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« Radio Metronom » de Alexandru Belc. Critique dvd

  • Durée ‏ : ‎ 89 minutes
  • Sortie ‏ : ‎ 16 mai 2023
  • Cinéma : 04 janvier 2023
  • Acteurs ‏ : ‎ Mara Bugarin, Serban Lazarovici, Vlad Ivanov, Mihai Calin, Andreea Bibiri
  • Sous-titres ‏ : ‎ Français
  • Langue ‏ : ‎ Roumain (Dolby Digital 5.1)
  • Studio  ‏ : ‎ Pyramide Vidéo

L’histoire : Bucarest, 1972. Ana a 17 ans et rêve d’amour et de liberté. Un soir, elle rejoint ses amis à une fête où ils décident de faire passer une lettre à Metronom, l’émission musicale que Radio Free Europe diffuse clandestinement en Roumanie. C’est alors que débarque la police secrète de Ceausescu, la Securitate…

Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article

  • Le film et les bonus

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Pour dire attention danger, Alexandru Belc reprend une page de l’Histoire roumaine, parmi les plus tragiques : le début des années soixante-dix, et le retour à l’autoritarisme de Ceausescu et ses sbires.

La jeunesse qui a pu goûter à l’air frais venu d’Occident se recroqueville alors sur elle-même , dans des soirées clandestines et des appels à l’aide. En direction de Radio Free Metronom, par exemple. Cette station émigrée à Munich, diffuse une musique désormais interdite au pays du beau Danube bleu.

Elle assure un relais précaire avec les dissidents roumains dont Ana et sa bande ne font pas partie. Ils sont jeunes et veulent simplement communiquer leurs envies. Une lettre collective doit être adressée en ce sens, à l’animateur roumain . Sorin, l’amoureux d’Ana, connaît la filière pour la faire parvenir, via un journaliste étranger.

Mais entre-temps la police secrète a mis la main dessus…

A ce stade, et dans l’environnement délétère de l’époque Alexandru Belc a déjà beaucoup dit. La vista de sa mise en scène rapporte juste les faits et leurs conséquences. Que n’imagine pas encore Ana.

Soirée transgressive où Led Zeppelin et les Doors s’écoutent malgré les interdictions

Après avoir quitté la soirée où Sorin s’est fait attendre, elle y retourne. Espoir à nouveau déçu, Sorin n’est toujours pas là, mais la police, si. Elle ne va plus lâcher la jeune fille qui contrairement à ses camarades résiste au rouleau compresseur …

Et  Belc embraie alors une surmultipliée émotionnelle qui vous noue l’estomac et vous chavire le cœur.

Je ne connais pas les origines de Mara Bugarin portée par la ténacité de son personnage, la force de sa jeunesse, la conviction de son bon droit. Elle est très grande dans ce rôle si fragile, encore plus indécis dans un tel contexte répressif.

La police a eu vent de la soirée, et de l’existence de la lettre… Mais comment ?

Où la peur et la crainte, la délation et la trahison balisent son avenir quand elle pensait faculté, amour et liberté. Le camarade Colonel (Vlad Ivanov) qui va la cuisiner toute une journée a une toute autre idée de son profil. Il est très inquiétant …

LES SUPPLEMENTS

  • Entretien avec le réalisateur ( 10 mn )- Les raisons qui l’ont poussé à faire une fiction «  pour mieux servir l’Histoire » , plutôt qu’un documentaire . Période de répression et de peur, l’absurdité des contradictions de cette époque …

« Les acteurs pressentis ne parvenaient pas à saisir l’essence des personnages comme je l’avais imaginé, on a refait le casting et Mara Bugarin est apparue ». Un défi aujourd’hui de retrouver l’atmosphère des années 70 , les costumes, le décor, l’architecture…

Témoigner de la facilité avec laquelle on peut perdre sa liberté, régime totalitaire , « mais toujours d’actualité pour conserver sa dignité face à l’oppression ».

  • Contexte historique, le regard de Traian Sandu, Sorbonne Nouvelle, spécialiste des totalitarismes en Europe centrale (12 mn) . Chapitre très intéressant par un prof d’histoire que j’aurais bien aimé avoir .En racontant l’époque Ceausescu, il dévoile aussi pas mal de ressorts du film, donc à découvrir après …

1-La déstalinisation, baisser le niveau de la terreur, libérer de nombreux prisonniers politiques , levier nationaliste, puis celui de la consommation, le bien être dès 1965 quand Ceausescu arrive au pouvoir

2 – L’ouverture à l’occident

3 – 1970 fermeture progressive de toutes ces fenêtres, 80/82 il faut rembourser la dette , les roumains en subissent les conséquences, ils ont froid, ils ont faim.

  •  Analyse de séquences par Traian Sandu , ( 8 mn ) – L’ouverture ( opposition de générations ), la chambre d’Anna ( totalement imprégnée par la culture de l’Ouest ), Ana et Roxana ( le droit d’avorter ), l’engagement total ( les mouchards … )
Durée ‏ : ‎ 89 minutes Sortie ‏ : ‎ 16 mai 2023 Cinéma : 04 janvier 2023 Acteurs ‏ : ‎ Mara Bugarin, Serban Lazarovici, Vlad Ivanov, Mihai Calin, Andreea Bibiri Sous-titres ‏ : ‎ Français Langue ‏ : ‎ Roumain (Dolby Digital 5.1) Studio  ‏ : ‎ Pyramide Vidéo L'histoire : Bucarest, 1972. Ana a 17 ans et rêve d’amour et de liberté. Un soir, elle rejoint ses amis à une fête où ils décident de faire passer une lettre à Metronom, l’émission musicale que Radio Free Europe diffuse clandestinement en Roumanie. C’est alors que débarque la police secrète de Ceausescu,…
Le Film
les bonus

Si le film, une fois encore, est daté dans une période historique très précise ( le début des années 70 en Roumanie ) , la répression, la dictature, demeurent des éléments d’interprétation universels, inépuisables comme le montre très bien Alexandru Belc dans son réquisitoire effrayant, pour ne pas dire cauchemardesque sur l’avenir de la jeunesse roumaine. Autour de l’héroïne Ana, suspectée d’avoir participé à une lettre collective destinée à une radio libre à l’étranger, se met en place tout le système répressif du pouvoir Ceausescu qui brise les consciences et annihile toute personnalité. C’est pesant, le verbe plus que le geste, l’allusion, le silence dans cette mise en scène faussement tranquille que le réalisateur orchestre de manière systématique. Le rouleau compresseur est en marche , là où la peur et la crainte, la délation et la trahison rasent le bitume. Mara Bugarin portée par Ana, si fragile et si forte, incarne l’idée même de la résistance. Face au camarade Colonel qui va la cuisiner pendant toute une journée, une séquence terrible, sans aucune violence physique. Mais la parole du bourreau est parfois plus terrible .

AVIS BONUS Que ce soit l’entretien avec le réalisateur ou les commentaires d’un spécialiste des totalitarismes , avec en prime analyses de séquences, tout est excellent dans ces bonus .

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