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« Profession reporter » de Michelango Antonioni. Critique blu-ray

  • Durée ‏ : ‎ 2 heures et 6 minutes
  • Cinéma : 18 juin 1975
  • Dvd ‏ : ‎ 20 juin 2018
  • Acteurs ‏ : ‎ Jack Nicholson, Maria Schneider, Jenny Runacre, Ian Hendry, Steven Berkoff
  • Studio  ‏ : ‎ Arcadès

Synopsis : David Locke est un reporter américain basé en Afrique. Dans la chambre voisine de son hôtel il découvre le corps d’un homme. Il décide de lui prendre son identité et va  se rendre aux rendez-vous notés dans le carnet de Robertson qui le mènent à Londres, Munich et Barcelone. Là, il rencontre une mystérieuse jeune femme prête à le suivre…Ce qu’il ne sait pas, c’est que le cadavre avait une vie bien mouvementée…

Meilleur dvd Juin 2018 ( 5 ème )

  • Le Film : 
  • Les Bonus : 

Ce qui me surprend 48 ans après c’est l’incroyable audace narrative d’Antonioni sur un sujet propice à toutes les dérives littéraires et cinématographiques. Le style du réalisateur italien demeure d’une parfaite rectitude.

Pour dire l’évasion d’un homme, de sa tête et de son corps, dans un milieu qu’il ignore totalement. S’emparer d’une identité pour trouver le repos… Ce que cherche plus ou moins consciemment ce grand reporter américain en falsifiant les papiers d’un certain Robertson, son voisin de palier.

Mort on ne sait pas comment, mais bien vivant pour la suite de nos aventures. Car l’individu transposé avait une vie très mouvementée que David Locke découvre au fur et à mesure des notes d’un carnet mystérieux.

Antonioni joue le suspense, mais retient toute action.

Comme une épure recouverte par un voile d’ombrage quand la lumière en révèle trop. Il faut pour ça un acteur de la trempe de Jack Nicholson, tout beau et tout jeunot à pour assumer cette mission périlleuse. Ici proche de l’abstraction. Etonnant ces mouvements figés, retenus dans l’immensité d’un désert où se perdent des dromadaires sahariens quand le héros parvient à se faire oublier.

David Locke est mort. L’annonce étonne plus ses amis qu’elle ne les attriste. Sa femme notamment ( Jenny Runacre ) qui bien que papillonnant sous d’autres cieux se met en quête d’en savoir un peu plus. Auprès de ce témoin, ce Mr Robertson qui a donné l’alerte avant de regagner l’Europe.

Mais bizarrement ce Robertson va les fuir. On va le retrouver furtivement, une jeune fille l’accompagne. L’affaire s’emballe mais Antonioni demeure de marbre, ou presque. L’énigme à ses yeux devient comportementale. Elle prend des airs énigmatiques pour interroger l’âme humaine et la vérité de soi. Ca parait prétentieux, c’est éclatant de vie et de bonheur.

Maria Schneider encore marquée par son dernier tango force à peine son innocence pour cette jeune femme semble-t-il accrochée au trafic du vrai Robertson. La substitution ne l’inquiète pas, elle vit l’instant comme son compagnon le présent. La réunion de deux êtres embarqués entre le vrai et le faux, sans espoir de retour, sans issue probable. C’est la dernière séquence de ce film, un étrange ballet de gens et de voitures que l’intrus observe depuis sa chambre d’hôtel où il va semble-t-il finir ses jours.

La jeune femme est encore là, dehors. Elle parle à des policiers, qui vont et viennent, sans précipitation. Le soleil se couche, et puis le silence. L’homme semble dormir. Sublime.

  • Des identités différentes dans ce blog :

« Sans identité »  de Jaume Collet-serra

« L’homme qui voulait vivre sa vie » de  Eric Lartigau

LES SUPPLÉMENTS

  •  « Antonioni vu par Antonioni » (21 mn). Un portrait du cinéaste dont on retrouve de nombreux extraits dans le documentaire «  Le regard qui a changé le cinéma » ( ci-dessous).

Le réalisateur évoque ses débuts à travers la pratique du documentaire (« Les gens du Pô »), genre interdit sous le fascisme. «  Ca a ouvert la voie au néoréalisme italien (… )  et si je suis venu à parler de la bourgeoisie ensuite, c’est parce que j’en étais issu ».La conscience d’un langage cinématographique avec des plans-séquence contre l’ absence de gros plan.

La spontanéité avant tout. « Avant un tournage je ne me demande jamais quelle sera la technique , la décision se prend dans l’objectif ». A partir de « Blow-up » et « Profession reporter », il remet en cause le pouvoir de l’image en interrogeant son impuissance à représenter le monde . « Blow up » la confrontation entre la réalité et l’apparence , « c’est mon film le plus abouti du point de vue de mes intentions premières ».

  • « Cinéma cinémas : Antonioni, la dernière séquence » (14 mn). Michelangelo Antonioni commente et analyse la dernière scène de son film.

Il explique sur la forme et le fond, avec des détails techniques très intéressants , ce qu’il a voulu traduire. Ca n’affaiblit pas du tout la force de cette séquence

  • Antonioni à propos de « Profession : reporter » (5 mn ). Dans cet extrait du journal télévisé de 13 h du 15 mai 1975, le cinéaste évoque la personnalité de son héros et sa quête de liberté introuvable.

Quand le journaliste aborde la question de la perfection, Antonioni a l’air un brin irrité. «  Je cherche à faire le film le mieux possible. (… )  Je ne sais pas parler de moi-même comme Fellini, moi c’est mon état d’âme que je mets dans le film ».

  • « Mensonge amoureux » (12 mn). Le monde du roman-photo observé par Antonioni. Une détente à bon marché, un conseiller amical… Le réalisateur suit l’évolution de ce phénomène de littérature.Avant on lisait « Le ventre de Paris », « Les misérables », dit-il dans son commentaire, aujourd’hui «  L’épouse de la mort »…

Une étude quasi sémiologique du contenu, des prénoms à l’attitude des visages, démarche que n’aurait pas renié Roland Barthes. Du dessin à la photo, le roman-photo devient de plus en plus créatif avec ses comédiens que l’on suit sur le plateau de photographie. «  Des héros de papier glacé dont il ne faut pas se moquer… ». A chacun son époque !

  • « Michelangelo Antonioni, le regard qui a changé le cinéma » (56 mn). Retour sur la carrière du réalisateur au gré d’entretiens d’époque et d’images de tournage.

Dans ce chapitre on retrouve de larges extraits de «  Antonioni vu par Antonioni ». Le réalisateur explique à nouveau sa manière de travailler dans un contexte qui est toujours en rapport avec ce qu’il vit . A l’arrivée du néofascisme par exemple, il imagine le suicide d’un garçon pour des raisons politiques

A partir de « Chronique d’un amour », un nouveau langage du cinéma voit le jour. Pour «  Les vaincus »  il fait connaissance avec la censure. Le style Antonioni ?  C’est avec «  Le cri » qu’il s’affirme avant de faire appel à une jeune comédienne pour doubler la voix de Dorian Gray dans ce film. Elle s’appelle Monica Vitti. On la retrouve ensuite souvent dans ce documentaire.

Il faut notamment voir et entendre la façon dont elle raconte la séquence du tourbillon de « L’Avventura » , avec des images d’archives et une vidéo d’époque, c’est formidable.

Antonioni insiste aussi sur la réussite de « Blow-up ». « Souvent j’allais tourner sans savoir ce que j’allais tourner, j’aimais me retrouver dans un état de quasi-ingénuité. Celui-là je l’ai fait avec mes tripes pour rendre Londres, plus Londres encore… ». 

  • Un livre inédit de 160 pages (inclus 35 photos d’archives). « L’aventure du désert : profession : reporter » de Dominique Païni . Les multiples facettes de Profession : reporter, dernier film de la trilogie utopique d’Antonioni centré sur l’intime. Au gré d’entretiens d’époque avec le cinéaste, d’analyses et d’une revue de presse, cet ouvrage inédit livre des pistes passionnantes pour appréhender ce grand film sur la fuite, point d’orgue de la carrière d’Antonioni.
Durée ‏ : ‎ 2 heures et 6 minutes Cinéma : 18 juin 1975 Dvd ‏ : ‎ 20 juin 2018 Acteurs ‏ : ‎ Jack Nicholson, Maria Schneider, Jenny Runacre, Ian Hendry, Steven Berkoff Studio  ‏ : ‎ Arcadès Synopsis : David Locke est un reporter américain basé en Afrique. Dans la chambre voisine de son hôtel il découvre le corps d'un homme. Il décide de lui prendre son identité et va  se rendre aux rendez-vous notés dans le carnet de Robertson qui le mènent à Londres, Munich et Barcelone. Là, il rencontre une mystérieuse jeune femme prête à le suivre...Ce qu'il…
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