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« Close up » de Abbas Kiarostami . Critique DVD

" Et le vent nous emportera"

Synopsis: Cinéphile obsessionnel Hossein se fait passer pour le célèbre cinéaste Mohsen Makhmalbaf à qui il ressemble, afin de s’attirer les faveurs d’une famille bourgeoise. Une fois démasqué, il est traîné devant la justice. Apprenant ça, Kiarostami s’empresse de réunir une équipe de tournage afin de reconstituer les faits.

La fiche du Disque

Le film : "Close Up"
De : Abbas Kiarostami
Avec : Ali Sabzian, Hasan Farazmand
Sortie le : 05 janvier 2010
Distribution : Editions Montparnasse
Durée : 96 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de Disque : 2
Le film
Les bonus

Emblématique. Trente ans après «Close-up» conserve toujours un point de vue cinématographique éminemment symbolique .

Le réalisateur iranien a connu un joli succès avec « Ou est la maison de mon ami? » qui révèle déjà un tempérament hors du commun . Peu de moyens techniques, une approche de la mise en scène sommaire, comme prise sur le vif ,avec des acteurs amateurs, le plus souvent .

Tout ce qui fait de «  Close-up » un film atypique et plus encore pour son histoire.

Celle d’un cinéphile obsessionnel qui se fait  passer pour le cinéaste Mohsen Makhmalbaf afin de s’attirer les faveurs d’une famille iranienne bourgeoise. Une fois démasqué,il est traîné devant la justice pour escroquerie. Après ce fait divers, Abbas Kiarostami fait rejouer toute l’affaire, procès compris, par les protagonistes eux-mêmes . Il réconcilie aussi les deux parties en tournant le film promis par « l’imposteur ».

Mohsen Makhmalbaf a reçu la médaille d’or Fellini pour son oeuvre cinématographique et son engagement en faveur des femmes afghanes.

Un merveilleux sujet pour un cinéaste qui tout en démontant  les mécanismes de la manipulation, révèle le caractère  d’un homme qui joue sa propre vie. On est loin du cinéma dans le cinéma , mais bien d’une introspection ,involontaire , peut-être, mais qui fait qu’un individu en confondant le cinéma et son quotidien en vient à livrer les réflexions les plus secrètes de sa personnalité .

Une sorte de psychanalyse en direct , prolongée par une réflexion sur l’art du cinéma.

Cette prise de pouvoir, admet notre homme, le fait sortir de son rang «  pour l’amour du septième art. Et là en faisant le metteur en scène, en demandant à changer une tasse de place, ou de couper un arbre pour avoir le bon angle ,j’étais respecté » .

Kiarostami  lui-même joue sur la mystification  Il amalgame de manière incroyable le  documentaire, la fiction, et le  reportage , et met en scène des images volées , à la sortie de prison du faux cinéaste.

Un regard à distance que le réalisateur a toujours conservé  avec son sujet, lui laissant toute latitude pour s’exprimer , avec la sagesse exemplaire qui caractérise son travail .

LES SUPPLEMENTS

C’est un film ahurissant dans sa maîtrise narrative, liée à une scénographie qui nous bringuebale joliment. Où est le véritable simulacre dans «  Close-up » nous demande son auteur qui dans les bonus revient avec insistance sur cette question de la faisabilité d’un film .

«  Ce ne sont que des mensonges » dit-il dans le très beau documentaire  « Abbas Kiarostami, vérités et songes » de Jean-Pierre Limosin . On le suit dans les paysages qu’il a filmés , à la  rencontre des acteurs qui ont joué dans ses films.

Hossain Sabzian qui rêvait d'être un cinéaste

Hossain Sabzian qui rêvait d’être un cinéaste

 Personnellement j’ai trouvé très émouvant de revoir Hossein ,le « héros » de «   Et la vie continue » aujourd’hui retournée auprès de sa femme et de sa petite fille .

 Kiarostami explique ainsi longuement sa vision du cinéma, son rapport avec les acteurs, sa vision de la chance et du hasard, son utilisation du mensonge pour se rapprocher de la vérité…

  • « Close-Up long shot »de Mamhoud Chokrollahi et Moslem Mansouri (43 min – 1996). Cinq ans après le tournage,  le héros du film parle à nouveau de son amour sans limite pour le cinéma. Une pure pathologie cinéphile, celle d’un homme profondément mélancolique, ( «  si j’avais de l’argent , j’achèterais des cerfs volants, pour ne pas grandir » ) à la fois mégalomane et brisé, maudissant le cinéma de lui avoir volé sa vie, tout en gardant intacte sa fascination .

A sa sortie de prison , le faux réalisateur est accueilli par le vrai. Kiarostami les filme à la dérobée …

Et d’une lucidité sans faille quant aux autres protagonistes de l’affaire : la famille avide de reconnaissance, le journaliste guettant la bonne affaire …

  • « Le jour de la première de Close-Up, » par Nanni Moretti (7 min – 1996). Le réalisateur italien possède un  cinéma à Rome, le « Nuovo Sacher ». A la sortie du film de Kiarostami, il fait tout ce qu’il peut pour le mettre en avant , face à une concurrence déloyale « Le Roi lion », « Quatre mariages et un enterrement »… Effervescent et drôle, Nanni Moretti n’hésite pas devant sa caméra à houspiller le personnel du cinéma afin qu’il  réponde au mieux à la clientèle qui ne se presse pas . La scène finale du répondeur est hilarante.

Nanni Moretti figure dans la collection «  Montparnasse classiques » : un coffret 4 dvd sur ses premiers films .

  •  Abbas Kiarostami .Réalisateur, scénariste et producteur de cinéma iranien né en 1940 à Téhéran. Si le public ne l’a pas toujours suivi,  la critique le soutient pour des œuvres telles que « Close-up »,  la très belle  trilogie de Koker («  Ou est la maison de mon ami? » en 1987, « Et la vie continue » en 1991 et « Au travers des oliviers» en 1994), « Le Goût de la cerise» en 1997 et «  Le Vent nous emportera » en 1999.

Kiarostami est un des réalisateurs de la Nouvelle Vague iranienne ,qui commence vers la fin des années 1960. Ils utilisent souvent le dialogue poétique et  la narration allégorique pour traiter les séquences politiques et philosophiques.

Emblématique. Trente ans après «Close-up» conserve toujours un point de vue cinématographique éminemment symbolique . Le réalisateur iranien a connu un joli succès avec « Ou est la maison de mon ami? » qui révèle déjà un tempérament hors du commun . Peu de moyens techniques, une approche de la mise en scène sommaire, comme prise sur le vif ,avec des acteurs amateurs, le plus souvent . Tout ce qui fait de «  Close-up » un film atypique et plus encore pour son histoire. Celle d’un cinéphile obsessionnel qui se fait  passer pour le cinéaste Mohsen Makhmalbaf afin de s’attirer les…

Review Overview

Le film
Les bonus

Un cinéphile réussit à se faire passer pour un réalisateur auprès d’une famille iranienne, qui accepte de figurer dans son film. L’imposteur est-il vraiment un escroc ? Vingt ans après, c’est toujours une belle page du cinéma .

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9 Commentaires

  1. c’est effectivement le genre de film que l’on voit au studio à Tours où vous habitez me semble-t-il , prise de tête et approximation de la caméra
    néanmoins continuez ainsi, il en faut pour tout le monde

  2. Il me semble que les  » studio » , bien que classé  » art et essai » ne se contentent pas de passer ce genre d’excellents films. Un peu à l’image de ce blog le complexe de la rue des Ursulines propose une très large programmation . Mais pas de problème, je vais continuer dans le sens de cette ouverture où la bonne comédie (  » Le coach ») peut côtoyer des films comme  » Close-up »,  » I feel good » ou  » Pigalle la nuit » . La diversité .

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