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« Tout s’est bien passé » de François Ozon. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Fantasque, aimant passionnément la vie mais diminué, un père demande à sa fille de l’aider à en finir. Emmanuèle, est romancière épanouie dans sa vie privée et professionnelle. Son père André vient de faire un AVC. Avec l’aide de sa sœur Pascale, elle va devoir choisir : accepter sa volonté ou le convaincre de changer d’avis.

La fiche du film

Le film : "Tout s'est bien passé"
De : François Ozon
Avec : Sophie Marceau, André Dussollier
Sortie le : 22/09/2021
Distribution : Diaphana Distribution
Durée : 112 Minutes
Genre : Comédie dramatique, Drame, Comédie
Type : Long-métrage
Le film
  • D’après le roman éponyme d’Emmanuèle Bernheim.
  • DVD : 01 er Février 2022

Une maladie. L’effet clinique au cinéma, et l’expression de toute une vie. En peu de mots et d’’images, François Ozon résume frontalement l’état dans lequel un homme âgé se retrouve du jour au lendemain, suite à un AVC.

Dès le prologue, l’intention du réalisateur force l’acceptation du spectateur. Il faut pouvoir se confronter à ce monde totalement médicalisé, là où le cinéma mise habituellement sur l’allégorie.

Mais Ozon ne transige pas .Toute cette histoire vécue reprend le cours d’une existence familiale, au cours de laquelle un couple s’est peu à peu éloigné l’un de l’autre, quand les enfants Emmanuèle et Pascale grandissaient .

Ce que le cinéaste rappelle au contact de cet homme aujourd’hui cloué dans son lit d’hôpital. Toute une vie en raccourci défile dans ses remarques acerbes et les souvenirs mitigés de ces deux sœurs, au chevet de ce papa drôle et fier.

Mais André fatigué demande à en finir. L’appel est sans rémission, il est têtu, obstiné, comme il le fut toute sa vie.

«  On ne lui a jamais rien refusé » confirme Emmanuèle, la romancière aussi bouleversée que sa sœur par une telle exigence. L’admettre ou la rejeter, assouvir cet ultime désir … le combat est douloureux, les souvenirs mordants.

François Ozon les filme avec autant d’acuité qu’il prend à bras-le-corps le sujet de la fin de vie, son mode opératoire, ses exigences. Tout un processus que le père entend rigolard, mais si impatient de passer aux actes.

Bien souvent méconnaissable, André Dussollier est extraordinaire dans ce personnage qui ne nous épargne rien de ses souffrances, et du traumatisme familial qu’il engendre. Son épouse ( Charlotte Rampling, tout aussi magnifique ) ne fait que passer, comme absente depuis tout ce temps que les deux sœurs tentent maintenant de rattraper.

Un bel ensemble composé sur une écriture prenante, et fantaisiste parfois quand le cours de l’existence prend à revers le tragique de la situation.

Hanna Schygulla joue la représente de l’association suisse pour le droit de mourir dans la dignité

Un peu de répit pour Emmanuèle et Pascale qui trouvent en Sophie Marceau et Géraldine Pailhas deux excellentes interprètes. Elle sont dans la juste mesure de leurs personnages à l’équilibre fragile , mais à la sororité si précieuse en pareilles circonstances.

L’effet clinique des premiers instants s’est estompé. Le pathétique évité, c’est la vie – apparences trompeuses – qui reprend ses droits.

LES SUPPLEMENTS

  • Le clin d’œil de François Ozon- «  C’est un homme qui veut mourir parce qu’il aime la vie » dit-il en évoquant la façon dont il a rencontré l’œuvre d’Emmanuèle Bernheim. «  Elle m’a envoyé son livre, mais à l’époque je ne me sentais pas prêt pour l’adapter. Et je n’avais pas l’envie de me frotter à cette histoire ».

La sororité, la peur d’abîmer son image (« André a tout de suite accepté… ») , le choix de la mort …

  • Le point de vue de Sophie Marceau-«  Une histoire très banale qui devient palpitante … » André Dussollier ? «  Je l’ai regardé joué, il était toujours juste, impressionnant de le voir ainsi de si près ». Elle commente l’interdiction de mourir dans la dignité …

-Géraldine Pailhas- Elle parle d’abord de sa rencontre avec Emmanuèle Bernheim, autour d’un mort… Et pas n’importe lequel ! « J’ai lu ensuite son livre d’une traite ».  François Ozon ?  » Il nous laisse jouer tout le spectre , du plus dramatique au burlesque, et ensuite il module »

-André Dussollier – «  C’est intéressant de ne pas connaître les acteurs avec qui l’on va jouer, c’est comme une page blanche sur laquelle chacun peut mettre ce qu’il a envie et tout s’enrichit ».

  • Scènes coupées- Elles sont souvent très courtes et à part celle du coffre-fort ( au moment où Charlotte Rampling entre dans la pièce ) elles répètent souvent d’autres séquences.
  • Essais lumière et costumes-Rien à dire, ce sont bien des essais, sans commentaire

  • Projet d’affiches-Rien à dire …
  • Claude de Soria , un documentaire de Michelle Porte- En référence je suppose au métier qu’exerce Claude ( Charlotte Rampling) , ce dernier bonus reprend le parcours de l’artiste devenue sculptrice. A l’origine tout la destinait à être peintre .

Elève de Lhotte et de Léger, Claude de Soria découvre chez Zadkine sa vocation « J’arrivais le matin, et aussitôt après on était déjà le soir ». C’est ce qu’elle raconte dans son atelier où elle est entièrement filmée au milieu de certaines pièces et œuvres personnelles.

Le travail de la terre, à l’origine , l’a conduit à modeler le ciment qu’elle découvre grâce à un sac abandonné. Ses premiers essais sur cette matière révèle une application difficile « Il se solidifie très vite » s’étonne-t-elle encore. Elle en fera le fer de lance de sa collection.

D’après le roman éponyme d’Emmanuèle Bernheim. DVD : 01 er Février 2022 Une maladie. L’effet clinique au cinéma, et l’expression de toute une vie. En peu de mots et d’’images, François Ozon résume frontalement l’état dans lequel un homme âgé se retrouve du jour au lendemain, suite à un AVC. Dès le prologue, l’intention du réalisateur force l’acceptation du spectateur. Il faut pouvoir se confronter à ce monde totalement médicalisé, là où le cinéma mise habituellement sur l’allégorie. Mais Ozon ne transige pas .Toute cette histoire vécue reprend le cours d’une existence familiale, au cours de laquelle un couple s’est…
Le film

Il faut passer les premiers instants très cliniques de ce film, pour accéder avec attention dans un univers médical où la maladie se prolonge par un désir acharné de mourir. La fin de vie déjà abordée au cinéma par des films comme «  Quelques heures de printemps » de Stéphane Brizé devient le point d’ancrage de deux sœurs confrontées à la volonté d’un père qui a toujours accédé à ses désirs. François Ozon les filme avec autant d’acuité qu’il prend à bras le corps le sujet, son mode opératoire, ses exigences. Ou l’effet clinique au cinéma appliqué à l’expression de toute une vie L’écriture prenante, et fantaisiste parfois ( on rit, on sourit … ) accompagne de très beaux interprètes . D’André Dussollier à Sophie Marceau, de Géraldine Pailhas à Charlotte Rampling, François Ozon peut s’appuyer sur le sérieux et l’intelligence de leur composition. A l’image de sa mise en scène .

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