- Durée : 2 heures et 19 minutes
- Dvd : 12 mars 2025
- 30 octobre 2024 en salle
- Acteurs : Mikey Madison, Paul Weissman, Lindsey Normington, Emily Weider, Luna Sofía Miranda
- Sous-titres : Français
- Langue : Anglais , Français
- Studio : Le Pacte
L’histoire : Anora, jeune strip-teaseuse de Brooklyn, se transforme en Cendrillon des temps modernes lorsqu’elle rencontre le fils d’un oligarque russe. Elle épouse avec enthousiasme son prince charmant ; mais en Russie, le conte de fées est vite menacé : les parents du jeune homme partent pour New York avec la ferme intention de faire annuler le mariage…
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Interdit – 12 ans
- Festival de Cannes 2024 – Palme d’Or
- Oscars 2025 : Meilleur film, Meilleure réalisation Meilleure actrice (Mikey Madison), meilleur scénario original et meilleur montage
Le grand vainqueur de la cérémonie des Oscars 2025 méritait-il autant d’honneur, après la distinction suprême du festival cannois, l’année précédente ?
Je n’en sais rien, tant de bons films ont échappé aux sollicitations des votants . Mais Sean Baker a tiré le bon numéro en faisant preuve d’audace et d’originalité, sur la base d’une histoire pourtant très convenue à la « Pretty Woman ».
Avec cette fois, beaucoup plus de sexe et d’érotisme autour de nos deux jeunes héros, Ivan et Anora qui se la joue alors « Cendrillon des temps modernes ».
Sortie de sa boîte de nuit, où elle exerçait en tant qu’escort girl, la voici au bras du fils d’un oligarque russe qui n’entend pas du tout cautionner les fariboles de son fiston . C’est surtout la maman qui met les pieds dans le plat, et débarque sur le tarmac new-yorkais, avec une volonté farouche de rompre un mariage contracté à la va-vite.
On a donc bien quitté les rives romantiques où papillonnaient Richard Gere, et Julia Roberts, oublié la légende de Charles Perrault, pour la poésie plus rentre dedans des gardes du corps de papa, chargés de surveiller le jeune homme.
Gâté jusqu’à l’ivresse, il n’en fait qu’à sa tête , qui réfléchit à peine. Ce qui provoque des scènes assez fortes, inattendues, avec « les guignols de mon père » comme il les appelle avant de leur fausser compagnie et de les paniquer à l’extrême.
L’avion des parents est annoncé, Ivan est introuvable et Anora, otage des cerbères lacère tout ce qu’elle peut trouver sous ses crocs. Une dentition parfaite pour une mise en scène qui n’en finit pas de renouveler les genres, du gangster pied nickelé à la comédie de potache via le film mafieux.
Mikey Madison surexcitée à l’extrême n’a pas volé son Oscar cette année, redoublant d’une énergie démentielle pour se mettre aux niveaux de ses gardiens , un rien abrutis.

C’est drôle amusant, jamais bouffon et quand la caricature frise la démonstration, Sean Baker rétablit d’une pichenette scénaristique la voilure dramatique d’un ensemble qui ne demande qu’à s’exprimer. Et ça marche du feu de dieu !
LES SUPPLEMENTS
- Entretient avec Sean Baker et la productrice Samantha Quan- « On était partis sur l’idée de gangsters russes, mais il y a tellement de films là-dessus, ça faisait cliché, alors on s’est dit – pas marié avec la mafia, mais avec la fortune » .
Le choix de Mikey Madison ? « Il n’y a pas eu d’audition. On a vu « Scream » le premier jour de sa sortie, et c’était évident que c’était elle pour Anora, avant même que le scénario ne soit écrit ».
Une démarche quasi identique pour Yura Borisov, qui joue Igor, l’un des gardes du corps. « On se souvenait de son jeu dans « Compartiment N° 6 » de Juho Kuosmanen. Là encore, c’était lui ».
Sean Baker s’est appuyé sur les conseils d’une spécialiste du travail de sexe, dont l’un des ouvrages se nomme « Putes modernes ».
- Discussions autour de l’introduction et de la scène finale – « Comment essayer de faire vivre cette scène d’ouverture avec autant de personnages et d’ingrédients ? On a laissé vivre le club normalement , on contrôlait tout, mais les figurants pouvaient interagir avec les danseurs, à leur guise ».
Le final ? « La fin, c’est ce qu’il y a de plus important, à mes yeux au cinéma. Il a fallu trois jours et deux décors différents, techniquement c’était assez difficile, je me trouvais assis derrière le siège arrière ( luxation de l’épaule au passage ) ».

Il y aura aussi un épilogue que le réalisateur se réserve, sauf pour les acteurs qui l’ont vu, « ça pouvait les aider ».
- L’approche de Mikey Madison . Elle a collaboré avec Andrea Werhun, une experte en Escort girl, avant de visiter des clubs à Los Angeles et New York « chaque fois différents, chaque fois une autre ambiance, d’autres attitudes ».
Le film
Les bonus
En reprenant les différents Oscars glanés cette année 2025 par ce film, il me parait que ceux de la réalisation, du scénario original et de l’interprétation féminine confortent tout le bien que l’on peut penser d’une telle aventure.
Celle d’une jeune escort girl qui tombe dans les bras d’un fils à papa russe et l’épouse sans le consentement de la famille . Le clash qui s’en suit est une énorme suite d’embrouilles , de prises de têtes , et de divagations scénaristiques, qui jamais ne sombrent dans le grotesque ou la caricature.
On les frise bien souvent mais toujours l’œil avise de Sean Baker remet tout le monde à sa place ( c’est la réalisation ) sur une direction d’acteurs qui ne demandent qu’à s’exécuter.
Si l’ensemble de la distribution est à la hauteur des ambitions du Baker ( il signe aussi le scénario ), je citerais néanmoins avant tout
Mikey Madison surexcitée à l’extrême. Elle n’a pas volé son Oscar redoublant d’une énergie démentielle pour rétablir chaque fois la voilure dramatique de ce bel ensemble.
AVIS BONUS
Les commentaires du réalisateur, de la productrice , et le coup d’œil de Mikey Madison sur son travail