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« Carol » de Todd Haynes. Critique Bluray

  • 1 heure et 58 minutes
  • Dvd ‏ : ‎ 2 décembre 2025
  • Acteurs ‏ : ‎ Cate Blanchett, Jake Lacy, Kyle Chandler, Rooney Mara, Sarah Paulson
  • Sous-titres : ‏ Français
  • Langue ‏ : ‎ Anglais, Français 
  • Studio  ‏ : ‎ Bubbel Pop’ Édition

L’histoire : New York 1950, Therese, jeune employée d’un grand magasin de Manhattan, fait la connaissance d’une cliente distinguée, Carol, femme séduisante, prisonnière d’un mariage peu heureux.
À l’étincelle de la première rencontre succède rapidement un sentiment plus profond.

Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article

  • Le film et les bonus  :

L’impression de voir un beau vieux meuble, à la patine parfaite. Rien de classique,pas vraiment, mais plutôt à l’ancienne ce film, comme un reliquat cinématographique des années trente, ripoliné pour l’occasion. Bien agréable à regarder et puis un rien captivant au fil des rencontres, et d’une écriture empruntée à Patricia Highsmith.

Elles ne sont pas très nombreuses : la cliente et la petite employée, la bourgeoise et la prolétaire, les mêmes donc qui par le truchement d’une secrète amitié se prennent de passion.photo.Carol.179107

Fin des années cinquante, l’affaire à New-York ne s’ébruite pas. Le mari, en instance de divorce, n’ignore rien des amours de sa femme. Bien au contraire, dans l’espoir de la reconquérir, il en joue et puis les brandit comme des menaces. Une enfant est l’enjeu de ce jeu de dupe. Devant le juge, l’argument pourrait être déterminant.

Todd Haynes donne ainsi du fil à retordre à une mise en scène apparemment sage et convenue. On est loin de « Velvet Goldmine ». L’héroïne l’occupe avec élégance, portée par la grâce de ses amours prohibées, tiraillée par la morale et l’opprobre. Cate Blanchett dans toute sa splendeur, toujours aussi rayonnante, expressive, ou l’allant d’un personnage qui lutte et souffre profondément.

Si Carol est dominatrice, par nature et par alliance, l’aura de son amoureuse, la simplicité que sa classe lui confère, la confond dans son dénuement.

Deux femmes que tout oppose, quasiment, des extrêmes aux parfums contraires, et qui pourtant vont s’aimer à perdre la raison. Carol ouvre à Thérèse des paradis inconnus, et inespérés, mais cet ange tombé du ciel, cette  petite marchande de poupées ne vit que pour l’amour et l’exclusif. Aucun calcul, ni stratagème dans ce cœur abandonné à l’autre.

L’interprétation de Rooney Mara joue bien sur la subtilité des sentiments, sur leur fragilité aussi. Il y a moins d’éclats, plus de vérité chez Thérèse quand la tristesse fragile de son amante la renvoie à de futiles considérations.  «  Quand on pense avoir touché le fond, on tombe en panne de cigarettes » murmure la belle dégrisée par une vie que son mari enregistre maintenant sur des bandes magnétiques accusatrices.

Tombé bien bas, l’époux a toujours été minable, mais amoureux. Un amoureux fou, lui aussi.

LES SUPPLEMENTS

  • Making of. Un vrai de vrai, sans aucun commentaire annexe, mais les indications du réalisateur sur plusieurs scènes de tournage, les répétitions, l’écoute des comédiens.
  • Les interviews.Elles sont toutes individuelles mais chapitrées de la même manière : l’histoire, le scénario, le personnage…

Cate Blanchett qui connaît bien la littérature de Patricia Highsmith souligne l’audace du roman «  à l’époque où il a été écrit ». Ce qu’il y a de bien chez cette romancière poursuit-elle «  c’est que les personnages ont une vie intérieure très riche. Elle maîtrise parfaitement leur gestion (sic !) à travers laquelle elle démontre que tout adulte a un secret ».

Comédiens, comédiennes, on le voit dans le making of, sont toujours attentifs aux indications de leur réalisateur Todd Haynes, par ailleurs très précis semble-t-il dans sa direction.

Rooney Mara relève le fait que «  bien qu’il ne s’agisse pas d’un fait criminel », elle assimile le fait amoureux «  à des réflexes criminels, du genre et si ça allait mal tourner.. ». Un point de vue que le réalisateur reprendra à son tour dans le chapitre Cannes. «  L’approche entre l’imagination des criminels et celle des jeunes amants est intéressante. (…) A quel point les esprits s’échauffent lorsque vous tombez amoureux ? La même intensité que l’on retrouve dans l’élaboration d’un crime ».

Edward Lachman, le directeur de la photographie évoque le tournage dans l’Ohio, à Cincinnati «  une ville figée dans le temps, qui ressemble encore de nos jours à New-York dans les années 50. ». Il évoque le style photoréalisme qui a été appliqué dans le film au détriment d’un point de vue purement cinématographique des années 50. Des photographes tels que Louis Farrow, Robert Frank ou Saul Leiter ont été passés à la loupe. «  Ils possèdent un regard très subjectif et poétique, ancré dans le monde qui les entourait. Ils photographiaient une rue mais c’est leur point de vue qu’ils donnaient. »

  • Todd Haynes à Cannes. Ou la poursuite de son interview précédente…

LE SECOND DVD

Stephen Wooley, producteur

Bonus 2026

  1. Tout commence avec Elizabeth Karlsen, productrice
  2. Le commencement  ( la productrice poursuit ses commentaires )
  3. Le roman ( ce qu’elle en pense )
  4. Le financement avec Elizabeth Karlsen, Christine Vachon, Stephen Wooley
  5. Stephen Wooley , producteur, raconte « Carol »
  6. « Carol » par Christine Vachon, productrice, le choix des comédiennes …
  7. « Carol » par Sandy Powell , la costumière .
  8. « Carol » par Morag Ross, maquilleuse et styliste
  9. La rencontre d’Elizabeth et Christine
  10. Happy Birthday – 3min36
  11. Interview de Todd Haynes
Un livret 100 pages «  Carol, le miroir d’une vie » , qui des dessins des costumes à de nombreux entretiens ( Rania Griffete, Phyllis Nagy, la scénariste, Carter Burwell le compositeur … ) ne laissent aucune ombre sur un film et sur cet ouvrage, préfacé par Todd Haynes ( photo)
« Pour être honnête, je ne connaissais pas ce livre, contrairement à tant de mes amies lesbiennes pour qui il représentait un texte fondateur. (…) À la place de l’esprit criminel, c’est l’esprit amoureux qui devient le moteur de l’écriture. Le processus fiévreux et paranoïaque de l’amoureuse me paraît lié à celui du criminel. Mais bien sûr, ici, le seul crime est l’amour. »
1 heure et 58 minutes Dvd ‏ : ‎ 2 décembre 2025 Acteurs ‏ : ‎ Cate Blanchett, Jake Lacy, Kyle Chandler, Rooney Mara, Sarah Paulson Sous-titres : ‏ Français Langue ‏ : ‎ Anglais, Français  Studio  ‏ : ‎ Bubbel Pop' Édition L'histoire : New York 1950, Therese, jeune employée d'un grand magasin de Manhattan, fait la connaissance d'une cliente distinguée, Carol, femme séduisante, prisonnière d'un mariage peu heureux. À l'étincelle de la première rencontre succède rapidement un sentiment plus profond. Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article Le film et les bonus  : L’impression de voir un…
Le film
Les bonus

C’est un drame amoureux, universel qui prend pour décor un New York parfaitement retranscrit dans le milieu du XX ème siècle ( une ambiance, des couleurs … ) et pour lequel deux comédiennes de premiers plans interprètent avec beaucoup d’élégance et de convictions des rôles peu aisés. Elles s'aiment, l’une à l’autre , en dépit de la morale et des clivages sociaux. Cate Blanchett n’a pas été récompensée à Cannes et c’est surprenant, mais Rooney Mara dans un rôle plus discret, qui exige plus de retenue est tout aussi présente sous le feu des projecteurs de Todd Haynes qui aborde son sujet avec délicatesse et classicisme. L’histoire est assez forte, très bien écrite, et le casting parfait, doit-il penser, pour ne pas en rajouter. Mais du classique de ce tonneau-là, j’en redemande encore.

Avis bonus Des interview intéressantes, et un making of qui va à l'essentiel

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9 Commentaires

  1. Fil académique dirai-je mais tout y est très bon : scénario, actrices, décors. Même si on a peu de surprises, on déguste ce film du début à la fin. 4 étoiles pour moi aussi.

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