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« A touch of zen » de King Hu . Critique cinéma-bluray

Synopsis: Gu Shengzai, vieux garçon, peintre et écrivain public, mène une vie tranquille avec sa mère, qui cherche à le marier. Lorsqu'une nouvelle voisine s'installe, l'occasion est inespérée. Mais Yang Huizhen est la fille dont le père a été assassiné par la police politique du grand eunuque Wei et qui est depuis recherchée pour trahison...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "A Touch of Zen "
De : King Hu
Avec : Hsu Feng, Shih Chun, Pai Ying, Roy Chiao, Billy Chan
Sortie le : 21 septemb 2016
Distribution : Carlotta Films
Durée : 180 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

On ne s’étonne plus  aujourd’hui de voir des hommes voler d’arbre en arbre, de toit en toit, sabre à la main. Les films d’arts martiaux se repaissent de cette chorégraphie aérienne, imaginée il y a près de 50 ans  par King Hu.

Le cinéaste a fortement influencé le genre wuxia ou wuxipian (film de sabre chinois) repris par Kurosawa .  Bruce lee  le sabrera dans un kung-fu gavé d’une imagerie plus violente, urbaine et physique. En 2000 « Tigre et dragon » d’Ang Lee redore son blason.

Celui que King Hu a façonné dans une forêt de bambous (un combat magnifique), couronné par la séquence des fantômes, sans le désordre habituel de ces  confrontations plus bruyantes que visuelles. Cet enseignement que n’ont pas retenu les cadets, le cinéaste l’illustre à plusieurs reprises. En apothéose, le duel ultime, entre le commandant en chef et l’ancien général de son armée.

Il ne faut pas s’y méprendre. «  A touch of zen » radicalise le genre de l’art martial dans un contexte cinématographique beaucoup plus large. Le film dure trois heures. A l’époque, plus d’un projectionniste se permet de couper où bon lui semble. La tentation est grande, quelques longueurs sont difficiles à contenir.

a touch of zen

Mais aujourd’hui, la version originale procure au cinéphile et à l’historien un regain d’intérêt que l’amateur du genre (plus ou moins kung fu, ou sabre chinois) devrait à son tour partager. Le réalisateur chinois construit une œuvre dense où le mystère, mâtiné de surnaturel, se mêle aux démêlés politiques du moment,et aux amours impossibles.

L’ouverture est grandiose et symbolique : un inconnu suit l’apothicaire sous le regard interloqué de Gu Shengzai, l’écrivain public qui avait commencé à dessiner son portrait. Une mise en scène s’accorde déjà dans ce décor minimaliste.

Gu prend fait et cause pour une caméra qui balaie la placette du village où les artisans ont posé leurs étals. Se prépare-t-on à un cérémonial ? Les ressorts d’une tragédie sont-ils en train de se tendre au cœur d’un dispositif où notre héros apparaît un brin naïf, un peu dérangé.

Question d’atmosphère énigmatique entre des personnages qui n’ont pas encore découvert leur vrai visage. Quand les masques tombent, ils révèlent les dessous d’une tragédie de palais dont il va falloir maintenant s’acquitter. Dans  l’honneur et la vengeance, un  état d’esprit, une vision de l’éthique portée par les décors, les costumes et des interprètes très appliqués.

a touch of zen

Le personnage que joue Shih Chun, le héros, est très emblématique d’un comportement humain plein d’humilité et de bienveillance. Vieux garçon, satisfait de son statut d’artiste local, il s’improvise stratège face à l’armée officielle qui recherche les officiers dissidents, et la fille de l’un d’entre eux.

Mais Gu ne mesure pas toutes les conséquences de ses actes.  Les fantômes qu’il avait imaginés pour repousser l’assaillant peuvent maintenant  se retourner contre lui. C’est la visée d’une destinée dans cette  fresque historique somptueuse, rehaussée par une architecture flamboyante et un passé chargé de légendes et de traditions.

LES SUPPLEMENTS

  •  PRÉFACE DE PIERRE RISSIENT. Comme il a fait beaucoup pour nous faire découvrir le cinéma asiatique, il revient sur son expérience de «  A touch of zen » que «  j’ai d’abord vu avec une copie tronquée. Chaque exploitant coupait un peu au hasard ».

Il décide d’amener le film à Cannes avec en prime la séquence pré-générique qui n’existait pas à Taiwan, ville qui fera ensuite un triomphe au film dont les débuts furent pourtant pitoyables. Il faudra attendre encore plusieurs années avant qu’il ne sorte en France en raison de tension entre le producteur Sha Yung Tong et le réalisateur. «  Et tout le travail qui avait été fait grâce à Cannes » sera perdu se lamente encore Pierre Rissient. Depuis on s’est bien rattrapé…

  •  GOLDEN BLOOD (18 mn). « La caméra de King Hu court vers l’action avec joie. […] A Touch of Zen surpasse les films précédents en privilégiant la beauté à l’histoire. » Un essai réalisé par David Cairns.

Le critique décortique la bande originale qui abandonne cette fois «  les imitations à la Morricone et les classiques à la Moussorgski, pour de jolies musiques orientales plus appropriées « .  Il approfondit son analyse à travers les thématiques, les personnages, et la caractéristique du Wuxia pour lequel « un  bon réalisateur vous fait sentir la force d’un coup, la vitesse d’une poursuite ou la tête qui tourne après une chute ».

David Cairns remarque aussi que pour une fois «  le héros n’est pas un guerrier, mais un artiste, un lettré » et que pendant la première heure, aucun combat n’est à débusquer.

Prix de la Commission supérieure technique au Festival de Cannes en  1975 On ne s'étonne plus  aujourd’hui de voir des hommes voler d’arbre en arbre, de toit en toit, sabre à la main. Les films d’arts martiaux se repaissent de cette chorégraphie aérienne, imaginée il y a près de 50 ans  par King Hu. Le cinéaste a fortement influencé le genre wuxia ou wuxipian (film de sabre chinois) repris par Kurosawa .  Bruce lee  le sabrera dans un kung-fu gavé d’une imagerie plus violente, urbaine et physique. En 2000 « Tigre et dragon » d’Ang Lee redore son blason. Celui que King Hu a façonné…

Review Overview

Le film
Les bonus

Prix de la Commission supérieure technique au Festival de Cannes en  1975, ce film donnera lieu par la suite à des résurgences auprès de célèbres réalisateurs comme Ang Lee (« Tigre et dragon » ou Tarentino (« Kill Bill »). Sans oublier l’influence que le film dit de sabre chinois aura sur des compatriotes à King Hu, comme Kurosawa. Avant que le genre ne dévie vers plus de violences urbaines au sein du  kung-fu. Le tout imaginé il y a une cinquantaine d’années au sein d’une aventure où le thriller politique était déjà d’actualité, se mêlant à la magie des arts martiaux. Une pratique que le cinéaste chorégraphie tel un ballet aérien, et qui subjugue autant pour la forme que le fond. Si certaines longueurs et préciosités pouvaient être évitées, l’ensemble demeure d’une beauté plastique parfaite au service d’une histoire de légendes et de traditions, palpitante à suivre dans les arcanes de cette aventure épique.

Avis bonus Des éclairages de la part de spécialistes, ça ne fait pas de mal

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