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« La Dame de ShangaÏ » de et avec Orson Welles. Critique Blu-ray

Synopsis: A Cuba, Michael, un marin irlandais, sauve d'une agression une jeune femme, Elsa. Son mari , un avocat célèbre, lui offre d'embarquer sur son yacht pour une croisière vers San Francisco. Elsa et Michael tombent amoureux et Grisby, l'associé de Bannister, s’en aperçoit. Il veut disparaître et lui propose un étonnant marché.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "La Dame de Shanghaï ( Coffret Collector Blu-ray, DVD avec livre )"
De : Orson Welles
Avec : Rita Hayworth, Orson Welles, Everett Sloane, Glenn Anders, Ted de Corsia
Sortie le : 14 novemb 2018
Distribution : Carlotta Films
Durée : 84 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 2
Le film
Les bonus

Dès les débuts, ça sent l’embrouille. Un marin irlandais en perdition dans les rues de Cuba aborde une belle femme dans sa calèche et la sauve peu après d’une agression nocturne. Et les voici tous les deux sur le yacht du mari, Bannister, un riche et célèbre avocat torturé par des prothèses aux jambes (Everett Sloane).

Ce qui le déforme et rend sa démarche hasardeuse. Un vrai reptile. Rita Hayworth à côté, c’est la reine du soleil face au ténébreux et énigmatique Michael O’Hara (Orson Welles) au physique malgré tout très avenant. Les amants vont s’aimer sous le regard malin d’un quatrième personnage, Grisby, l’associé de Bannister ( Glenn Anders) qui ne dit rien, mais enregistre.

Le couple et Michael ne jouent pas franc-jeu. L’homme et la femme ont par ailleurs des rapports très distants, pour ne pas dire méfiants…

L’avocat, serpent venimeux, face à l’aventurier naïf et amoureux

Le trouble qui en émane se répand dans tous les recoins d’un paysage obscurément noirci par des nuages tout aussi menaçants, et aussi troublants que ces face à face silencieux, si éloquents.

Voir ainsi l’arrivée de Michael sur le bateau, accueilli par la belle Elsa, tous les deux en arrêt, alors que le mari depuis la cale appelle son épouse par des noms amoureux.

Si l’on comprend bien, si l’on veut bien comprendre (à la limite, l’intrigue importe peu face à l’emblématique dramaturgie qui en ressort) il est question de tuer l’un ou l’autre, et de faire passer la victime pour le coupable. C’est assez bien manigancé dans une réalisation très suggestive . La scène de la proposition du meurtre est magnifique.

Comme tout est dit sur les intentions des uns et des autres dans cette mise en scène abyssale, c’est la dissimulation qui prime. Réceptacle idéal pour ce procès pas comme les autres, qui bafoue toutes les règles de procédure. En prime, l’avocat de la défense ne cache pas son intention de le perdre histoire d’enfoncer un peu plus son client, présumé coupable…

On le sait innocent depuis toujours…

Les habitués savent que la révélation se fait dans un final ébouriffant, et une dramaturgie hors du commun. Welles avait sinon le sens des affaires, celui de la pirouette narrative. Dans un délire de miroirs brisés au son des balles perdues. J’ai l’impression que cette scène est reprise une dizaine de fois par an dans l’univers du septième art. Et  dans d’autres artifices tant le spectacle est grandiose !

LES SUPPLEMENTS

  • « Miroirs d’un film : La dame de Shanghai d’Orson Welles » .  Un livre inédit de 160 pages (inclus 50 photos d’archives)

Ce livre plein et entier reprend toute la genèse d’une histoire qui commence bizarrement sur un chantage entre producteur et réalisateur, avant que Orson Welles ne se lance dans l’aventure qui connaîtra ses inévitables avatars. La mort d’un cameraman (crise cardiaque), le crash d’un avion en repérage dans la jungle mexicaine…

Le petit bout de la lorgnette dont se saisisse les spécialistes pour décortiquer par le menu cette œuvre aux pistes de lecture infinies.

De la plus intime (Welles et Hayworth sont encore mariés…)  aux plus professionnels. Dont le témoignage du producteur et réalisateur William Castle, et l’analyse de Frank Lafond (l’homme « épuisé » par Fuller) !

Oh ce procès, mémorable dans la forme et le fond !

Des entretiens avec Dominique Antoine, Darius Khondji et Nicolas Saada révèlent aussi bien la teneur des relations entre chaque protagoniste (le producteur Harry Cohn n’aimait pas que les héroïnes soient des meurtrières) que le style d’Orson Welles.

Un homme brillant et désespérant à la fois selon des avis contrastés dans les journaux de l’époque que cet ouvrage rapporte avec là encore détails et illustrations. A cet égard, les photos du tournage et des vedettes couronnent joliment, en noir et blanc le plus souvent cet ouvrage auquel on ne peut résister longtemps.

  • « La dame de Shanghai » : conversation avec Peter Bogdanovich (21 mn) .Entretien avec Laurent Bouzereau.

Le cinéaste et ami d’Orson Welles, revient sur l’incroyable évolution de ce film mineur devenu culte. Au milieu des morceaux de bravoure, il cite bien évident les scènes références désormais inscrites au panthéon du cinéma.

  •  Simon Callow à propos de  » La dame de Shanghai » (21 mn)
    L’auteur d’une biographie en plusieurs volumes sur Orson Welles, analyse « La Dame de Shanghai » et souligne fortement l’intransigeance d’Orson Welles qu’Hollywood va rejeter.
  • Henry Jaglom en tête à tête avec Orson Welles (24 mn)
    Le réalisateur de « Un coin tranquille » engagea Orson Welles comme acteur sur son premier film. Depuis ils sont restés amis. Une complicité les unissait même dont Jaglom se souvient avec force détails.
Dès les débuts, ça sent l’embrouille. Un marin irlandais en perdition dans les rues de Cuba aborde une belle femme dans sa calèche et la sauve peu après d’une agression nocturne. Et les voici tous les deux sur le yacht du mari, Bannister, un riche et célèbre avocat torturé par des prothèses aux jambes (Everett Sloane). Ce qui le déforme et rend sa démarche hasardeuse. Un vrai reptile. Rita Hayworth à côté, c’est la reine du soleil face au ténébreux et énigmatique Michael O’Hara (Orson Welles) au physique malgré tout très avenant. Les amants vont s’aimer sous le regard malin d’un…
Le film
Les bonus

Avec le recul du temps, une fois encore, ce film apparait bien différent de ce que l’on a pu en retenir à l’époque (mais je n’étais pas né) où des années plus tard, tant il revient épisodiquement sur le devant de la scène. Aujourd’hui donc, dans sa patine et son universalité cinématographique (quelques scènes d’anthologie sont reprises ici et là par nos cinéastes) « La dame de Shangaï » figure tel un monument respectable du septième art, pour sa mise en scène très suggestive, voire allusive . On y fait d’autant plus attention que les protagonistes qui se frottent à une telle réalisation (Rita Hayworth, Orson Welles, Everett Sloane…) nous embrouillent très vite dans une histoire à tiroirs pas forcément catholique. La patte d’Orson Welles n’est pas indifférente à un tel processus cinématographique, classique certes (le noir et blanc y fait pour beaucoup) mais d’une telle expression, d’une telle vérité, que l’affaire tourne encore aujourd’hui royalement.

Avis Bonus Il y en a beaucoup avec cerise sur le gâteau un ouvrage de 160 pages qui se dévore comme un roman à suspense. En prime des photos d'époque, inoubliables

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