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« Dogman » de Matteo Garonne. Critique DVD

Synopsis: Dans une banlieue déshéritée, Marcello, toiletteur pour chiens discret et apprécié de tous, voit revenir de prison son ami Simoncino, un ancien boxeur accro à la cocaïne qui, très vite, rackette et brutalise le quartier. D’abord confiant, Marcello se laisse entraîner malgré lui dans une spirale criminelle. Il fait alors l’apprentissage de la trahison et de l’abandon, avant d’imaginer une vengeance féroce...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Dogman"
De : Matteo Garrone
Avec : Marcello Fonte, Edoardo Pesce, Alida Baldari Calabria, Nunzia Schiano, Adamo Dionisi
Sortie le : 14 novemb 2018
Distribution : Le Pacte
Durée : 99 minutes
Film classé : Accord parental souhaité
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Les bonus
le film

Dans une cité balnéaire, comme abandonnée, une petite communauté de commerçants tente de résister à l’inéluctable déclin du quartier. Simoncino (Edoardo Pesce) brute épaisse et irraisonnée personnifie cet affaissement social. Une armoire à glace, avec pas grand-chose dans la tête. Tout le monde en a peur.

Sauf peut-être Marcello qui se raccroche imbécilement à cet énergumène. Béat d’admiration devant la violence toujours prête à bondir, ce toiletteur pour chiens accompagne son copain dans tous ses mauvais coups.

Plus ou moins contraint, bien souvent forcé…

Simoncino ne sait pas parler, il frappe !

Seule entorse à sa dévotion, sa petite fille dont il est séparé et qui lui rend fréquemment visite. Il l’emmène parfois faire de la plongée sous-marine dans les environs. Ils rêvent de partir très loin en voyage. Quitter ce lieu sans âme, cette vie à plier l’échine .

S’éloigner du mal.

« Quelqu’un le tuera, c’est son destin » disent les commerçants de Simoncino qui les rackette. Mais ils ne lui refusent rien. On ne se met pas en travers de son chemin, on ose à peine le contrarier.

La police n’est pas dupe, mais devant son mutisme, Marcello va payer pour le casse survenu près de sa boutique. Un an de prison et un retour mouvementé dans le quartier. Le toiletteur a trahi sa communauté. On le rejette, on l’humilie à nouveau mais cette fois ce sont les copains qui se chargent de l’affront .

Peut-être le trop plein pour ce petit bonhomme acculé à l’abandon et à une solitude désormais sans fin. Le prix de son silence n’est pas celui convenu à l’origine avec Simoncino qui se moque une fois encore de ses vaines menaces. Marcello son petit caniche a toujours fait le beau, il ne va pas s’arrêter…

Pourtant son regard vient de changer. Quitte à chavirer dans un monde qui ne lui ressemble pas. Une révolte patiente et dévastatrice que le réalisateur prend à son compte dans une mise en scène au plus juste de l’environnement délabré

Une réalisation âpre et viscérale sujette à tous les débordements possibles pour des interprètes qui semblent jouer leur propre vie .

Marcello avec sa fille et ses chiens, presque tout pour être heureux…

Marcello Fonte a reçu cette année le prix d’interprétation à Cannes. Effectivement, grand interprète que ce monsieur qui n’avait jusqu’alors jamais fait de comédie. Le dernier plan, long et magnifique le révèle dans toute sa fragile splendeur.

Il y a très peu de lumière, très peu d’espoir dans cet ultime adieu que Matteo Garrone pose sur son pays chahuté. Le cinéma transalpinrevient au premier plan et nous donne malgré tout des raisons de l’aimer.

LES SUPPLEMENTS

  • Entretien avec Matteo Garrone et Marcello Fonte (18′) . A l’origine, un fait divers à Rome donne l’idée du film « mais peu à peu on s’en éloigne considérablement » raconte Matteo Garrone qui avait prévu de le tourner avant Gomorra…

Le personnage de Marcello.« Fascinant à créer, complexe, et la rencontre avec Marcello Fonte m’a décidé à faire ce film, regardez ce visage qui appartient à une Italie qui est en train de disparaitre ».

Marcello Fonte (Prix d’interprétation masculine -71ème Festival International du Film de Cannes

« Mais son antagoniste est tout aussi puissant, Edoardo, le méchant et si dans un film vous ratez le méchant, vous ratez le film. C’est un personnage à la fois violent et dépendant, mais son côté solitaire le rend humain, Edoardo Pesce l’a éloigné du cliché qu’il risquait de devenir ».

La réalité du film. ?  « Une allégorie de l’Italie actuelle, je pars de la réalité pour atteindre une autre dimension, poétique effectivement, comme vous l’évoquez » dit-il à l’interviewer « et ça me fait plaisir que vous l’évoquiez ».

« J’ai fait un film sur l’amour et la peur » raconte un brin hésitant Marcello Fonte, l’interview n’étant semble-t-il pas son fort, c’est pourquoi le réalisateur parle souvent pour lui …

« La peur d’un personnage faible qui essaie de se défendre, de défendre son travail. C’est étonnant comme des gens peuvent arriver à te rendre méchant… »

« Tu as résumé en quelques mots un film que je n’arrivais pas à décrire simplement » assure le réalisateur qui rappelle que Marcello Fonte a commencé le cinéma à 18 ans par hasard avec Scorsese « il doublait des comédiens quand ils s’absentaient ».

Marcello Fonte confirme par un grand sourire, rien de plus.

  • Making of (15′). Premier casting de Marcello Fonte, ahurissant, l’image d’un homme à la rue, on lui demande d’où il vient, il semble surpris par la question, laisse quelques secondes passer et puis « je vis un peu partout, je n’ai pas de domicile fixe »

« J’étais en train de mourir, le théâtre m’a sauvé la vie »

« L’art qui te sauve la vie, on vivait dans des cabanes que mon père avait construites, et quand il pleuvait sur les toits de tôles on aurait dit des applaudissements ». Le comédien raconte ainsi son enfance sur les images du tournage, le face à face avec le chien, puis la brute épaisse qui le balance dans tous les coins…

« C’est la scène la plus importante du film, et il n’y a aucune vie » remarque le réalisateur

« C’est le rythme qui ne va pas » estime Edoardo Pesce, « on joue comme au théâtre, et moi je peux pas ».

« Il te faut un petit verre de whisky pour te donner un grain de folie » reprend Matteo Garrone à l’adresse de Marcello qui trempe prudemment ses lèvres dans un verre en plastique

« Vieilli en barrique j’adore » commente-t-il toujours aussi souriant. Le réalisateur l’accompagne tout aussi délicatement

« Je bois par solidarité ». C’est quand même beau le cinéma !

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Marcello Fonte,Prix d’interprétation masculine, Cannes 2018 .- Prix du meilleur acteur EuroFilmAwards . - Meilleur dvd Novembre 2018 ( 2ème ) .- Dans une cité balnéaire, comme abandonnée, une petite communauté de commerçants tente de résister à l’inéluctable déclin du quartier. Simoncino (Edoardo Pesce) brute épaisse et irraisonnée personnifie cet affaissement social. Une armoire à glace, avec pas grand-chose dans la tête. Tout le monde en a peur. Sauf peut-être Marcello qui se raccroche imbécilement à cet énergumène. Béat d’admiration devant la violence toujours prête à bondir, ce toiletteur pour chiens accompagne son copain dans tous ses mauvais coups. Plus ou…
Les bonus
le film

C’est l’histoire d’un petit bonhomme, dans tous les sens du terme, en admiration béate devant une brute épaisse qui terrorise tout un quartier. Marcello pense pouvoir ainsi vivre entre l’espoir d’une vie meilleure et l’humiliation quasi quotidienne de son existence. Jusqu’au jour où lassé de trop d’avanies, d’abandon et de trahison, Marcello cultive une vengeance qui marquera les esprits. C’est du moins ce qu’il espère quand une fois son forfait accompli il comprend que le monde peut encore tourner sans lui. Malgré cette révolte patiente et dévastatrice que le réalisateur prend à son compte dans une mise en scène au plus juste de l’environnement délabré d’une cité balnéaire oubliée. La réalisation âpre et viscérale est sujette à tous les débordements possibles pour des interprètes qui semblent jouer leur propre vie .Marcello Fonte a reçu cette année le prix d’interprétation à Cannes. Il le mérite amplement et son film tout autant.

Avis bonus Un bel entretien avec le réalisateur et son comédien, plus réservé. Un making of qui décoiffe …

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