- 21 octobre 1998

- 1h 57min
- Drame, Comédie
- Par Roberto Benigni, Vincenzo Cerami
- Avec Roberto Benigni, Horst Buchholz, Nicoletta Braschi, Marisa Paredes
L’histoire : En 1938, Guido, plein de gaieté, tombe amoureux de Dora, institutrice étouffée par le conformisme familial. Il l’enlève le jour de ses fiançailles avec un bureaucrate du régime. Cinq ans plus tard, Guido et Dora ont un fils : Giosue. Mais les lois raciales sont entrées en vigueur et Guido est déporté avec son fils. Il fera tout pour lui éviter l’horreur …
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Le silence est le cri le plus fort. Celui qui résonne dans ce film aux accents si changeants. Roberto Benigni nous parle de la mort, de la cruauté, de la barbarie avec un sourire large comme l’impossible. Qu’il commet dans un camp de concentration où il séjourne pour quelques temps.
C’est du moins ce qu’il raconte à son fiston, Giosue, déporté avec lui, dans un univers que le papa évoque de manière singulière.
Un grand parc d’attraction, lui dit-il dans lequel les jeux se succèdent en toute discrétion et en l’absence d’autres participants. Ou si peu ..
Les situations les plus rocambolesques se succèdent alors, et ça pétille dans les yeux du gamin qui n’en revient pas d’entendre aboyer dans une langue qu’il ne comprend pas. Et personne pour lui dire d’arrêter !
Il est vrai que devant et derrière la caméra, Roberto Benigni aligne de façon magistrale les attendus d’un cataclysme inévitable. Présenté dans un grand moment de cinéma, lors de l’arrivée dans les dortoirs, et de l’énoncé du règlement du camp traduit à sa façon par le papa.

Le fiston en reste bouche bée, et le spectateur aussi tant la gageure de la farce le tient en respect. Pointant là le sérieux dans ce monde qui ne l’est plus.
La déclaration à sa femme depuis la radio du camp est une scène surréaliste, inimaginable, merveilleuse. Dora (Nicoletta Braschi) était monté de son plein gré dans le train qui les emmenait vers les camps de la mort
D’autres séquences mémorables vont suivre : le repas avec les enfants allemands, le paradoxe du médecin SS qui peine à trouver ses énigmes quand Guido espérait un peu d’aide. Horst Buchholz tient son rôle à la perfection, Roberto Benigni est en état de grâce.
Dans un numéro d’équilibriste permanent, un numéro de haute voltige, il remet les pendules à l’heure de la grande Histoire. Car le gamin n’a pas la berlue, il vient de décrocher le gros lot.Giorgio Cantarini est extraordinaire.
- A noter la participation de Marisa Paredes , la mère de Dora
Le Film
C’est par le cœur et les sentiments que Roberto Benigni repasse nos cours d’Histoire avec maestria dans le ton et la mise en scène d’une fantaisie historique contre nature. Emprisonné dans un camp de concentration avec son gamin, le héros retend le décor monstrueux des lieux en un cirque où tout n’est que jeux et surprises. L’illusion d’un autre monde, dévié de ses réalités premières et de ses préoccupations inhérentes, pour dire l’espoir et le besoin d’y croire. Au-delà de l’humanité qui s’en dégage c’est tout un processus de réappropriation que le réalisateur-comédien engage au nom du souvenir, si souvent évoqué, et si mal employé Dans un numéro d’équilibriste permanent, un numéro de haute voltige, Benigni remet les pendules à l’heure de la grande Histoire