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« Annette » de Léos Carax. Critique cinéma

Synopsis: Los Angeles, de nos jours. Henry est un comédien de stand-up à l’humour féroce. Ann, une cantatrice de renommée internationale. Ensemble, sous le feu des projecteurs, ils forment un couple épanoui et glamour. La naissance de leur premier enfant, Annette, une fillette mystérieuse au destin exceptionnel, va bouleverser leur vie.

La fiche du film

Le film : "Annette"
De : Leos Carax
Avec : Adam Driver, Marion Cotillard
Sortie le : 06/07/2021
Distribution : UGC Distribution
Durée : 140 Minutes
Genre : Comédie musicale, Romance, Drame
Type : Long-métrage
Le Film

Je ne connais pas Léos Carax pour dire que ce film lui ressemble. Mais il s’en approche assez, me semble-t-il. Il frise l’obsession créatrice envers et contre tout.

Contre tous.

A l’image de cet humoriste à la dent noire, Henry qui fait rire pour dire la vérité sans être tué.  Chaque soir le comique s’époumone et triomphe. Ann, sa compagne rencontre aussi le succès, dans le lyrique et le poétique. Une cantatrice adulée.

Un couple aux extrêmes, mais joli couple comme on dit, à la ville comme à la scène. Une apparence du bonheur qui chez Carax ne dure jamais. Trop suspect.

 

D’ailleurs la femme croque la pomme, à l’envie, quand l’actualité la rattrape. Elle ne voulait peut-être pas l’entendre, mais Henry ( Adam Driver, toujours au mieux ) ne serait pas l’homme qu’elle aime. 

Un entrelacs de situations, des rumeurs en écho, le cinéaste reprend à sa manière l’affaire #MeToo pour en faire une illustration. De ce monde chaotique et cacophonique écarté par des mélodies empruntées aux Sparks .

« Annette » est un film musical sparksien. On chante presque tout le temps. Ce qui ne va pas de soi pour des comédiens excellents, mais peu habiles à simuler le refrain. Pop-rock ou mélodique, la partition prend alors le pas sur leur petite musique, égoïste et paranoïaque.

Miroir, mon beau miroir … Marion Cotillard endosse plusieurs  » rôles  » et le fait très bien

C’est l’enfant qui le dit, qui le voit, leur enfant exceptionnel conçu autant par amour que par ce réalisateur qui le sublime en un pantin de foire. On n’y est pas encore , mais les chimères chez Carax ont la fibre sensible.

Voyez l’ex-pianiste de la cantatrice, dont il est toujours amoureux, désormais chef d’orchestre. Il rêve de paternité .(Simon Helberg). La corde sensible du scénario que le cinéaste triture à la folie et nous ramène chaque fois en un montage tout aussi chahuté, dans le bon sens .

La scène au cours de laquelle Simon Helberg dirige enfin son orchestre tout en se remémorant son amour pour Ann est grandiose.

Celui d’une mise en scène au cordeau, maîtrisée, concordante.

On peut s’y perdre, je vous l’accorde. Mais à mon sens , le procédé fonctionne, par la grâce de cette poupée articulée qui très vite nous attendrit pour nous dire tout le mal qu’elle voit. L’amour qu’elle n’a pas. L’amour qui devient vengeance.

Son regard de petite fille est devenu tragique. De ces tragédies écrites depuis la nuit des temps. On dit aujourd’hui que ce sont de grands classiques .

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Le Film

Je ne vais pas m’appesantir sur les bienfaits d’un cinéma que d’aucuns renverront aux oubliettes. Carax c’est particulier, en dehors des conventions. C’est une façon de voir, un style approprié à une réflexion générale sur l’art et la création.  Cette fois plus spécifiquement sur la notion d’auteur qu’il  revoit peut-être lui-même dans ce miroir hallucinant d'un couple d’artistes adulés. Bien qu’aux antipodes artistiques l’un de l’autre, (elle est cantatrice, il est humour « nécrophage ») le duo fonctionne à la ville comme à la scène sur le même élan. L’arrivée de leur premier enfant bouleverse la donne. C’est un bébé exceptionnel qui ne parle pas mais les observe … Cette poupée articulée très vite nous attendrit pour nous dire tout le mal qu’elle voit. L’amour qu’elle n’a pas. L’amour qui devient vengeance. C’est une petite fille au regard tragique.  De ces tragédies écrites depuis la nuit des temps. Carax l’imagine comme un film musical sur la portée des Sparks. Un opéra-rock qui fonctionne très bien sur leurs mélodies ( 1970 ) même si les comédiens, par ailleurs excellents, ne les maîtrisent pas vraiment. C’est chantonné du bout des lèvres …

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3 Commentaires

  1. J’ai passé un excellent moment. C’est grâce à ce type d’œuvre que l’on comprend que le cinéma apprécie uniquement en salle sur grand écran !

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