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« Le labyrinthe du silence » de Giulio Ricciarelli . Critique cinéma-dvd

Ils ne savaient pas , ne voulaient pas savoir

Synopsis: Allemagne 1958 : un jeune procureur découvre des pièces essentielles permettant l’ouverture d’un procès contre d’anciens SS ayant servi à Auschwitz. Mais il doit faire face à de nombreuses hostilités dans cette Allemagne d’après-guerre. Déterminé, il fera tout pour que les allemands ne fuient pas leur passé.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Le Labyrinthe du silence"
De : Giulio Ricciarelli
Avec : Alexander Fehling, André Szymanski, Friederike Becht, Johannes Krisch, Hansi Jochmann
Sortie le : 06 octobre 2015
Distribution : Blaq Out
Durée : 115 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Meilleur dvd Octobre 2015 ( 3 ème )

L’Allemagne a découvert la réalité des camps de concentration tardivement .Ceux qui savaient se taisaient. Thomas Gnielka, le journaliste à l’origine des premières révélations, découvre avec effarement l’amnésie de ses concitoyens .

Le peu d’empressement de la justice de son pays pour poursuivre les criminels le révolte encore plus, jusqu’à ce que Radmann s’intéresse au dossier. Un jeune procureur qui en la matière avoue son incompétence .

L’ambiance à l’époque n’est pas au grand déballage. Au cours de ses investigations, la  chape de plomb qui recouvre l’existence des chambres à gaz, se renforce. Ses collègues sont moqueurs, son entourage dubitatif. «  Les vainqueurs refont l’Histoire » lui assure-t-on. «  On ne crache pas sur son pays » poursuivent les revanchards.

A l'ambassade des USA à Berlin, le jeune procureur tente de découvrir la vérité
A l’ambassade des USA à Berlin, le jeune procureur tente de découvrir la vérité.

 Giulio Ricciarelli ne chamboule pas les codes de la réalisation. La fidélité au récit, l’importance, la gravité du sujet écartent toute velléité du genre. La forme académique qu’il adopte, épouse à la fois le ton d’une époque, et ses démêlés avec la grande Histoire.

On suit fidèlement les traces de ce jeune loup de procureur-justicier, trop empressés d’en finir, et gâchant parfois ses meilleurs armes au cours de la traque du Dr Mengele. Alexander Fehling prend à bras le corps toutes les composantes de son personnage, incisif et persuasif, dans sa quête de justice et de vérité.

Le soutien du procureur général Fritz Bauer ( Gert Voss, vraiment très bien ), du conseil amical aux rouages d’une société gangrenée, forge sa conviction.

Les anciens prisonniers , les anciens tortionnaires défilent maintenant devant le procureur...
Les anciens prisonniers , les anciens tortionnaires défilent devant le procureur…

Lors des interrogatoires des anciens prisonniers d’Auschwitz, la scénographique est innovante : rien du traditionnel face à face, mais des apartés visuels éloquents. Comme une révélation à jamais inscrite dans la mémoire. Pour la première fois, un pays allait poursuivre ses propres criminels.

LES SUPPLEMENTS

  • Entretien avec le réalisateur (13 mn). « Moitié allemand, moitié italien, ma part italienne a beaucoup compté pour faire ce film (…) une histoire qui n’avait jamais été racontée ».

Procurer une expérience émotionnelle intense dans un film de fiction : « le thème nous imposait une rigueur historique, nous avons pris des libertés uniquement sur le personnage du jeune procureur ». Giulio Ricciarelli  évoque aussi  la difficulté de mettre en place ce procès, (des magistrats ridiculisés, des menaces, …)

  • Entretien avec Gerhard Wiese, ancien procureur (16 mn).Apporter la preuve concrète, «  c’était le plus difficile, mais pour nous, quiconque s’y trouvait faisait partie des rouages, vu la grandeur du camp. Alors comment les évaluer séparément ? ». Un raisonnement que la cour de cassation n’a pas suivi. Sans preuve, disait-elle  c’est l’acquittement.
  • Alexander Fehling interprète Johann Radmann

    G.Wiese aura travaillé près de cinq ans sur son dossier et reconnaît volontiers que lorsque l’on « s’attèle aussi longtemps à une procédure aussi particulière, c’est la routine qui s’installe, on est content le soir de retrouver le monde, le métro, la famille ».

    « Dans le film, on ne voit pas Radman comme il était vraiment » dit-il en évoquant la personnalité de ce jeune procureur qui mettra le feu aux poudres. « Mais le film doit s’adresser au grand public, ce qu’il fait très bien en soulignant la problématique de l’époque ».

Alexander Fehling (Rolle: Johann Radmann)

  • Le procès d’Auschwitz (45 mn). Un documentaire qui évoque très bien la question de l’Histoire avec notamment le rappel historique des faits, une conférence de presse de Fritz Bauer, le procureur, la traque des assassins d’Auschwitz, les preuves qu’il a fallu rassembler et le procès lui-même à travers le témoignage de plusieurs participants.

Le procès n’a pas été filmé, mais enregistré.  Devant son retentissement, il  faudra changer de salle.Tous les accusés nient avoir participé aux massacres des prisonniers dans les camps. Robert Mulka, le N°2 dit ne pas savoir ce qu’il y avait dans les camions qui rentraient sans cesse dans son propre camp.

Le témoignage des survivants qui font le déplacement, parfois venant de très loin se heurte à la manière dont  les accusés ont vécu très confortablement après la guerre, assureur, pharmacien, d’honnêtes citoyens…

Le vrai procureur reconnait qu'il avait hâte de retrouver la vie de famille...
Le vrai procureur reconnait qu’il avait hâte de retrouver la vie de famille…

Les photos d’archives des camps appuient ces témoignages et  l’histoire des hommes qui y sont morts. Quand le kapo était de bonne humeur raconte un rescapé il nous disait :  « les enfants mettez-vous dans la chambre à gaz, au chaud, il n’y a personne ».

  • Les bourreaux et les victimes (26 mn). Ce document extrait de l’émission TV «  Cinq colonnes à la une » interroge les témoins, procureurs, anciens détenus sur la signification d’un procès et l’Histoire qui se déroule depuis la fin de la guerre. Une femme dira qu’elle aurait préféré ne pas revenir des camps «  la souffrance même injuste c’est comme un poison, de corps et d’âme ».

« Voir gâcher du pain, m’est devenu insupportable », relève un homme qui avait 15 ans quand il était emprisonné.

« C’est une expérience en soi, je ne dis pas qu’il faut la tenter, mais on ne se connait pas vraiment ». Un extrait du témoignage assez surprenant mais sincère d’un cafetier de l’époque qui après les camps a repris son commerce avec une certaine philosophie de la vie peu commune dans de telles circonstances

Meilleur dvd Octobre 2015 ( 3 ème ) L’Allemagne a découvert la réalité des camps de concentration tardivement .Ceux qui savaient se taisaient. Thomas Gnielka, le journaliste à l’origine des premières révélations, découvre avec effarement l’amnésie de ses concitoyens . Le peu d’empressement de la justice de son pays pour poursuivre les criminels le révolte encore plus, jusqu’à ce que Radmann s’intéresse au dossier. Un jeune procureur qui en la matière avoue son incompétence . L’ambiance à l’époque n’est pas au grand déballage. Au cours de ses investigations, la  chape de plomb qui recouvre l'existence des chambres à gaz, se renforce.…

Review Overview

Le film
Les bonus

15 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, beaucoup d’allemands ignorent encore l’existence des camps de concentration. Beaucoup aussi se taisent. Deux obstacles qu’un jeune procureur entend soulever pour dire au monde la vérité. Cette histoire vraie qui conduira au procès d’Auschwitz reprend ici ses droits et son devoir de mémoire au sein d’une œuvre formellement classique, mais si prenante qu’il ne faut pas tergiverser. Ce que fait le réalisateur allemand, et d’origine italienne Giulio Ricciarelli , reprenant avec son héros, le jeune procureur Radmann, l’investigation nécessaire à la vérité. Un procureur encore bien fragile face à la chape de plomb posée sur cette période. La traque du Dr Mengele est à cet égard significatives. Réseau, complicité, tout un système s’active pour ne pas «  rouvrir les plaies. (… ) Chaque fils allemand doit-il se demander si son père est un assassin ? » interroge un ancien nazi. Le film fournit une réponse éloquente.

Avis bonus Rencontres avec le réalisateur et l'un des procureurs, documentaires sur les camps, les prisonniers et le fameux procès d'Auschwitz avec les témoins de l'époque, c'est du grand supplément ...

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