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« Léviathan » de Andreï Zviaguintsev.Critique DVD

Synopsis: Kolia habite une petite ville au bord de la mer de Barents, au nord de la Russie. Il tient un garage qui jouxte la maison où il vit avec sa jeune femme Lilia et son fils Roma qu'il a eu d'un précédent mariage. Vadim Cheleviat, le maire de la ville, souhaite s'approprier le terrain de Kolia, sa maison et son garage. Il a des projets. Il tente d'abord de l'acheter, mais Kolia ne peut pas supporter l'idée de perdre tout ce qu'il possède, non seulement le terrain mais aussi la beauté qui l'entoure depuis sa naissance. Alors Vadim Cheleviat devient plus agressif...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Leviathan"
De : Andreï Zviaguintsev
Avec : Vladimir Vdovichenkov, Elena Lyadova, Roman Madyanov, Aleksey Serebryakov, Anna Ukolova
Sortie le : 03 février 2015
Distribution : Pyramide Vidéo
Durée : 143 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Mais où sont passés les films de la Pérestroïka ? Question lancinante, j’ai bien du mal à y répondre. Il me reste en mémoire Pavel Lounguine (« Taxi Blues », « Luna Park »), ce même désarroi, cette même violence qui hantent le film d’Andrei Zvyagintsev, désigné bizarrement pour représenter la Russie aux Oscars 2015.

L’œuvre du cinéaste soviétique déjà récompensé à Cannes par le prix du scénario mérite amplement une telle distinction. Mais le pays de Poutine ne peut en tirer une gloire nationale tant il apparait sous son profil le plus détestable ; la compromission est devenue corruption, la justice, des règlements de comptes.

Le synopsis officiel ne pointe pas à mon sens  l’exacte vérité du récit inspiré par le « Livre de Job ». Quand on veut se saisir de son terrain,  ce n’est pas la beauté environnante (toute relative) que Kolia craint de perdre, mais bien l’appartenance à une terre ancestrale, qui a vu père, grand-père et arrière-grand-père,  se succéder.

L’Histoire de son pays  se refuse à lui, de la même manière que sa petite famille se fond dans l’inconnu. Une seconde épouse, en quête de liberté ( Elena Liadova), un gamin abandonné à une indépendance bien fragile, tout va de travers pour Kolia dont le seul recours est son vieux copain de toujours, un avocat moscovite, influent pense-t-il ( Vladimir Vdovitchenkov). Mais Dmitri représente un système aux limites corrompues par un pouvoir lui-même gangrené par les petits apparatchiks locaux.

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Le maire de la ville, indéboulonnable, ou alors il se fâche …

Kolia ( Alexeï Serebriakov , excellent ) va en faire plusieurs fois les frais, notamment devant le tribunal de la ville qu’Andrei Zvyagintsev, filme magistralement. Une première fois sans trop savoir qui est qui, qui fait quoi, une seconde fois dans une autre affaire, beaucoup plus grave.

Pour le spectateur, le témoin, les acteurs de la magouille sont cette fois  à visage découvert : la femme procureur, la greffière qui débite le jugement avec l’application de l’élève qui a bien appris sa leçon, et dans l’ombre, le pope auprès duquel le maire de la ville (Roman Madianov, très bien  ), tente de trouver conseils et réconforts.

Avant de se noyer lui aussi dans l’alcool, le mal absolu qui coule dans toutes les couches de la société, de plus en plus exsangue. Vodka sous perfusion, et l’Histoire qui patine, comme le remarque un policier qui s’apprête à tirer sur les photos des anciens dirigeants, Gorbatchev en tête. «  J’ai aussi Eltsine à la maison, mais je n’ai pas le recul historique nécessaire ». Là je crois que  tout est dit. Magnifique.

LES SUPPLEMENTS

  • Rencontre avec le réalisateur (22.20 mn). « L’intention n’était pas de dénoncer quoi que ce soit, je n’ai fait qu’observer la vie, l’ordre social si vous voulez. Pendant des années vous vous imprégnez d’un pays, et vous vous faites une idée du fonctionnement de la société. Et un jour je tombe sur une histoire qui cristallise mes observations. L’histoire de la liberté piétinée, des droits bafoués, c’était une sorte de réponse animée. »

Le titre est bien évidemment abordé autour du Livre de Job, « un travail ambitieux, et beaucoup de prétention… ».

Leviathan

« Chaque personnage a sa propre peur, son propre Léviathan intérieur, ou son propre espoir » rapporte encore le cinéaste qui  dissèque chaque rôle, en assurant qu’aucun n’est le monstre, annoncé par le titre. « Cherchez en Russie  quelqu’un qui va en justice et qui sera certain de gagner, ça n’existe pas, c’est tout le problème de mon héros. »

Andrei Zvyagintsev  parle ensuit des acteurs, des raisons d’un choix. «  Je demande aux comédiens d’amoindrir leur expression par rapport à leur jeu habituel, plus la performance est ascétique, plus elle est intéressante, ça oblige le spectateur à aller dans ce qu’il se passe à l’écran, sans attendre que des flots d’émotion se déversent sur lui ». Le décor ? « Une impression de bout du monde », et puis il parle technique … Très intéressante rencontre, sans langue de bois.

  • Scènes coupées (21.20 mn). Il y avait encore des séquences importantes dans ce film, comme nous le montre ce chapitre. Plusieurs scènes sont extraordinaires. J’ai retenu :Avec son fils «  Je suis un cancre », très expressif.-La descente nocturne du maire, complètement ivre, qui provoque Kolia : une grande et belle intensité. -L’arrestation de Kolia et la destruction de la maison : des séquences retenues dans le film, mais ici beaucoup plus fournies.

Des chefs-d’œuvre selon mon blog 

Dans le coffret Andreï Zviaguintsev avec "Le retour", "Elena" et " Le bannissement" Prix du Scénario à Cannes Février 2015 : le meilleur dvd Mais où sont passés les films de la Pérestroïka ? Question lancinante, j’ai bien du mal à y répondre. Il me reste en mémoire Pavel Lounguine (« Taxi Blues », « Luna Park »), ce même désarroi, cette même violence qui hantent le film d'Andrei Zvyagintsev, désigné bizarrement pour représenter la Russie aux Oscars 2015. L’œuvre du cinéaste soviétique déjà récompensé à Cannes par le prix du scénario mérite amplement une telle distinction. Mais le pays de Poutine ne peut…

Review Overview

Le film
Les bonus

Un grand film récompensé à Cannes (meilleur scénario), en course pour les Oscars, et qui nous rappelle ce que fut un temps le cinéma de la pérestroïka. Depuis Gorbatchev, le pays est revenu à une « normalité » historique, laissant malgré tout son cinéma raconter la vie au pays, telle qu’elle doit être. Ici, un homme confronté à la magouille administrative, au service des apparatchiks locaux. L’affaire n’est malheureusement pas nouvelle mais Andrei Zvyagintsev, déjà auteur d'un grand film, "Elena"  insuffle à sa mise en scène une dynamique qui du bien et du mal révèle toutes les aspérités pour mieux cerner le profil d’un pays plus exsangue que l’on pouvait l’imaginer. Les comédiens sont extraordinaires eux aussi dont le « héros », Alexeï Serebriakov et son contraire, le maire de la ville, parfaitement incarné par Roman Madianov. Un don Quichotte soviétique, qui comprend très vite la vacuité de son combat, mais s’acharne à sauver la terre de ses ancêtres. Le cinéaste russe en rapporte les effets les plus visibles avec le sentiment de filmer cette fois  pour la postérité. Un bel hommage, parfois drôle, à son héros.

Avis bonus Une rencontre très informative avec le réalisateurs, des scènes coupées qui auraient pu demeurer au montage, des bonus à la hauteur du film

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