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« Le prince de Hombourg » de Marco Bellocchio. Critique cinéma-bluray

Synopsis: Le jeune prince de Hombourg, commandant de la cavalerie du Brandebourg pendant la guerre de Hollande, est en proie au somnambulisme. Une nuit, il ramasse un gant laissé par sa fiancée Natalia. Le lendemain, fasciné par la vision de ce gant, il n’écoute que distraitement les consignes militaires et, sur le champ de bataille, désobéit. L'oncle du prince, chef de l'armée, exige que son indiscipline soit punie de façon exemplaire…

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Le Prince de Hombourg "
De : Marco Bellocchio
Avec : Andrea Di Stefano, Barbora Bobulova, Toni Bertorelli, Anita Laurenzi, Fabio Camilli
Sortie le : 05 octobre 2016
Distribution : Carlotta Films
Durée : 85 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le bonus

Un film oublié pendant des années, au purgatoire pour avoir séduit Cannes et en être reparti bredouille. Un film de plus en plus hors du temps, magnifique, et dont le romantisme échevelé connaît peu d’équivalent dans le cinéma d’hier et d’aujourd’hui.

Ecoutez le chant du condamné : plutôt que d’accepter la grâce d’une mort inique, le héros d’une bataille se soumet à la décision d’un tribunal militaire, présidé par son oncle, qui l’accuse d’avoir désobéi.

Les faits sont avérés, mais la victoire est belle et l’avenir du Prince de Hombourg parait sans nuage. C’est pourtant au fond d’un cachot que sa fiancée Natalia, le supplie d’intervenir auprès de son oncle, pour implorer son pardon. Un déchirement total pour cet homme qui ne peut se soumettre à l’idée d’agir tel un  manant. Il est prince et son honneur lui commande une toute autre action.

 

Noble sentiment, aujourd’hui peut-être incongru, mais qui vaut à Marco Bellochio de peindre les tourments de l’amour et de l’âme de manière sublime. Un cadre pictural aux couleurs chaudes, rehaussées par la splendeur des costumes.

Ils posent la personnalité de tous ces héros de chair et de sang qui peuplent le palais où se nouent le drame et la fatalité. « Dans le cœur des cœurs » comme le rappelle Natalia confrontée elle aussi à la puissance de l’honneur et de la justice.

« Mais je ne peux répondre lâchement à celui qui me traite avec noblesse » se défend le condamné à mort, au fond de l’abîme tragique où l’amour et l’Histoire se conjuguent déjà au passé.

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Je crains qu’aujourd’hui une telle histoire n’amuse plus qu’elle passionne. Trop dans la marge, décalée des préoccupations terre à terre; elle demeure pourtant universelle.

Andrea Di Stefano, dans le rôle-titre (très bien)  n’a pas eu à souffrir de la disgrâce cinématographique. On le retrouve ici et là réalisateur ou comédien de films de bonne facture.

Barbora Bobulova, sa fiancée à l’écran, elle aussi convaincante, a poursuivi son chemin : «  Les âmes noires », « Nos enfants »… Sans oublier Carlo Crivelli dont la musique épouse totalement les affres et les tourments de cette dynastie consacrée à la gloire. Un autre temps, effectivement.

SUPPLÉMENT

. MARCO BELLOCCHIO, DE LA POÉSIE À LA PROSE (18 mn) . Marco Bellocchio revient sur les thématiques du Prince de Hombourg et le choix éminemment personnel de son adaptation. Par Michel Ciment, directeur de la revue Positif.

 Marco Bellocchio avec Piergiorgio Bellocchio sur le moniteur de contrôle.

Le cinéaste parle en français, mais ne finit pas toujours ses phrases. J’ai parfois eu du mal à le suivre dans ses explications ou points de vue. On évoque ses personnages récurrents, ce romantisme exacerbé, des héros comme ce prince pour qui il n’est pas question d’obéir à la loi du roi. «  Mais d’une telle fragilité humaine, ce grand héros qui défie la mort sur le champ de bataille a peur de mourir au fond de son cachot ».

Sur l’adaptation, je crois avoir compris qu’il évoque une dramatisation plus stylisée  «  en prenant la grande liberté de passer de la poésie à la prose, ce qui est plus facile à mettre en images ». A ma connaissance c’est la première apparition au cinéma de Pierfrancesco Favino

Meilleur dvd Octobre 2016 ( 7ème) D'après la pièce de Heinrich Von Kleist Un film oublié pendant des années, au purgatoire pour avoir séduit Cannes et en être reparti bredouille. Un film de plus en plus hors du temps, magnifique, et dont le romantisme échevelé connaît peu d’équivalent dans le cinéma d’hier et d’aujourd’hui. Ecoutez le chant du condamné : plutôt que d’accepter la grâce d’une mort inique, le héros d’une bataille se soumet à la décision d’un tribunal militaire, présidé par son oncle, qui l’accuse d’avoir désobéi. Les faits sont avérés, mais la victoire est belle et l’avenir du Prince…

Review Overview

Le film
Le bonus

Adapté d’un chef-d’œuvre du théâtre classique allemand signé Heinrich von Kleist, Le Prince de Hombourg met en scène une vision à la fois onirique et sombre des tourments de l’amour et de la guerre. D’un fort bel esthétisme, pour une histoire, plutôt originale, interprétée avec un tel raffinement. Cette théâtralité on la retrouve dans la mise en scène de Marco Bellochio, magnifiée par une lumière picturale et des costumes somptueux et signifiants. Ils posent la personnalité de tous ces héros de chair et de sang qui peuplent le palais où se nouent le drame et la fatalité. Dans une situation paradoxale : pour ne pas avoir obéit aux ordres (une désobéissance qui lui vaut la victoire) le prince de Hombourg est condamné à une mort certaine. Car un héros qui s’abaisse à demander grâce n’est plus un héros. C’est tout l’enjeu de ce film, sublime, six fois nommé à Cannes, et reparti bredouille. Depuis, il n’avait jamais été reprogrammé au cinéma. Cela va faire bientôt 20 ans. Il était temps, c’est un film remarquable.

Avis bonus Un entretien avec le réalisateur, difficile à suivre...

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5 Commentaires

  1. Très beau film effectivement : romantisme, noblesse des sentiments, pièce de théâtre très bien adaptée, mise en scène soignée, couleur et musique magnifiques, tout y est. On se demande pourquoi ce film n’est pas sorti en 97 mais on peut malheureusement être sûr qu’il ne trouvera pas un grand public tant il peut sembler décalé par rapport aux sorties actuelles.
    Sinon, il faut voir Mustang…

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