si la mariée d’un jour, comédienne de la relève, se prend d’un autre rêve le lendemain, lors d’un casting très privé. L’époux tout frais court à perdre haleine dans l’hôtel où le réalisateur opère. Par la fenêtre de cet appartement… du 11 ème étage, on aperçoit un homme qui vend des hot-dogs à des bonnes sœurs bien guillerettes…

Entre la rencontre artistique incertaine et le ballet des nonnes affamées, le cinéaste orchestre une folle partition écrite pour chaque personnage pendant 11 minutes aux alentours de 17 h. Le tempo est serré et la cadence des intervenants devient de plus en plus dramatique au fur et à mesure que le canevas se resserre. On pressent le pire, avant de sourire devant le laveur de carreau paniqué pour avoir dépassé sa pause sentimentale.

L’ancien professeur ( Andrzej Chyra), tout juste sorti de prison vend maintenant des hot-dogs. Son fils lui avait donné rendez vous à 17 h pour se marier dans la foulée, et il n’est toujours pas là.

Il lui faut faire maintenant fissa quand depuis le balcon de ses opérations une ambulance déboule toute sirène hurlante.

Le spectateur connait déjà les raisons de son déplacement, le cinéaste a pris les devants. Il filme par prémonition, ordonne un puzzle mal ajusté et à qui il manquera forcément une pièce, ou là bonne correspondance. On ne sait pas laquelle car on ne sait jamais (logiquement) ce qui se passe chez le voisin.

La comédienne et son réalisateur, drôle d’endroit pour une rencontre…

Le monde cogne à sa porte nous dit le cinéaste, en quiproquos et catastrophe finale dont le ridicule accentué par des effets d’images et une surenchère de rebondissements parodie joyeusement le blockbuster préfabriqué.

Je l’imagine rigolard, l’ancêtre, devant cette pantalonnade cinématographique qui le renvoie à des années-lumière. C’est un saut dans le vide, une pirouette sidérale, une comète du septième art. Une très belle étoile !

Jerzy Skolimowski ne lâche rien. A 79 ans, le maître de « Travail au noir » applique consciencieusement les principes du cinématographe tout en bousculant savamment leur légitimité. Comme Olivier Assayas dans « Personal shopper », le réalisateur polonais estime lui aussi que « le statut du cinéma tient à sa capacité d’être témoin des autres images ». Caméra de poche, de surveillance, téléphone portable, l’image se reproduit à l’infini dans cette journée si particulière où des gens vont se croiser dans une même ville, s’ignorer et pourtant interférer sur le bon déroulement de leur quotidien. Un exercice assez risqué que Skolimowski pousse joliment à…
Le film

Jerzy Skolimowski persiste et signe pour un cinéma qui porte vraiment bien son nom, celui du pouvoir des images contestées dans tout ce qu’elles ont de plus véridiques et charnelles. Loin de la complaisance et des effets linéaires des scénarios faciles, le réalisateur imagine cette fois la manière dont le monde se comporte en tournant réellement sur lui-même. Et donc en n’apportant rien de consistant à son existence. Il le fait à travers un film à tiroirs dans lequel 11 personnages vont participer à la même journée sans le savoir mais tout en provoquant les ressorts nécessaires à sa plus ou moins bonne exécution. C’est tellement maîtrisé et joyeux, dramatique et irrévérencieux que le puzzle devient parodique et acerbe. A sa façon très personnelle et intelligente Jerzy Skolimowski saute dans le vide et se rattrape de manière sidérale. C’est un film mal identifié, un FMI du septième art…

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