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« Et les mistrals gagnants » de Anne-Dauphine Julliand. Critique Blu-ray

Camille, un bout d'chou incroyablement vivant

Synopsis: Ambre, Camille, Charles, Imad et Tugdual ont entre six et neuf ans. Ils vivent dans l’instant. Avec humour et l'optimisme de l’enfance, ils nous prennent par la main, nous entraînent dans leur monde et nous font partager leurs jeux, leurs joies, leurs rires, leurs rêves, leur maladie.  Avec beaucoup de sérénité et d’amour ces cinq petits bouts d’Homme nous montrent le chemin du bonheur. 

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Et les Mistrals Gagnants "
De : Anne-Dauphine Julliand
Avec : Ambre, Camille, Charles, Imad et Tugdual
Sortie le : 02 novemb 2017
Distribution : TF1 Vidéo
Durée : 79 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le documentaire
Le bonus

Meilleur dvd Novembre 2017 ( 3 ème )

Je me demande encore comment la caméra réussit à les suivre. Haut comme trois pommes, des tuyaux dans le nez, une démarche mal assurée et une course poursuite dans les couloirs de l’hôpital où résonne le rire du gamin. Il se carapate comme un lapin.

Je crois qu’il s’agit de Charles, j’ai un peu perdu le fil des prénoms au fil de ces rencontres étonnantes, avec ces enfants malades qui ne le montrent pas, qui vivent avec et s’en accommodent.

Une leçon de vie tout simplement.

Une énergie de tous les instants, « même quand les yeux se ferment un peu tout seul » peine à dire Imad emporté par un sommeil matinal. Comme Ambre, Camille, Charles, et Tugdual, il nous raconte son histoire, sa maladie, sa bouche « comme une aile de papillon, fragile comme du papier crépon ».

Une pause pour la réalisatrice lors du tournage de son documentaire

Il comprend quand le médecin lui explique la dialyse, l’attente d’un rein, et reprend mot pour mot ses paroles devant la caméra qui ne le lâche pas. Une caméra à hauteur de petit d’homme comme l’exigeait la romancière devenue réalisatrice. Une néophyte en la matière, mais une maman très concernée. Au fil de ses rendez-vous dans les hôpitaux, de ses rencontres avec les familles touchées par la maladie de leurs enfants, Anne-Dauphine Julliand a saisi la chance que lui offrait sa douleur. « J’ai compris à quel point leur vision de la vie changeait positivement la nôtre. J’ai eu envie de le raconter, de le montrer, de manière incontestable : avec des mots et des regards d’enfants. »

Une évidence qui nous aurait échappé sans la vitalité de Camille, Charles, Imad, Tugdual et Ambre. Sans leur énergie, leur sourire et même leur découragement parfois quand le mal remonte à la surface. « Quand on est malade ça n’empêche pas d’être heureux, je pense que rien n’empêche d’être heureux » dit Charles en visitant son potager. Comme un partage évident d’un bout de son existence, de son paradis protégé par des parents omni présents.

Leurs paroles en contre point n’ont rien d’éloquentes, rien que de l’amour et beaucoup de patience, autour d’une chimio, dans l’attente d’une greffe. Malgré son implication, Anne-Dauphine Julliand demeure à distance. La bonne distance. Rien que de l’amour.

LES SUPPLEMENTS

  • Interview d’Imad par Thierry Demaizière (9 mn) . Le gamin raconte sa maladie, son cœur à droite… Il a les organes inversés.

Le gouvernement algérien a pris en charge son hospitalisation en France. « Ca fait deux ans que j’ai pas fait pipi, mon rein il peut plus fonctionner, ils vont m’ouvrir le ventre et après ils vont m’emballer ».Imad parle du monde de l’hôpital où il fait « la fête ». Une sonde dans le nez, des yeux qui n’en finissent pas de scruter « son » monde, Imad est attachant, craquant, c’est une bulle d’air en suspension. Fragile

  • L’interview de Anne-Dauphine Julliand. « J’ai eu envie de faire un film sur quelque chose que je connaissais bien. (…) Très vite un producteur à mes côtés m’a bien facilité la tâche » dit cette maman qui apprend ainsi sur le terrain la conduite d’un tournage de film où la production participative facilitera également son travail.

« Ne rien connaître à ce métier m’a laissé les portes ouvertes. (…) Ma seule compétence était celle de mère d’enfant malade ».

La réalisatrice en compagnie de Charles qui suit le cadre avec pertinence

La rencontre avec les enfants ? « Elle s’est faite toujours au dernier moment, un par un, sur la confiance des personnels soignants qui les connaissaient bien. (…) Les enfants ont une conception de la vie très instinctive, ils aiment la vie en toute circonstance. Une capacité de vivre juste l’instant présent et quand on dit l’instant présent on est débarrassé de plein de soucis ». « Le pathos, la pudeur, le voyeurisme, une frontière délicate, une ligne de crête, il nous fallait trouver la juste proximité, comme si les enfants nous prenaient par la main, c’était la bonne distance ».

Mais Anne-Dauphine Julliand a eu des réticences, des pudeurs, dont un moment intime dans la vie de Charles, son bain avec des interventions très particulières du personnel soignant. « Je ne me voyais pas entrer avec lui dans cet instant » confie la réalisatrice encore surprise par la réaction de l’enfant.

« Si tu ne viens pas filmer le bain, tu ne filmes rien de ma vie » lui a-t-il-dit. « Il m’a obligé à être dans la vérité ».

 

Meilleur dvd Novembre 2017 ( 3 ème ) Je me demande encore comment la caméra réussit à les suivre. Haut comme trois pommes, des tuyaux dans le nez, une démarche mal assurée et une course poursuite dans les couloirs de l’hôpital où résonne le rire du gamin. Il se carapate comme un lapin. Je crois qu’il s’agit de Charles, j’ai un peu perdu le fil des prénoms au fil de ces rencontres étonnantes, avec ces enfants malades qui ne le montrent pas, qui vivent avec et s’en accommodent. Une leçon de vie tout simplement. Une énergie de tous les instants,…
Le documentaire
Le bonus

Je ne sais pas trop quelle leçon nous donnent ces enfants malades dès leur plus jeune âge. D’ailleurs, du haut de leurs trois pommes, ils n’entendent pas nous soumettre à une quelconque révision de nos principes et préjugés. Ils vivent simplement leur instant présent, en profitent pleinement et avec l’énergie d’un espoir naturel, assument leur quotidien hospitalier. Ils sont drôles, sérieux, émouvants, complices avec un entourage aussi protecteur que bienveillant à l’égard d’un monde qu’ils ont érigé pour eux et pour tous les autres dont nous faisons maintenant partie. Ils nous tendent autant la main qu’ils ont besoin de notre soutien, c’est l’une des leçons (en voilà une) que l’on peut retirer de cet extraordinaire documentaire réalisé par une maman ( avant la romancière ) qui il y a encore quelques années ne connaissait rien au cinéma. La rencontrer à travers ce témoignage sans emphase est l’autre réussite du moment. AVIS BONUS Une interview très éclairante de la réalisatrice

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