- 1 heure et 47 minutes

- Dvd : 26 août 2025
- 21 mai 1986 en salle
- Acteurs : Barbara Hershey, Carrie Fisher, Christian Clemenson, Julia Louis-Dreyfus, Julie Kavner
- Sous-titres : : Français
- Studio : BQHL Éditions
L’histoire : Elliot est un homme d’affaires prospère. Il est apparemment l’heureux mari de Hannah, une femme belle et originale. Mais en secret, Elliot nourrit une passion pour Lee, la sœur d’Hannah, d’une beauté éblouissante. De son côté, Holly, la troisième sœur, vit ses propres tortueuses histoires d’amour…
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Rétrospectivement, dans la riche filmographie de Woody Allen, aussi dense et variée en soixante ans d’existence « Hannah et ses sœurs » demeure toujours comme l’une des empreintes indélébiles du style allénien. Avec le couple et ses travers, le réalisateur force cette fois le ton en imaginant la valse des sentiments autour de trois sœurs, dont la sororité parait sans écueil possible, malgré les écarts et les atermoiements des proches.
A commencer par Elliot( Michael Caine), le mari d’Hannah, fou amoureux de sa sœur Lee (Barbara Hershey). Il a beau réfréner ses ardeurs, son penchant amoureux n’échappe pas à l’intéressée. Encore moins à son mari Frederick (Max von Sydow), un artiste enfermé dans sa bulle, et dans son personnage intello, froid et distant.

Lee a peut-être alors des raisons de regarder du côté d’Elliot. Dans un décor encore sous esquisse, aux intentions à peine dévoilées Woody Allen peaufine ainsi le portrait d’une famille aux alliances décousues.
Il se forge lui-même une carapace d’homme impossible, hypocondriaque à l’accès et aux amours contrariées. Autrefois marié à Hannah (Mia Farrow), ils se revoient souvent (enfants obligent) dans l’imbroglio d’un quotidien sentimental où tout à chacun parait vivre normalement.
Décalage subjectif dans l’ordre des événements, Allen ne cesse d’interpeler ses personnages de manière déglinguée, amusée, pertinente. Lui-même confronté à la religion juive qu’il honore en se rendant à « L’hôpital du Mont Sinaï » (ça ne s’invente pas) tout en l’abandonnant momentanément pour expérimenter d’autres croyances.
C’est à la fois drôle et tragique puisqu’à sa façon, l’auteur évoque le déclin inéluctable vers la mort. Il le fait très bavard, avec un un sens de la répartie rarement égalé, dans des dialogues savoureux, martelés sur une mis en scène jamais en place. Ce qui la rend bien souvent absurde à l’image des situations empilées dans une mécanique parfaitement réglée.
Une étude de mœurs bourgeois, une sociologie familiale qui n’épargne pas les grands-parents (la mamie aguiche toujours les jeunes gens …), un maelstrom sociétal décapant. Bien que désordonnées, les réflexions ne manquent jamais de pertinence.
Holly (Dianne Wiest) la sœur un peu fofolle , reproche à Hannah de lui présenter des hommes qui reflètent toujours « ce que tu penses de moi ». A méditer, sans modération…
Le film
Ce film a 40 ans dans une filmographie riche et complète qui en a vingt de plus. Et pourtant le ton, le style, le mouvement, tout appartient encore au monde si varié de Woody Allen, qui dans cette tranche d’âge réserve ses angoisses aux couples et à leur déliquescence. En appuyant sur la démonstration, puisque trois sœurs, affrontent les affres de l’infidélité, de l’adultère, de la séparation. Dont l’une d’entre elles, séduite par son propre beau-frère. Décalage subjectif dans l’ordre des événements, Allen ne cesse alors de les interroger de manière déglinguée, amusée, pertinente. Les femmes et leur environnement dans lequel il se morfond en hypocondriaque avéré. La maladie avant la mort, l’angoisse du lendemain et ses questions existentielles ici sublimées dans un dédale de situations jamais en place. La mise en scène parait bien souvent absurde dans une étude de mœurs bourgeois pertinente. Et depuis rien n’a trop changé.
