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« La saison des femmes » de Leena Yadav. Critique dvd

Synopsis: Inde, Etat du Gujarat, de nos jours. Dans un petit village, quatre femmes osent s'opposer aux hommes et aux traditions ancestrales qui les asservissent. Portées par leur amitié et leur désir de liberté, elles affrontent leurs démons, et rêvent d'amour et d'ailleurs.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "La saison des femmes - DVD"
De : Leena Yadav
Avec : Tannishtha Chatterjee, Radhika Apte, Surveen Chawla, Lehar Khan, Riddhi Sen
Sortie le : 20 septemb 2016
Distribution : Pyramide Vidéo
Durée : 109 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Les jeunes s’opposent aux anciens, les hommes aux femmes.On vit ainsi depuis des siècles dans ce petit village hindou. Une question de culture et de traditions dont la remise en cause n’est pas envisageable. Au pouvoir patriarcal, les femmes se soumettent, bon gré, mal gré, reproduisant même parfois des avanies semblables à celles de leurs aînées.

Veuve depuis une quinzaine d’années, Rani , contraint ainsi son fils  à épouser une jeune fille d’un village voisin Janaki . L’étrangère se plie à cette coutume qu’elle sait être le début d’un long chemin de souffrance. Car sa belle-mère ne réalise pas encore en effet qu’elle est maintenant  à l’image de ceux qui l’ont aussi maltraitée.

Elle assume simplement son existence à laquelle se mêle joyeusement  une amitié indéfectible. Celle de Lajjo (Radhika Apte) qui danse et se prostitue chaque soir sous sa tente. Et Bijli (Surveen Chawla) une jeune femme maltraitée par son mari ivrogne qui lui reproche sa stérilité. Le portrait est encore peu reluisant, mais le sourire des trois femmes presque éternel est salvateur. Elles rêvent du grand amour et de liberté offrant un peu plus chaque jour à la face de leur monde machiste le sourire conquérant d’une émancipation certaine.

Une petite entreprise artisanale permet aux femmes d'acquérir une vie sociale qui n'est pas vraiment encore courante dans le village
Une petite entreprise artisanale permet aux femmes d’acquérir une vie sociale qui n’est pas vraiment encore bien admis dans le village

Le sexe, Rani, Lajjo et Bijli en parlent beaucoup . Elles forment un triumvirat triomphant vers des idées qui se plaisent à contredire l’histoire de leurs ancêtres. Un couple du village l’a déjà marqué à travers la création d’une entreprise artisanale de confection de jupes. Un courant novateur pour une indépendance féminine qui n’est pas forcément du goût de tous les villageois. Ici les hommes sont le plus souvent minables, tout en gueule et en façade, contre l’énergie et la frénésie vitales de leurs compagnes.

Ce qui se traduit par une solidarité à toute épreuve et sauvera nos trois héroïnes, et la jeune épouse, emportées par la volupté des danses et des chants qui rythment leurs ébats. Un combat enjoué, un film salvateur.

LES SUPPLEMENTS

  • Entretien avec Leena Yadav (23 mn). C’est en quelque sorte les dessous de la réalisation que nous raconte la cinéaste qui aura ainsi beaucoup de mal à trouver des villageois acceptant que l’on tourne chez eux. «  Si ce sont des femmes comme vous qui viennent, on ne veut pas. Ils étaient souvent jeunes » poursuit Leena Yadav, qui explique ce comportement du fait de leur fréquentation des villes. «  Ils savent comment ça se passe et ne voulaient pas comme ils disent donner des idées à leurs femmes ».

Elle explique aussi ses choix dans le casting, la difficulté pour trouver le rôle de la jeune épouse «  plusieurs candidates refusant de se faire couper les cheveux ». (Lehar Khan, photo ci-dessus )

Côté financement, ce sera la galère, les studios, les producteurs baissant les bras devant le fait qu’il n’y avait pas de stars, et que c’était un film sur les femmes. «  Mon mari m’a alors dit de faire le film que je voulais, et qu’il allait s’occuper de trouver l’argent. Il est ainsi passé de chef opérateur à producteur. Et il a trouvé des financements privés, des gens qui voulaient que ce film soit vu à travers le monde entier ».

  • Entretien avec l’équipe du film (11.30 mn). Trois techniciens américains pour la première fois sur un film indien : les commentaires ne manquent pas d’intérêt comme ceux de Russell Carpenter, le directeur de la photographie de « Titanic ». «  Chez nous il y a des règles tacites qui nous imposent de ne pas trop sortir du rang. En Inde, vous quittez l’aéroport, c’est le chaos, ça part dans tous les sens, c’était déstabilisant ». Il retient néanmoins comment faire du feu avec un fil à linge et des bouts de tissu « le résultat était plus satisfaisant que toutes les inventions électroniques américaines ».
Rani comprendra que sa liberté passe aussi par celle de ses congénères
Rani ( Tannishtha Chatterie ) comprend peu à peu que sa liberté passe aussi par celle de ses congénères
  • Making of (9 mn). Sur plusieurs scènes de tournage, des comédiens illustrent leur travail et le ressenti de leur rôle. La seconde partie de ce making of est consacrée au tournage de la séquence « Kachua », chanson importante du film. «  On a opté pour l’esthétique des westerns » relève le chorégraphe Ashley Lobo « que ce soit cru, pas raffiné. J’espère qu’on le ressent dans la façon dont c’est filmé ».

 

Les jeunes s’opposent aux anciens, les hommes aux femmes.On vit ainsi depuis des siècles dans ce petit village hindou. Une question de culture et de traditions dont la remise en cause n’est pas envisageable. Au pouvoir patriarcal, les femmes se soumettent, bon gré, mal gré, reproduisant même parfois des avanies semblables à celles de leurs aînées. Veuve depuis une quinzaine d’années, Rani , contraint ainsi son fils  à épouser une jeune fille d’un village voisin Janaki . L’étrangère se plie à cette coutume qu’elle sait être le début d’un long chemin de souffrance. Car sa belle-mère ne réalise pas encore en…
Le film
Les bonus

Si  la condition féminine à travers le monde ne manque pas de support cinématographique, ce film en évoque le sort de manière assez différente me semble-t-il, en prenant pour témoin un scénario qui jamais ne s’apitoie ou dénonce. Il met en œuvre des situations, des tempéraments, des vérités ancestrales dont la conjugaison donne un temps présent bien réel, vivant, dynamité par trois femmes dont l’amitié complice va réunir assez de forces pour faire face au monde machiste et assurer leur émancipation. La réalisatrice porte ainsi un courant novateur dans le cinéma indien qui ne manque semble-t-il pas de talent parmi des comédiennes qui ici assument un discours en le propageant joyeusement, fraternellement. Leur combat est enjoué, le film salvateur.

Avis bonus Un entretien très enrichissant avec la réalisatrice, le point de vue des techniciens américain et un making of  vivant, le bonheur d’un film qui n’en finit pas

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