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« Cria cuervos » de Carlos Saura , critique blu ray

Synopsis: Ana et ses deux sœurs vivent dans une grande maison madrilène avec leur grand mère paralytique, leur père et leur tante qui essaie de remplacer leur mère disparue. Quand le père meurt , Ana est persuadée que c'est là son oeuvre. Elle s'enfonce dans son monde imaginaire où elle fait revivre sa mère décédée.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Cría cuervos "
De : Geraldine Chaplin, Mónica Randall, Florinda Chico, Ana Torrent, Héctor Alterio
Avec : Geraldine Chaplin, Mónica Randall, Florinda Chico, Ana Torrent, Héctor Alterio
Sortie le : 02 juillet 2014
Distribution : Carlotta Films
Durée : 110 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Grand Prix du Festival de Cannes

Le meilleur dvd Juillet 2014

Le regard que portent les gamins sur le monde adulte – belle antienne- est traité ici de manière si particulière que quarante-cinq plus tard , ce récit demeure une œuvre à part entière dans la filmographie du maître espagnol. Saura filme les enfants sans la moindre condescendance, mais avec la toise suffisante pour insuffler à leur jeu, une vérité, un naturel que la petite Torrent de l’époque illustre de fabuleuse manière.

Elle est haute comme trois pommes, mais son  coup d’œil est imparable. Faussement innocent, il scrute le monde pour le reproduire dans des jeux d’enfants, avant de le détruire en rêve et en pensées. Ana vit avec la mort, celle de sa mère, de son père et de sa petite bête.  Ana veut tuer toutes les personnes qu’elle déteste, à commencer par sa tante qui désormais régit le quotidien familial.

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Saura sait aussi diriger les grandes personnes, et les affubler de tous leurs défauts et qualités. J’aime beaucoup les rapports que la petite fille entretient avec sa maman ( Geraldine Chaplin, extraordinaire dans son double rôle )  , la douceur et la tranquillité qui se dégagent  de ce monde de brutes, où l’ombre du franquisme prend des allures terribles . C’est le père, cynique et arrogant,(Héctor Alterio) antipathique au possible qui impose la marque du dictateur au milieu d’une fratrie qui se protège comme elle peut.

On sait aussi ce que le film doit à la rengaine de Jeanette «  Porque te vas » alors que le registre musical va bien au-delà, dans le rôle d’une mère pianiste qui console et endort Ana, quand elle n’a pas sommeil. On ne sait plus alors qui de l’imaginaire ou de la fiction hante les rêves de la petite fille, Saura jouant à son tour avec une subtilité incroyable sur la réalité des choses, effaçant «  tout marqueur temporel évident », comme il dit , pour mieux nous plonger dans la vérité du moment . C’est sublime.

 LES SUPPLEMENTS

  •  L’Album d’Ana, une Mémoire de l’Espagne (27 mn)

Claude Murcia, professeur d’études cinématographiques et de littérature analyse les thématiques de l’oeuvre autour de ses personnages et revient sur les traces du franquisme qui émaillent le film. Comme tout ce qui est rapporté dans ces suppléments, c’est dit avec une clairvoyance qui donne encore plus de résonance au film, à son époque, et à ses personnages .

  •  Chez Carlos Saura en 2007  (42 mn)

Dans sa maison madrilène, une conversation avec le réalisateur sur sa perception du cinéma, au ton poétique et surréaliste, et ponctuée de souvenirs de tournage. «  L’idée du film , c’était avant tout une enfant, pas forcément malsaine , mais qui pourrait être meurtrière . Elle est capable de tuer, sans pour autant le faire. »

CRIA CUERVOS 03

Il voulait aussi absolument inclure une chanson qu’il aimait . Ce sera «  Porque te vas » .

Le choix d’Ana Torrent, repéré dans «  L’esprit de la ruche », «  mais alors elle était trop jeune, et son père refusait qu’elle tourne à nouveau ». Quelques années plus tard, elle sera l’héroïne du film : «  elle était timide,réservée, introvertie, le personnage idéal, tout à fait le rôle ».

La façon de travailler avec les enfants ? Carlos Saura adore les avoir sur un plateau, «et particulièrement les filles, elles sont plus douées, plus mûres. Il ne faut jamais leur mentir, mais leur expliquer simplement, et ainsi avoir une relation de confiance. »

  •  Entretien avec Elías Querejeta (18 mn). Sous forme de questions-réponses, Elías Querejeta revient sur la production de Cría Cuervos et sur sa carrière de producteur. C’est particulièrement  lorsqu’il aborde ses relations avec le franquisme que l’entretien prend tout son sens .

«  On évitait la censure avec quelques manœuvres , en trafiquant les scénarios . Quand il fallait couper, je donnais l’inter-négatif, je conservais le négatif pour des moments plus propices » .Il dit aussi , reconnaissant qu’il s’était bien trompé , qu’au départ il ne voulait pas de la chanson «  Porque te vas », trop sentimental !

  • Des chefs d’œuvre, selon mon blog, à découvrir dans  » Barry Lyndon« 
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Review Overview

Le film
Les bonus

Ressortir ce petit bijou est une excellent opportunité pour comprendre ce que veut dire mise en scène, direction d’acteurs ( des enfants en particulier ) et sens du récit . Ce qui nous donne un tableau aussi édifiant que remarquable de l’agonie du franquisme, à travers la chronique familiale de trois petites filles, désormais orphelines . Carlos Saura filme avec une subtilité parfaite ce quotidien, passant de l’imaginaire à la fiction, du rêve à la réalité, sans indicateur particulier. Ca peut décontenancer, mais une fois dans le secret de cette villa espagnole, on ne se lasse pas de suivre le regard à la fois candide et cruel de la petite Ana, interprétée par Ana Torrent , qui n’était pas encore la grande comédienne de «  Tesis ». Mais déjà tout à fait remarquable .

Avis bonus Au milieu d'une rencontre avec le réalisateur, des spécialistes et le producteur reviennent sur le film, sa thématique, ses interprètes...

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