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Y a-t-il un Grand Prix dans la salle ?

  • Au festival du film policier de Beaune, il reste deux titres en compétition. Pour l’attribution du Grand Prix, actuellement, aucun film ne se distingue véritablement. Pour moi  » Ma part d’ombre » tient toujours la corde, mais de là à en faire un vainqueur…

David Cronenberg et Viggo Mortensen sur la même scène d’un festival. C’était hier soir à Beaune où le réalisateur et le comédien présentaient « Les promesses de l’ombre », avant de lancer quelques heures plus tard la projection de «  A history of violence ».

Un moment inoubliable pour les festivaliers qui avaient réussi à se faufiler dans les petites salles consacrées à l’événement. Mais il y eut beaucoup de déçus.

L’infrastructure cinématographique de la ville n’est pas à la hauteur des ambitions de ce rendez-vous international qui s’y déroule depuis maintenant dix ans.

Viggo Mortensen, David Cronenberg, deux spectateurs assidus (Photo Lheuredelasortie)

Aussi parfois les places sont chères et se comptent au spectateur près. Même si les films sont souvent projetés les jours suivants à des heures différentes dans d’autres salles. C’était encore le cas pour «  Piercing » l’un des films en compétition signé Nicolas Pesce. Un réalisateur très futé.

Dès le générique, il nous fait part de l’existence des codes du film noir. Dont le regard ténébreux du tueur qui sous les traits de Christopher Abbott figure tout à fait le personnage auquel on peut s’attendre. Son envie de tuer est inexorable. Une fois apaiséepar sa femme pour un geste que je ne peux révéler, le voici en quête de sa victime.

Reed n’est pas très sur de lui et s’inquiète du moindre détail.

Aussi répète-t-il les gestes et simule le meurtre avec le fond sonore de circonstance. Une scie acérée à souhait et une excellente idée de mise en scène. Une fois dans la place, la poule de luxe convoquée remarque très vite que pour la soirée SM espérée, le jeune coq lui parait bien poussin. Mia Wasikowska, quand même à qui on ne le fait pas !

La machine alors se détracte et le carnage commence. Une effroyable boucherie doublée de références gores que plus d’un spectateur contestera. Je n’ai pas quitté mon siège, mais le tableau à la Bacon en images fondatrices de violences surexposées m’a complètement chamboulé. Malgré les apparences, le ton se voulait pourtant léger. Et seule la fin pouvait alors justifier un tel comportement. Les spectateurs quittent la salle en riant. Ceux qui ont abandonné ne comprennent toujours pas !

  • La Mémoire Assassine

Won Shin-Yun est un habitué du box-office coréen. Sa filmographie est couronnée de succès et nul doute que ce nouvel opus complétera la panoplie. « La mémoire assassine » a tous les ressorts psychologiques et intrigants pour mettre en émoi le spectateur avide d’un bon film policier.

Je l’ai simplement trouvé long et répétitif, dans l’esprit de son héros Byung-su qui depuis 17 ans n’a plus commis un seul crime. Il était alors tueur en série.  Après un accident de voiture, il souffre de lésions irréversibles. Démence vasculaire diagnostiquent les médecins. Alzheimer, pour faire  simple.

Dans un de ses rares moments de lucidité, Byung-su entend à la télévision qu’un tueur en série agit dans la région. Panique chez le vieil homme. Et si c’était lui ?

Sur un tel canevas, on imagine les digressions pour un cinéaste avisé. Won Shin-Yun ne s’en prive pas. Notre héros rencontre fortuitement un suspect possible.  Il ne va pas le lâcher.

Mais l’ancien tueur en série, presque sénile se fait balader comme un novice par son alter-ego. Il est beaucoup plus jeune, plus athlétique et surtout irréprochable socialement aux yeux de la société et des policiers que le vieil homme côtoie régulièrement. Quand il perd la raison, on le ramène à la maison. Mais son opinion  ne les intéresse pas.

Personne ne veut l’entendre. Surtout pas sa fille, aux petits soins pour son papa. Mais quand elle fait elle aussi la connaissance de ce jeune homme si parfait, l’idylle devient cruelle. Un autre mal le ronge alors et va miner le reste de sa vie.

Un duel à distance s’engage, le jeu du chat et de la souris que le jeune homme orchestre diaboliquement, certain de son charme, de ses pouvoirs et d’une impunité totale. Comme peut l’imaginer le cinéaste confiant dans ce scénario si habilement construit qu’il en devient lui aussi obsessionnel.

Des scènes se répètent ou répètent ce que l’on sait déjà. Une insistance scénique préjudiciable à une histoire dont le final est digne de la réputation des films coréens. Un moindre mal.

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