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« L’hermine » de Christian Vincent. Critique cinéma-bluray

Synopsis: Michel Racine est un Président de cour d'assises redouté. On l'appelle " le Président à deux chiffres ". Tout bascule le jour où il retrouve Birgit Lorensen-Coteret. Elle fait partie du jury qui va devoir juger un homme accusé d'infanticide. Six ans auparavant, Racine a aimé cette femme. Presque en secret. Peut-être la seule femme qu'il n’ait jamais aimée.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "L'Hermine "
De : Christian Vincent
Avec : Fabrice Luchini, Sidse Babett Knudsen
Sortie le : 23 mars 2016
Distribution : Gaumont
Durée : 97 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le making of

Dans le Top 10 Mars 2016 ( 5 ème )

Le président est amoureux. On le dit sévère, coutumier des condamnations au-dessus de dix ans. Mais son cœur est en train de fléchir, discrètement, silencieusement, pour une jurée qui autrefois lui sauva la vie. Médecin anesthésiste, Sisde a été retenue sur la liste de la cour d’Assise de Saint-Omer. Elle ignorait qu’il présidait, il ignorait sa présence.

A l’appel de son nom, le président cache avec peine sa surprise, puis se ressaisit. «  Faites entrer le premier témoin… ». Les affaires demeurent, sauf quand le Palais ferme ses portes et que les Sms fonctionnent à nouveau. Ils vont se voir (la loi ne l’interdit pas, semble-t-il), mais le procédé prête à tous les dangers.

Des jurés qui vont se découvrir les uns les autres
Des jurés qui vont se découvrir les uns les autres

Ce n’est  pas vraiment ce qui intéresse Christian Vincent. A travers cette idylle renaissante et datée, le cinéaste décortique un système judiciaire bien souvent opaque aux yeux du tout-venant. Pour avoir suivi de nombreuses sessions d’Assises, je suis agréablement surpris par la précision des débats.

Un point de vue didactique, jamais pesant,  relayé par des propos tout aussi pédagogiques, mais d’une telle finesse, d’une telle justesse qu’ils n’entachent en rien le plaisir du spectateur. Ou celui de l’auditoire de ce tribunal dans lequel nous sommes désormais de plein pied.

Les débats ont maintenant ce petit brin d’humanité qui paraît-il faisait défaut au président. Les témoins sont vrais et parfois drolatiques, l’impression du lieu et sa pression, son décorum, réclament une soupape.

Elle est dans la mise aux normes d’un quotidien peu habituel. Les jurés se tutoient, se découvrent et parlent entre eux des tenants et des aboutissants d’un dossier, jamais simple à juger quel qu’il soit. Christian Vincent nous le révèle tout aussi simplement : qui sommes-nous pour assumer une telle responsabilité ?

A quelques heures du verdict, Fabrice Luchini tout à fait remarquable sous sa robe de Justice (le prix d’interprétation à la Mostra lui va bien) apporte une réponse limpide et judicieuse. Sidse Babett Knudsen, lumineuse et constante (la première ministre de l’excellente série danoise «  Borgen ») force la décision.

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Avec des seconds rôles ( Corinne Masiero, Eva Lallier… )  auxquels Christian Vincent prête un regard tout aussi attentif et pertinent. Joli film.

LE SUPPLEMENT

  • Making of (45 mn) . Il y a quand même très peu de scènes de tournage pour appeler ça un making of. A moins de considérer les nombreux commentaires et explications fournis comme matière première à l’élaboration de ce film.Mais si vous voulez tout savoir ou presque sur le fonctionnement d’une cour d’assise, il faut voir ce documentaire passionnant. Le réalisateur a suivi plusieurs sessions tandis que Fabrice Luchini s’est longuement entretenu avec Olivier Leurent, juge à la cour d’appel de Versailles. Il semble qu’il ait été largement consulté tout au long de l’élaboration du projet et du tournage.

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Il explique très bien quelle est la nature de sa profession, ce qu’il en attend et parle de l’acteur avec beaucoup d’étonnement et de bonheur aussi. «  Il y avait une gourmandise de sa part, il voulait apprendre, pour nourrir son personnage ».

Petits ou grands, de nombreux comédiens témoignent de leur expérience de jurés. Corinne Masiero, toujours aussi directe évoque alors toutes les questions morales qui se posent «  comment la justice se pratique-t-elle ? Je suis qui pour juger l’autre » dit-elle en se demandant l’impact réel des avocats.

«  C’est celui qui a la plus grande gueule qui a raison ? (…). Tu as la vie d’un mec dans les pattes, tu bouleverses une vie, se retrouver avec ce pouvoir là … ».

Je vous recommande aussi le passage avec Sidse Babett Knudsen, la présidente de « Borgen ». La manière dont elle est arrivée sur le tournage et la séquence quand elle compare une scène à la française avec une danoise. C’est super !

L’avocat Dupond-Moretti a aussi un regard très intéressant sur ce film «  hyper réaliste (…) et notamment l’interprétation de Luchini. On a à faire à un vrai président de cour d’assises ».

Mostra de Venise 2015 : prix d'interprétation ( Fabrice Luchini ) et meilleur scénario. César de la meilleure actrice dans un second rôle :Sidse Babett Knudsen Dans le Top 10 Mars 2016 ( 5 ème ) Le président est amoureux. On le dit sévère, coutumier des condamnations au-dessus de dix ans. Mais son cœur est en train de fléchir, discrètement, silencieusement, pour une jurée qui autrefois lui sauva la vie. Médecin anesthésiste, Sisde a été retenue sur la liste de la cour d’Assise de Saint-Omer. Elle ignorait qu’il présidait, il ignorait sa présence. A l’appel de son nom, le président…
Le film
Le making of

Entre le film de genre (les tribunaux au cinéma courent les prétoires) et la fibre sentimentale qui revient titiller notre président de Luchini (excellent) «  L’hermine » donne à voir la réalité d'une justice, sans esbroufe ni voyeurisme. Pour avoir suivi de nombreuses sessions d’Assises, je suis agréablement surpris par la précision des débats. La finesse des propos et la réalité ordinaire qui défile devant les jurés. L’un d’entre eux, (Sidse Babett Knudsen, lumineuse et constante) est à l’origine du revirement discret et silencieux de l’attitude d’un président que l’on décrit austère, sévère et sans pitié. En-dessous de deux chiffres une condamnation à ses yeux n’est pas possible. La suite nous prouvera que si, avec ce surplus d’humanité que Christian Vincent confère à tous ses personnages.

Avis bonus Une cour d'assises , comment ça marche, à quoi ça sert . Pour tout savoir , il faut voir ce très bon documentaire...

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20 Commentaires

  1. Joli film mené à bout de bras par Fabrice Luchini et le doux regard de Birgit Lorensen-Coteret.
    2 histoires fascinantes en parallèle: le monde des juges et des jurés et le coup de foudre retrouvé.
    2 aspects du président de la cour d’Assises : intransigeant en hermine,adolescent en amour.
    Le rappel de ce dernier : »nous ne sommes pas ici pour juger mais pour imposer la loi » aiguille le débat des jurés perplexes par le problème du doute en justice.
    Choix hétéroclite des jurés ,notre société y étant représentée en partie et heureusement remis sur les rails de temps à autre par des professionnels.
    Les témoins à la barre de Saint-Omer nous font sourire et l’approximité des témoignages est bien rendue à travers leurs déclarations.
    Belle palette de personnages pour un chouette film.L’amour adoucit les moeurs…

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