- 15 novembre 1978 en salle
- Reprise 11 décembre 2024
- 1h 45min
- Drame, Historique
- Avec Nino Manfredi, Danilo Mattei, Carmen Scarpitta
L’histoire : Rome, 1867. Le pouvoir temporel du pape est contesté au sein même de la ville éternelle, où les patriotes libéraux sont de plus en plus actifs. Juge au tribunal du Sacré Collège, Monseigneur Colombo songe à démissionner. Mais une vieille amie, la comtesse Flaminia fait appel à lui pour sauver la tête d’un jeune patriote arrêté après un attentat à la bombe contre une caserne de zouaves pontificaux.
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
En 1867, quand Luigi Magni s’empare de sa caméra pour filmer cette année-là, nous sommes à trois ans de l’unification de l’Italie. Le pays est donc encore en guerre, et les tensions internes à Rome, capitale alors indépendante, sont multiples.
Ce que nous explique en préambule le réalisateur, par deux-trois plans simples, bien ordonnés, dans un décor où seuls quelques protagonistes posent les balises de l’Histoire à venir. La foule en est totalement absente.
L’homme est l’enjeu premier, la situation est complexe, Luigi l’a recompose.
Le héros, Monseigneur Colombo n’a jamais existé. Mais, ce juge au tribunal du Sacré Collège vit bien au cœur du système pontifical, qui s’apprête à juger trois jeunes gens. Ils sont suspectés d’être les auteurs d’un attentat dans une caserne de zouaves pontificaux qui a fait 23 victimes.
La peine de mort requise, Colombo, contre toute attente s’y oppose. Pour des raisons très personnelles, et l’éthique qui en découle. En graciant l’un d’entre eux ( Cesare Carlo serait le fils naturel d’une comtesse qu’il a bien connu autre fois ), comment peut-il condamner ses deux autres complices ?
Ce dilemme l’amène à démissionner à plusieurs reprises, puis à se rétracter autant de fois que les événements le tourneboulent. Garibaldi n’est-il pas aux portes de Rome ?
Colombo prend alors de la hauteur pour ne pas flancher à la moindre alerte dont le prévient chaque fois son secrétaire et domestique, Perpetuo (Carlo Bagno ) . Un vrai personnage de comédie, bouffon sans excès dont le rôle auprès de son maître, ajuste le ton de l’humour au drame, de manière éloquente.
C’est un plaisir de l’interprétation, héritée de la commedia dell’arte à laquelle Molière ajouterait sa plume. La théâtralité de ce duo fantaisiste fait le bonheur de ce volet beaucoup plus léger, au langage peu commun, voire contemporain.
Dans son habit sacerdotal, Nino Manfredi s’y emploie de manière admirable, endossant gaillardement la responsabilité de ce rôle à double facettes. L’Histoire, tel un garde-fou de son destin
- Le Saint Siège sur mon site :
« Les deux papes » de Fernando Meirelles – « La papesse Jeanne » de Sönke Wortmann – « L’enlèvement » de Marco Bellochio -« Habemus Papam » de Nanni Moretti -« Conclave » d’Edward Berger –
Le Film
Ignorant tout de Luigi Magni , c’est avec un grand plaisir que j’ai découvert ce film qui, trois ans avant l’unification de l’Italie, évoque les derniers soubresauts qui agite Rome, alors capitale d’un Etat indépendant. Un juge de la cour suprême va pour la première fois s’élever contre le consensus habituel favorable à la Rome pontificale. Et à la peine de mort. Son réquisitoire, lié à une diatribe anticléricale, prend forme dans un tribunal où deux jeunes gens sont accusés d’un attentat. Le troisième complice a été gracié par le fameux juge, qui ne voit alors pas, pourquoi il enverrait ses copains à l’échafaud. Un contexte grave que le réalisateur détourne habilement sur le duo que forme Nino Manfredi ( le seigneur en butte à sa hiérarchie ) et son domestique-secrétaire Perpetuo. Un héritier de la commedia dell’arte à laquelle Molière ajouterait quelques traits. La théâtralité de leurs échanges au langage peu commun, voire contemporain, fait merveille .