Synopsis: Alors qu'un soldat allemand s'apprête à l'abattre, Silvio Magnozzi, rédacteur d'un journal clandestin, est sauvé par Elena. A la fin de la guerre, ils s'installent à Rome. Les activités radicales de Silvio ne leur facilitent pas la vie et lasse de la misère, Elena le quitte. A bout de force il accepte d'être le secrétaire d'un homme d'affaires qui ne cesse de l'humilier
La fiche du film
Le film
Prix David spécial, Prix David di Donatello du meilleur producteur
Deux ans après Ettore Scola, Dino Risi reprend le cours de l’Histoire de l’Italie, à la fin de la seconde guerre mondiale . Son héros Silvio, issu de la résistance ressemble beaucoup au Nicola de « Nous nous sommes tant aimés ». (1974)
Également journaliste « crève-la-faim » il refuse lui aussi tout compromis et surtout toute corruption au nom d’un idéal social et politique qui heurte l’opulence des trop-nourris et des arrivistes.
Chaque escarmouche avec les puissants, les nantis, le mène un peu plus bas sur l’échelle d’une société qui veut oublier l’histoire récente et ignore donc son passé de résistant.
Il a beau être aimé d’un amour fou par Elena qui l’avait sauvé de l’ennemi, Silvio (Alberto Sordi ) se drape dans une dignité mal cousue pour ses ambitions démesurées.
Et quand par hasard le couple, repoussé de tous les restaurants pour cause d’impayés, est invité à la table d’une famille de notables, c’est à nouveau la guerre. On attend le résultat des élections ( république ou monarchie ? ) mais Silvio ne peut à nouveau s’empêcher de fustiger le roi et sa lâcheté pendant le conflit.
C’est une scène très réussie, la marque affichée de la comédie italienne de l’époque où la fantaisie nappe tout le sérieux thématique que Risi aborde avec plus ou moins d’insistance: la corruption politique, le pouvoir religieux, l’exploitation ouvrière, la fuite des capitaux, l’avortement …
Des images d’archives accompagnent l’œuvre résolument engagée d’un cinéaste qui lui aussi jette un coup d’œil à ses confrères. Pour financer son scénario, Silvio se rend à Cinecittà et discute avec Vittorio Gassman ( eh oui, « Nous nous sommes tant aimés » ) et le réalisateur Alessandro Blasetti.
L’envers d’un décor que le héros quitte à nouveau très vite pour retrouver les vicissitudes d’un quotidien qui le mine et détruit une petite famille à l’abandon. La séparation inévitable le révèle dans une position totalement détestable, minable, ridicule.
Dino Risi grossit le trait d’un portrait exécrable en renouvelant des scènes qui de l’humiliation aux scandales publiques achèvent la romance des débuts. Son unique sursaut d’orgueil peut-il le ramener à la raison ? Dans l’expectative, le réalisateur paraît bien pessimiste.
Le film
La bonne veine du cinéma italien qui dans les années soixante-dix n’en finit pas de remodeler le paysage transalpin en reprenant l’histoire de l’immédiate après-guerre. En évoquant plus ou moins consciemment le travail de Ettore Scola , Dino Risi met sa fantaisie au service d’un engagement sans faille représenté par son personnage principal, un cœur pur qui à la compromission, la corruption, préfère garder son idéal social envers le peuple. L’insistance du cinéaste à grossir le trait de son héros affaiblit quelque peu la charge sans occulter l’énergie scénographique d’un constat cinématographique qui aujourd’hui fait encore école. Alberto Sordi , comme un poisson dans l’eau a bien du mal à contenir la belle Lea Massari, grande et superbe dans cette posture de la femme aimante,