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« Le cavalier noir » de Roy Ward Baker . Critique dvd

Synopsis: Athée convaincu, le bandit Anacleto impose une véritable terreur dans le petit village de Quantana. Quand le père Keogh arrive pour reprendre la tête d'une congrégation catholique, il se heurte au hors-la-loi sans défaillir. Anacleto, intrigué par la foi inébranlable du prêtre, tente de le pousser dans ses derniers retranchements.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Le cavalier noir"
De : Roy Ward Baker
Avec : Dirk Bogarde, John Mills, Mylène Demongeot, Laurence Naismith, John Bentley
Sortie le : 02 févri 2016
Distribution : Rimini Editions
Durée : 128 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Il faut se pencher sur l’histoire de ce film pour mieux le comprendre et l’appréhender dans toutes ses composantes. En 1961 on propose à Roy Ward Baker de tourner un western plutôt contemporain. Il n’a jamais touché au genre et sa réputation le suit depuis « Troublez moi ce soir » tourné en 1952 avec Marilyn Monroe.

Le sujet qui touche à la religion et aux relations particulières entre hommes ne l’incite guère à prendre les rênes d’une telle aventure.  Luis Buñuel serait plus à l’aise, pense-t-il.

On imagine effectivement l’auteur de « Susanna, la perverse » dans ce triangle amoureux : une jeune fille tombe amoureuse d’un prêtre lui-même attiré par un bandit. Un résumé aussi succinct ne donne pas la pleine mesure de ce film que Roy Ward Baker mène donc un peu contraint et forcé, ce qui avec le temps permet de mieux de le cerner.

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« Le cavalier noir » a soixante ans. Les rides apparaissent autour d’un jeu souvent caricatural et maniéré. Notamment de la part du héros bandit, tout de cuir noir vêtu et aux pommettes saillantes. Dirk Bogarde ne me paraît pas très à l’aise dans la peau de ce personnage qui frise la caricature. Comme si le comédien retenait les grosses ficelles que le scénario semble lui avoir posées.

Face au prêtre qui n’est que bonté, abnégation et foi entière, le manichéisme devient patent. Heureusement, notre Mylène Demongeot national ragaillardi l’atmosphère avec ses airs à la BB bougonne. Elle prend une importance capitale vis-à-vis des véritables motivations de son personnage qui se défile sans que personne ne remarque ni son jeu, ni sa duplicité.

Sauf Roy Ward Baker qui retrouve alors des couleurs et le goût du cinéma d’aventure  dans les montagnes espagnoles où notre bon prêtre ( John Mills ) espère évangéliser les villages isolés.

Un épisode de la guerre que se livre le bandit et le saint homme jusqu’à la rédemption possible du méchant qui commence à se poser des questions. Est-ce la chanson qui est bonne ou le chanteur qui la met en valeur ? se demande-t-il renvoyant sa pensée au titre original («  The singer not the song »). La double lecture peut conduire le pénitent vers des abîmes de perplexité.

Une réflexion supplémentaire dans un film qui n’en manque pas (le mariage des prêtres est un moment invoqué…), comme il ne manque pas d’intérêt pour l’histoire du cinéma. Une fois les codes assimilés. Le point de vue en bonus du spécialiste est cette fois ci tout à fait recommandé.

LES SUPPLEMENTS

  • Interview de Mylène Demongeot (20.47 mn). L’actrice française dit tout le plaisir qu’elle avait à l’époque de pouvoir tourner dans une grosse production, sauf qu’à l’arrivée sur le plateau Charlton Heston qui devait jouer le prêtre est remplacé par John Mills. «  Il devait je crois être trop beau pour un tel rôle, mais j’ai fait un scandale en disant que j’avais signé un contrat avec des comédiens et que je me retrouvais avec un très bon acteur mais dont je ne pouvais pas tomber amoureux. Il n’avait rien de sexy, beaucoup trop vieux.. ».

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Des extraits des films de Dirk Bogarde avec qui elle était très amie agrémentent le documentaire dans lequel elle évoque aussi les films qu’elle tournait à l’époque comme «  Upstairs and downstairs » (Entrée de service) de Ralph Thomas. Elle parle aussi  des rôles de femmes des années 40/50, « que l’on mettait très en avant, aujourd’hui c’est quand même plutôt rare »

  • Rencontre avec Jean-François Giré (22.35 mn). Des extraits de «  Troublez moi ce soir » de avec Marilyn Monroe et «  Atlantic Latitude 41 » sur lequel James Cameron s’est beaucoup appuyé ouvrent cet épisode autour d’un réalisateur qui par la suite fera également des séries comme «  Chapeau melon et bottes de cuir », «  Le saint »…

Le spécialiste du western  revient aussi très longuement sur ce « film audacieux pour l’époque, les rapports homosexuels jamais montrés mais d’une telle évidence  dans ce triangle amoureux qui ne se déclare jamais. (… ) Dirk Bogarde a lui-même freiné je pense les aspects conventionnels du film, les stéréotypes, le vêtement en cuir noir, le chapeau noir, il aimait pas trop, et sa façon ambiguë… ». Il revient aussi sur le changement de casting, mais cette fois l’impute à Charlton Heston, inquiet peu avant le tournage du rôle qu’il allait jouer.

La Bible :

« Une histoire du western » de Louis-Stéphane Ulysse.

Quelques westerns plus ou moins conformes :

« Utu » de Geoff Murphy

« In a valley of violence » de Tim West

« Fureur Apache » de Robert Aldrich

« Il était une fois dans l’Ouest » de Sergio Leone (1968)-

 « True Grit » de Joel et Ethan Coen (2010)

« Soldat bleu » de Ralph Nelson (1970)

« Little big man » d’Arthur Penn (1970)

« The last movie » de et avec Dennis Hopper

« La vengeance aux deux visages » de et avec Marlon Brando

« Les 8 salopards » de Quentin Tarentino

Il faut se pencher sur l’histoire de ce film pour mieux le comprendre et l’appréhender dans toutes ses composantes. En 1961 on propose à Roy Ward Baker de tourner un western plutôt contemporain. Il n’a jamais touché au genre et sa réputation le suit depuis « Troublez moi ce soir » tourné en 1952 avec Marilyn Monroe. Le sujet qui touche à la religion et aux relations particulières entre hommes ne l’incite guère à prendre les rênes d’une telle aventure.  Luis Buñuel serait plus à l’aise, pense-t-il. On imagine effectivement l’auteur de « Susanna, la perverse » dans ce triangle amoureux : une jeune fille…
Le film
Les bonus

C’est un film qui a plusieurs histoires dans ses coulisses, et il est bon d’en prendre connaissance avant ou après la projection. Ceci pour mieux comprendre comment en 1961 un cinéaste britannique accepte du bout des lèvres un projet de western contemporain avec Kirk Douglass dans le rôle du bandit efféminé. L’arrivée d’un nouveau prêtre dans le village qu’il terrorise va complètement le chambouler, tandis qu’une jeune femme de bonne famille va s’amouracher du prêtre. C’est au début un peu tiré par les cheveux, mais une fois la complexité du récit remis dans le droit chemin d’un scénario original on se laisse emporter par cette aventure iconoclaste, qui doit absolument prendre place dans le livre d’histoires du cinéma.

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